Aimé Boyer m'avait confié il y a quelques années ses souvenirs des battages. Je vous les propose à nouveau aujourd'hui.
"Je me souviens de ces journées de battage.
Le matériel classique du battage était constitué d’un tracteur, d’un batteur, d’une presse et d’un caifat (caisse à outils).
La presse était un engin tout en longueur qui récupérait la paille qui tombait du batteur.
Elle était poussée verticalement à l'intérieur par un engin qu’on appelait le cap d’ase (tête d’âne si on traduit littéralement) et tout de suite tassée par le piston qui la poussait horizontalement.
Il y avait la un mécanisme complexe, mais efficace. Utiliser cette presse pouvait mobiliser jusqu’à 5 personnes. Cette partie du travail n'était pas forcément pénible physiquement mais rendue difficile à cause de la poussière, on n'avait aucun répit. Il arrivait parfois que les enfants de la ferme soient employés à cette tâche. C'était mon cas lorsque j'avais 11 ou 12 ans et j'étais contrarié si quelqu'un occupait déjà ce poste. J'étais fier de pouvoir être utile et prendre part au travail.
L' homme qui s’occupait du matériel de battage était appelé le mécanicien. C'est lui qui envoyait sans hésitation dans la paille tassée l’aiguille, qui traversait de l'autre côté de la cage. L’aiguille était équipée d’une gorge de chaque côté qui permettait de passer le fil de fer.
Il y avait un préposé qui enfilait un fil de fer, adapté pour ce travail, et de l’autre côté, un autre repassait le fil dans la dernière aiguille engagée. Enfin un dernier, liait les deux extrémités des deux fils de fer nécessaires pour faire une balle rectangulaire.
A l’autre bout de la presse, munie d'une faux à main, une dernière personne séparait les balles.
Pendant la Guerre 39-45, il n'y avait plus du fil de fer. On achetait des rouleaux de câble au marché noir. Il fallait défaire ces câbles, les séparer pour récupérer des fils individuels : on obtenait des fil vrillés. Il fallait les tendre avec un appareil que nous avait fabriqué le forgeron.
A cette période de notre Histoire de France, le matériel de battage était parfois actionné par une Locomobile, chauffée au bois.
Tout ce matériel était déplacé d'une ferme à l'autre avec des boeufs en l'absence de tracteur. Parfois il y avait aussi des branchements électriques établis directement au pylône le plus proche avec des crochets fixés au bout de longs bambous, et branchés à un gros moteur électrique posé sur un chariot."
Je remercie Aimé pour ce formidable témoignage.
Merci à Michel Fontez pour les photos d'illustration.
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