Les carnets d'Emile sont les souvenirs de mes aïeux, métayers dans le Lauragais, qui consignaient chaque jour le labeur familial sur un journal de bord. Nous sommes en 1951 au coeur de l'Occitanie.
Je recueille aussi la mémoire des traditions, des méthodes de travail, du quotidien au fil des saisons grâce à des documents authentiques (blog participatif)
contact : lauragais@lescarnetsdemile.fr
Avons monté une charrette de fourrage 1ère coupe sur la grange. Le soir continué à tailler la vigne et j'ai commencé à labourer et Fin t Yves ont continué à passer herse et rouleau au genevrier
Le matin avons charrié des sarments et avons continué à tailler la vigne et j'ai lié et ramassé 52 fagits de sarments. Paulette et Yves ont continué à passer herse et rouleau au blé de genivre. Ma belle-mère est venue nous inviter pour tuer le cochon.
Avons charrié avec le traîneau les ?? au pré
Camille Paulette et Huguette sont allés aider à tuer les cochon à Roou. Camille Puget est venu les chercher avec la camionnette.
Froid - Camille et Paulette sont allés à Castelnaudray à la clinique voir Mimi à la clinique. Le soir avons fait de la farine. Moi j'ai ramassé du terreau et commencé à travailler les asperges.
Vent marin soleil très chaud le soir et un petit orage avec pluie à la nuit.
Avons jeté 750 kg d'ammonitre au blé du genivre. Le soir j'ai passé herse et canadienne pour les pommes de terre sur la jardin. Eux ont comblé des trous à la vigne.
Carnaval
Vent marin assez froid. Avons continué à faire des trous à la vigne. Mr Pierre est arrivé. Marie ma soeur Robert et Richard sont venus nous voir après dîner.
Rafales de pluie dans la nuit - Vent d'ouest
Avons continué à arracher des souches sauvages et fait des trous pour remplacer les manquants de la vigne. Le matin sommes allés à la foire de Montmaur. Rose d'Estèbe et Camille Puget sont venus souper pour aller au bal à Montmaur.
Vent marin froid - Le matin avons charrié un peuplier qui était tombé dans le champ d'Andialles. Le soir avons commencé de faire des trous à la vigne pour remplacer les souches sauvages et mortes. Paulette est allée aider à faire la saucisse en Touzet.
Dans les baux de métayage, une partie était consacrée au bois des exploitations dont les métayers ne pouvait jouir à leur guise. Il était important que la propriété soit entretenue que les arbres ne soit ni dangereux, ni un obstacle aux culture.
Voici l'exemple d'un article issu d'un bail :
Peupliers, chênes, sapins étaient utilisés comme bois de charpentes des maisons.
"On disait souvent « Casse dreit pibol cochat » (Chêne debout Peuplier couché) règle incontournable, pratiquée par les charpentiers.
Le bois était très utilisé et travaillé dans les fermes pour équiper les étables : les bat-flancs, les mangeoires en chêne ou construire des cabanes pour loger la basse-cour. L’hiver on fabriquait des outils agraires : des rouleaux, des herses, etc.. Les masses, les mals pour fendre le bois
On creusait des mangeoires dans des troncs d’arbres. J’ai vu mon grand-père avec le vilebrequin, la gouge, la masse en bois et la hachette. On fabriquait aussi des passerelles pour traverser les ruisseaux et bien-sûr, des échelles de toutes longueurs. J’en oublie sûrement…"précise Aimé Boyer
Le bois de chauffage
C'était l'unique moyen de chauffage grâce aux cheminées qui trônaient dans la pièce principale des métairies. Selon les contrats, le propriétaire avait l’exclusivité de la parcelle de bois, le métayer avait les baliveaux, les buissons utilisés pour construire les clapiers et la moitié des branches quand le propriétaire vendait la coupe et qu’il fallait après cela nettoyer la parcelle.
"Tous les arbres des limites des champs étaient tolérés pour le métayer. Tout au long de l'année, on veillait en effet à ce que ces arbres n'aient pas de branches basses sur leurs troncs afin d'aérer les cultures et aussi laisser grossir le bois de tête qu'il fallait élaguer, émonder dans un système de rotation annuel que dictait le bon sens." On avait aussi la possibilité de prendre à couper à mi-fruit une parcelle de bois d'un propriétaire voisin", ajoute encore Aimé.
L'élagage
Il poursuit : "Avec une échelle de bois et la hachette, il m’est difficile de décrire la méthode de taille, ni même je ne pourrais pas vous le montrer. Vous dire qu’une fois finie, l’entaille faite avec la hachette était lisse et permettait une cicatrisation rapide de la taille (Contrairement à la scie, ou la tronçonneuse)
Il fallait faire attention de ne pas laisser des crochets, des bouts qui dépassaient sinon les voisins ne manquaient pas de nous demander en riant si c’était pour pendre les jambons"
Anecdote
" A mon retour du régiment, après avoir salué ma mère avec des pleurs de joie. Je suis allé rejoindre mon père qui élaguait des trembles au fond du pré. Après la joie des retrouvailles, en remontant a la maison, je lui ai dit que l'après-midi, je viendrais l’aider. Il a souri.
Et après une petite sieste, j’ai pris mon échelle, ma hachette.Tape- ci, tape-là, mes bras se sont rapidement ankylosés.J’ai compris, pourquoi mon père avait souri : j'avais perdu l'endurance et la force nécessaires."
Merci à Aimé Boyer pour son témoignage précieux.
Si vous avez vous-aussi des souvenirs liés à ces travaux du bois, n'hésitez pas à me les adresser. Nous les publierons ici. Vous pouvez m'écrire à lauragais@lescarnetsdemile.fr
Pour retrouver facilement ces posts et les voir dans leur ensemble vous pourrez cliquer sur la nouvelle catégorie du blog : Lauragais agricole d'autrefois ou sur l'onglet en haut de page. Ils seront également écrits en bleu pour les distinguer des posts du quotidien de la vie d'Emile
Suis allé aider à tuer les cochons en Touzeet un a pesé 260 kg et l'autre 125. Camille est allé empocher l'avoine au château et le soir ils ont coupé du bois au bord du pré de la Ginelle.