Les carnets d'Emile sont les souvenirs de mes aïeux, métayers dans le Lauragais, qui consignaient chaque jour le labeur familial sur un journal de bord. Nous sommes en 1951 au coeur de l'Occitanie.
Je recueille aussi la mémoire des traditions, des méthodes de travail, du quotidien au fil des saisons grâce à des documents authentiques (blog participatif)
contact : lauragais@lescarnetsdemile.fr
Gelée vent marin - Avons fini de semer le maïs le champ des aygalots et la moitié derrière la maison et le champ du grand bois dit des artichauts. Le soir j'ai semé les haricots. Etienne Mandou est venu chercher 66 balles de paille de pommelle 2864 kg.
Petites rafales de pluie. J'ai commencé à semer le maïs au champ des aygalots. Gaston Lanegrasse est venu chercher les cochons. 6 ont pesé 165 kg 82500 notre part moins 15 k que nous lui avons payé sur une truie que nous avons gardée. reste 67 Kg 500 grammes à 315 francs Reçu 21 262 francs
Yves Fauré est parti aujourd'hui au régiment 14e à Toulouse.
Vent matin froid. - Avons fini de labourer la jeune vigne. Le soir Camille est allé chercher le semoir du maïs au Tivoli et j'ai commencé à semer du maïs au champ des artichauts. Camille Puget est venu nous voir il par ce soir pour le service militaire dans l'Ain au camp de Thol.
Nous avons beaucoup évoqué ici le bail à colonat paritaire autrement dit le contrat de métayage. Il était assez répandu dans le Lauragais même si son déclin s'est enclenché dès le XIXe siècle.
En voici aujourd'hui un nouvel exemple concernant une borde d'une trentaine d'hectares, le bail est daté du 1er novembre 1953. C'est le bail d'Emile que nous avons enfin retrouvé.
Rédigé à la main, on en connaissait déjà l'inventaire qui est mentionné dans l'article 1 et que nous avions analysé il y a quelques temps déjà (voir articlesici etlà).
La loi du 13 avril 1946 ignorée ?
On peut s'interroger à sa lecture sur la portée de la loi du 13 avril 1946 concernant le statut du fermage et du métayage. Cette loi semble ici ignorée puisqu'elle stipule que le propriétaire peut au maximum prétendre à 1/3 des récoltes. Or il est bien stipulé qu'on est ici sur un bail à mi-fruit soit 50 %.
Cette loi déclencha tout de même un certain nombre de réactions hostiles dans un certain nombre d'endroits : les propriétaires renâclant à l'appliquer quand les métayers la réclamaient.
Certains métayers y renoncèrent pourtant face à la perspective d'investissements moindres de la part du propriétaire sur l'exploitation s'ils ne recevaient qu'un tiers des produits. La productivité aurait pu s'en ressentir rapidement, jugeaient-ils.
Dans notre cas même la durée de 9 ans du bail établie par la loi n'est pas mentionnée, le contrat étant résiliable avant le 1er mai de chaque année courante (article 15). cela n'est pas arrivé, Emile a travaillé cette borde jusqu'à sa retraite en 1989, 36 années durant.
Les terres, le bois et les rentes en volailles et services
Outre les terres que le contrat borne dans leur utilisation (assolement, fertilisation, stockage du grain...), des articles sont consacrés à l'entretien de la propriété (bois, chemins...).
Sont également fixés les rentes en volailles (30 réparties dans l'année), les animaux de la ferme (à l'exclusion des poules) mais aussi les préparations en salaisons et enfin l'aide qu'apporteront "les femmes" contre rémunération concernant les lessives de la famille du propriétaire.
Ce contrat envisage donc précisément tous les aspects qui régulent la vie des preneurs et des relations avec le bailleur.
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Beau temps - Elie et Anna Puget et Camille Jean-Marie sa femme Mimi et son fils Roger sont venus dîner. Suis allé à Tivoli régler avec Gaston la dépense du tracteur
Le matin avons fini de passer le canadien pour le maïs. Le soir j'ai mis des pieds neufs à la meule à aiguiser. Fine est allée à Villefranche voir le médecin pour le mal d'oreille.
Vent marin moins fort et chaud - Avons continué à passer le canadien pour le maïs au champ des artichauts. Camille et Paulette sont allés à Villefranche vendre des pigeons à 400 frs la paire.
Claude Bouche est un passionné de photographie et d'entomologie. Il arrête son objectif sur les insectes qu'il croise dans le Lauragais et notamment les papillons.
Nous vous proposons d'en découvrir quelques-uns au fil de billets postés ici.
Un grand merci à Claude pour le partage de son travail avec les lecteurs des Carnets d'Emile.
A bientôt pour la découverte d'un nouveau papillon
Merci de ne pas utiliser ces photographie sans autorisation de leur auteur.
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Le matin avons continué à préparer pour le maïs. Avons fini avec le tracteur au champ des artichauts à midi. Le soir avons continué avec les boeufs et fini la 2e fois au champ des aygalots
Pour qualifier les petits et gros défauts du genre humain, nos ancêtres ne manquaient pas d'une certaine imagination. Ils procédaient souvent par comparaison en convoquant pour cela la botanique ou la zoologie. Ces locutions occitanes dont certaines survivent encore dans nos conversations sont souvent très drôles.
Petit florilège du jour...
Es amistos(a) coma una caucida.
Il/elle est aimable comme un chardon d'âne.
Es aimable coma un braçat d'ortigas.
Il/elle est aimable comme une brassée d'orties
Es aissable coma una mosca d'ase.
Il/elle est pénible comme un taon.
Es marrit (marrida) coma un pesolh
Il/elle est méchant(e) comme un pou
Copa pas las dents a las granhotas
Il/elle ne casse pas les dents aux grenouilles ( = pas très malin)
Es bavard(a) coma una abelha sus una peta
Il/elle est orgueilleux comme une abeille sur une crotte.
Es bavard(a) coma un ase qu'estrena una brida
Il/elle est orgueilleux comme un âne qui étrenne une bride
D'autres à suivre bientôt... et n'hésitez pas à m'adresser les vôtres par mail pour compléter le post : lauragais@lescarnetsdemile.fr
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Grâce à une reconstitution faite par Aimé Boyer, nous allons aujourd’hui passer en revue quelques pièces d’attelage autour du joug. De l’occitan au français et du français à l’occitan
le surjoug (sebrejo) : Le surjoug, placé au centre sur le joug (jo), permettait de l'équilibrer, permettant aux bovins attelés de conserver une bonne position de travail. C'était aussi un objet décoratif qui exprimait le savoir-faire de son sculpteur. Il servait aussi à accrocher les tresegats, la redonda, et les trait (chaînes) mais aussi un bouquet de fleurs, pour des événements festifs et rares : Saint Roch, mariages etc...
Trescavilha : élément posé sur le timon permettant au joug de faire corps avec l’outil, et reculer charrette, rouleaux, tombereaux, faucheuse, fâneuse, râteau.
Pour attacher la charrue ou le brabant au joug qui permettait aux bœufs de les tirer, une pièce était essentielle le tresegat. Afin de mieux comprendre la fonction de cette pièce, commençons par la redonda, l'anneau le plus simple.
La redonda (prononcer redoundo) sert pour les outils qui roulent et principalement la charrette. Une cheville devant, une derrière, le tiradonétait bien tenu.
Le tresegatétait pour les outils tirés, les charrues... il y avait un peu plus de jeu.
La tresèga (de tressa, tresse) était un anneau de branches tordues ou de cuir, pendu à la cheville du joug et le tiradon y passait dedans : une cheville de chaque côté pour qu'il ne puisse pas avancer ni s'extraire de l'anneau. Le tresegat sert à la même chose mais est en fer.
Cheville timon : Posée dans un trou sur le timon devant le joug pour la traction avant
Cheville asta : élément pour atteler les charrues sarcleuses sans recul, non solidaire avec le Joug
Morial : élément posé sur le museau de l’animal l’empêchant d’attraper une bouché d’herbe ou autre branche qui aurait perturbé sa position de traction.
Moscals : filet tressé posé sur les yeux pour protéger le dépôt de mouches .
Julhas (juilles) : appareil pour lier, joindre, les animaux de traction, bœufs ou vaches avec le joug.
Trait (chaîne): Fixé au sebrejo (surjoug) pour tirer brabant , canadienne, herse, houe, décavailloneur.
Merci à Aimé Boyer pour le partage de son savoir et de son expérience et à Jean-Claude Rouzaud pour la photo des boeufs.
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