Les carnets d'Emile sont les souvenirs de mes aïeux, métayers dans le Lauragais, qui consignaient chaque jour le labeur familial sur un journal de bord. Nous sommes en 1951 au coeur de l'Occitanie.
Je recueille aussi la mémoire des traditions, des méthodes de travail, du quotidien au fil des saisons grâce à des documents authentiques (blog participatif)
contact : lauragais@lescarnetsdemile.fr
Le matin avons ramassé le fourrage du fond du champ derrière la maison et celui de sous le vivier et coupé celui de sur le lotier. Le soir avons commencé à gerboyer la paumelle du champ du hangar six charrettes
Le matin avons ramassé le fourrage du champ du pailler et j'ai fini de pincer les vignes. Gaston Lanegrasse est venu chercher un sac de maïs. François de Bonifié est venu pour voir René Fauré pour le prendre gagé à Piquetalen.
Temps très chaud, orage de St Ferreol à quatre heures très peu de pluie
Avons continué à sulfater les vignes et à les tailler. Le matin coupé le fourrage sous le vivier. Euhène du château des Borrels vient de venir se faire tailler les cheveux.
Beau temps chaud - J'ai travaillé tout le jour à arranger et curer l'abreuvoir et coupé des buissons au ruisseau. Camille et Paulette et Huguette sont allés dîner à Roou. Claud Rey d'en Touzet de Montmaur a eu une fille aujourd'hui à onze heures.
Beau temps. Avons fait les passages au blé sous le petit bois et au haut du grand champ. Le soir j'ai soufré les vignes. Yves FAURE est venu en terme avons commencé d'abreuver au ruisseau
Sommes allés avec Fine à Villefranche Avons acheté 30 oisons à 2100 la paire = 31500f que nous avons payé à moitié avec le patron. Le soir avons moissonné le blé du ruisseau. Camille et rené sont allés chercher deux paires de boeufs à Vallègue chez Marty. Le matin le camion du chevillard est venu le chercher
Louis Bruno était agriculteur en Lauragais, fermier plus exactement. Retraité, il a consigné ses souvenirs dans des cahiers que sa famille a partagé avec nous. Pour le plaisir de relire ses mots savoureux, voici à nouveau cet article proposé il y a deux ans. Dans de précédents posts (ici etlà), nous avons découvert sa description des travaux de printemps. Aujourd'hui, nous nous intéresserons aux mois de mai été juin. On y voit les activités se diversifier, se multiplier mais aussi s’intensifier. Chacun dans la maisonnée a son rôle à jouer pour que l’exploitation familiale tourne à plein régime
Fin mai
C'est alors que commençaient les choses sérieuses, les interminables journées de 15 à 16 h de boulot car tandis que la fenaison battait son plein, ce sacré maïs, lui, avait levé et bien levé à tel point qu'il était prêt à biner, manuellement le dos en l'air, rang après rang et pied après pied le débarrassent des adventices indésirables tout en l'éclaircissant, ne laissant pousser qu'un nombre de plantes optimum disons environ 4 pieds par mètre linéaire."
Juin : un mois d’activités harassantes et intensives
IL fallait donc mener de concert sarclage de maïs et rentrée des foins entravée souvent par les orages et le manque de soleil. Il s'ensuivait une longue série de besognes : coupes, râtelage, secouage, retournage bouquets, mise en tas pour enfin le charger ne gros voyages sur les charrettes et l'acheminer vers les granges et les hangars. Tout personne valide avait du pain sur la planche et n'avait pas à se faire prier.
Les fourrages enfin dans les grandes ont se retrouvait en juin, mi-juin, même, le maïs était bon à buter par le passage entre les rangs du butoir ou bien de la houe à cheval, opération toutefois plus rapide que le sarclage et démariage. Heureusement car les premières coupes de regain montraient déjà le bout du nez ne laissant aucun répit tandis que la Saint Jean se pointait à l'horizon et que les céréales d'hiver viraient de couleur présageant que la moisson débuterait aux premiers jours de juillet.
Un immense merci à Daniel Bruno - ainsi qu'à Christiane et Jean-François Bruno - pour avoir partagé les écrits passionnants de Louis.
Pour retrouver facilement ces posts et les voir dans leur ensemble vous pourrez cliquer sur la nouvelle catégorie du blog :Lauragais agricole d'autrefoisou sur l'onglet en haut de page.Ils seront également écrits en bleu pour les distinguer des posts du quotidien de la vie d'Emile.
Avons fait les passages au blé du champ des aygalots et au champ des artichauts. Après dîner sommes allés à Vallègue chez Marty et avons fait l'affaire. Nous échangeons deux paires de boeufs à prix égal 250000f la paire et lui avons vendu la jeune vache 72000 francs
Le matin avons fait les passages à la paumelle au champ du hangar. Pech Jules de Ricaud est venu chercher 2650 K d'esparcette à §f50 = 17225 f et 79 balles de paille 4160 k à 1f50 = 6240 f
Vent marin orageux - Le matin avons biné à la vigne et les betteraves. Le soir Gaston est venu commencer de moissonner avec le tracteur. Avons coupé l'avoine du souleilla
Forte chaleur. Le matin avons biné et sarclé les jeunes 900 plants de vigne. Le soir sommes allés à Vallègue chez Marty pour voir les boeufs. Jules Pech est venu acheter la luzerne à 6f 50 le k
Le matin suis allé à Ricaud me faire payer le pressage du fourrage à Pech Jules Le soir j'ai relevé deux rangées de vigne à la jeune. Gaston est venu. Nous avons réglé. je lui ai payé l'assurance accidents 7380 f une part. Après souper puis allé à Vallègue voir des boeufs chez Marty. Elie et Anna sont venus à la veillée.
A l'invitation de la Librairie du Beffroi, une rencontre dédicace autour du roman Ceux de la Borde Perdue aura lieu le samedi 18 juin de 9h30 environ à 12h 30.
Venez échanger autour des carnets d'Emile ou vous faire dédicacer le roman des matéyaers du Lauragais "Ceux de la Borde Perdue".
Evier creusé dans une pierre et son évacuation en façade
Dans "L'eau des collines", Marcel Pagnol souligne la préciosité de ce liquide dans nos vies quotidiennes et celles des agriculteurs pour leurs activités. Longtemps en Lauragais, les fermes étaient équipées d'un puits, d'une citerne, d'un cuvier, d'une auge, d'une mare qui nécessitaient transport et suscitaient des inquiétudes vives lors des pénuries.
En 1948, est créée l'Institution interdépartementale pour l'aménagement hydraulique de la Montagne Noire devenue aujourd'hui l'Institution des eaux de la montagne noire (IEMN). Le barrage des Cammazes est patiemment érigé entre 1953 et 1958 ainsi que les usines de potabilisation pour ensuite alimenter les communes du Lauragais et au delà.
Dans les métairies des années 50, cette arrivée a apporté un confort très apprécié.
Les métairies avant l'eau courante
La corvée d'eau mobilisait régulièrement les membres de la familles. Hommes, bêtes, potagers tous avaient besoin d'eau. Elle se faisait rare lors des sécheresse et parfois difficile à atteindre lors des grands froids. Il fallait par exemple casser la glace épaisse de la mare pour faire boire les animaux durant l'hiver 1956.
Aimé Boyer nous décrit la vie d'avant l'eau courante :
"Il n’y avait pas d’eau courante mais souvent un puits, plus ou moins loin de la ferme suivant la source trouvée par un sourcier. A ces puits, il y avait rarement des pompes, c’était le seau, une corde ou un tour munie d'une chaîne,.
Les puits où l'on puisait avec la corde étaient fermés à ras de sol, recouverts de tronc d’arbres, disposés de façon à avoir une trappe fermée avec de grosses branches. On les enlevait pour pouvoir être au dessus du puits. Il ne suffisait pas de descendre le seau, il fallait aussi qu'il se retourne pour se remplir.
Les puits équipés d’un tour étaient bâtis, l’arbre du tour était posé sur le mur de part et d'autre. Ces tours étaient très souvent équipés d’une chaîne, Il était plus compliqué de tourner le seau pour le noyer, des astucieux installaient, un pois bricolé avec du fil de fer sur un côté du seau. Au contact de l’eau, il se renversait.
Il y avait aussi des poulies à gorges pendues au sommet du puits. Il fallait remplir des auges ou comportes pour faire boire les bovins ou brebis. Des barriques posées sur une charrette, pour la basse cour et on utilisait le seau ou la cruche pour la maisonnée.
Parmi les corvées dues par le métayer, on trouvait parfois celles de porter avec des seaux pour les vider dans une citerne en haut de la maison du propriétaire parfois pour remplir les baignoires."
Le confort nouveau des métairies équipées
Il poursuit :
"En 1969, j’ai déménagé, cette métairie était équipée avec l’eau de la Montagne Noire, Il y avait un robinet au dessus de l’évier, adapté à la cuvette, qui n’était pourtant pas prévue pour en être équipée. Une petite fenêtre était posée devant l’évier. Cette cuvette était creusée dans une pierre avec au fond un trou pour en assurer l’évacuation.
Devant la porte de l’écurie, se trouvait également un robinet prévu pour alimenter une auge. J’ai commencé par poser une comporte. J’ai donc goûté au plaisir d’ouvrir ce robinet, l’hiver, pendant que mes vaches buvaient goulûment. Quel luxe, comparé à l’auge qui se trouvait au fond du pré.
Bien sûr, je ne me suis pas arrêté là. Il y avait une pièce sous l’escalier, que j’ai aménagée rapidement pour y poser un chauffe eau électrique, un receveur de douche, un lavabo. Sur cette lancée, j’ai même alimenté l’évier en eau chaude en bricolant un peu la cuvette.
L’année suivante, j’ai installé les abreuvoirs automatiques dans l’étable en les fixant à la mangeoire.
Sans oublier ensuite de poser un robinet dans les bâtiments de la basse cour. Ainsi s'est trouvée terminée i la corvées d’eau, avec la charrette. Ouf !
Rapidement, pour ne pas perdre la main ; du confort : j’ai fabriqué une fosse septique avec un puisard, rempli de galets de l’Agout avec un WC. Finie la cachette derrière la haie du jardin, finie la cabane au fond du jardin..."
C'est aussi ce qu'Emile a fait en mai 1960, l'aménagement de water-closet grâce à l'eau courante.
L'arrivée de l'eau a apporté un confort nouveau dans les campagnes e a aussi réduit largement la peine en provoquant la disparition des corvées liées à l'eau.
Je remercie Aimé Boyer pour son éclairage précieux sur cette question. Si vous aussi avez des souvenirs de changements à la ferme, de l'arrivée de progrès dans les années 40,50 ou 60, n'hésitez pas à me les adresser pour publication. Vous pouvez m'écrire à lauragais@lescarnetsdemile.fr
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Continué à attacher la vigne vieille. Camille a fini de déchausser le maïs et les haricots. Les femmes ont lavé la lessive. Yves Fauré est venu souper.