metairies en 39-45

Publié le 24 Août 2024

Lauragais en 39-45 (5) : les réquisitions et le poste de radio

Voici les souvenirs d'Aimé Boyer, témoin fidèle des Carnets d'Emile. Ce témoignage concernant les années de guerre en Lauragais vous avait déjà été proposé en 2020. Il m'a paru intéressant de vous en offrir à nouveau la lecture dans le cadre d cette série consacrée à la 2nde Guerre mondiale.

" Il y avait un chef de district par canton qui organisait le ramassage - les réquisitions - entre autres, des animaux, du grain etc…dans chaque ferme et selon leur superficie, pour nourrir l’occupant. 

Les Allemands passaient souvent dans les fermes, par deux, ouvraient les armoires, les placards. Il fallait leur donner à manger, leur faire cuire des œufs à la poêle. Si ma mère n’avait pas le temps, ils se les faisaient cuire eux-mêmes. Pendant que l’un faisait cuire, l’autre allait chercher du vin à la cave, j’ai souvent vu les mâchoires de mon père se crisper. En d’autres endroits c’était le jambon ou des légumes dans le jardin qu'ils choisissaient.

Ils faisaient des manœuvres régulièrement et ils passaient quand bon leur semblait sur la rangée de melons, en colonne, et dans le champ de blé, en tirailleurs, se couchant à tout moment. Il fallait voir la tête des melons et du champ de blé après leur passage, sans oublier celle de mon père !

On m'a aussi raconté cette anecdote : lors d'une soirée de beuverie - ils avaient dû abuser de l'eau de vie - ils auraient fait monter un cheval dans la chambre grand dam des habitants de la ferme.

Bien entendu il n’y avait pas d’armes car elles étaient réquisitionnées. Pour améliorer le quotidien, on attrapait donc des lapins avec des bourses - j’y étais très adroit - et aussi le furet. Mes parents avaient aussi acheté un petit moulin manuel pour faire de la farine en cachette afin de fabriquer du pain. 

A partir de 1940, nous avons vu arriver des personnes nouvelles qui cherchaient des denrées alimentaires. C’étaient des Toulousains qui venaient avec le train, et s’aventuraient à travers la campagne, sans aucun repère au début.

Les premières fois il y eut des contacts modestes, et comme ils revenaient toutes les semaines, des rapports d’amitié se sont crées et sont allés bien au delà de la fin de la guerre. Ils ont participé à notre vie, nos fêtes, nos deuils. Ils ont assisté au mariage des enfants qu’ils avaient connus petits. Il y a eu aussi des échanges, de type troc, et qu’on appelait communément marché noir. Ces Toulousains avaient accès , par des connaissances, des amis, à l’industrie. Ils pouvaient trouver des pneus de vélo, des sandales, des vêtements, du soufre, du vitriol, et toutes sortes de produits utiles à la vie courante.      

Le poste radio n'était pas autorisé. Le nôtre était caché sous le lit. Mon père et ma mère écoutaient les messages Les Français parlent aux Français, mais ne comprenaient pas ce qu’ils signifiaient.

Puis vint le débarquement en Normandie. Il nous tenait motivés ! Nous suivions, à l’aide de punaises, la progression des Alliés sur une carte pendue derrière la porte. Ma mère avait trouvé une carte de l’Europe. De même, nous suivions l’avancée de l’Armée Rouge. C’est moi qui, tous les soirs, m’acquittait de cette tâche.

J'ai  aussi des souvenirs de bombardements et particulièrement ceux de l’aéroport de Montaudran par l'aviation anglo-américaine le 6 avril 1944. Même si nous étions loin, en pleine nuit, nous entendions le vrombissement des nombreux avions, des bombes qui tombaient en sifflant avant d’exploser en illuminant le ciel puis le retour des avions qui passaient entre Caraman et Villefranche ; ils laissaient tomber les enveloppes des bombes que nous ramassions comme des souvenirs."

Je remercie très sincèrement Aimé Boyer de m’avoir une nouvelle fois confié cette tranche de vie exceptionnelle.

Ce post fait partie de la série sur le Lauragais agricole d'autrefois. Vos contributions seront les bienvenues comme rappelé dans ce post-ci : Ecrivons ensemble le Lauragais agricole d'autrefois (cliquer dessus)

Pour retrouver facilement ces posts et les voir dans leur ensemble vous pourrez cliquer sur la nouvelle catégorie du blog : Lauragais agricole d'autrefois ou sur l'onglet en haut de page. Ils seront également écrits en bleu pour les distinguer des posts du quotidien de la vie d'Emile.

 

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Rédigé par Emile

Publié dans #Lauragais agricole d'autrefois, #Métairies en 39-45

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Publié le 6 Janvier 2024

Lauragais en 39-45 (4) : la radio de la ferme

Je vous propose de redécouvrir ce témoignage publié il y a près de trois ans dans le cadre des témoignages des campagnes lauragaises en 39-45. Aujourd’hui, voici un extrait des souvenirs de Laurence Raymond de Baziège, extrait du livre d’or des Anciens Combattants de la commune. Serge Arnaud, qui l’a recueilli, l’a partagé avec nous et je l’en remercie.

 Je me rappelle toujours les paroles que nous disait un cousin de Maman qui était questeur au Sénat: «  Pauvres enfants, je vois beaucoup de nuages sur vos têtes et un avenir bien sombre!!! ». Cela se passait pendant les vacances d'août 1938...

 Hélas, l'été 39 devait lui donner raison… Ce fut une année noire pour les Français... et très triste dans ma famille car mon grand-père et ma grand-­mère nous quittaient le jour des    Rameaux et le jour de Pâques. Pour moi qui étais à peine adolescente, cela fut un grand choc. A la fin août, mon père était mobilisé en tant que réserviste, ayant déjà fait la guerre de 14-18 et été gazé. Voilà comment je me suis retrouvée seule avec Maman.

  Je devais rentrer le 1er octobre, dans une école tenue par des Religieuses pour y apprendre la couture et la broderie comme toute fille de bonne famille, mais vu la situation il n'en était plus question... Autre orientation... je devais aider Maman à travailler dans les champs et soigner les bêtes... il fallait dépiquer le blé qui était en gerbière : je me rappelle que les jeunes gens qui n'étaient pas partis pour le front, sont venus nous aider ainsi que d'autres voisins. Finalement, j'en garde un très bon souvenir...

Puis, il a fallu faucher, sécher et rentrer le regain; octobre est arrivé, nous avons vendangé, aidées par des cousins et des voisins, puis effectué la cueillette des pommes. Papa a eu une première permission pour les semailles. Nous avons rentré du bois pour l'hiver car, en ce temps-là, la cheminée avait un grand succès. La récolte du maïs dont l'effeuillage se faisait à la maison, donnait lieu à des réunions entre voisins et jeunes: nous mangions des châtaignes et gouttions le vin nouveau quand le travail était terminé…

Et la TSF diffusait toujours le même communiqué: « Rien à signaler sur le front: tout est calme.»  Les mois ont passé et Papa a été démobilisé. Puis, les événements se sont précipités sur le front: nous avons eu un afflux de réfugiés belges et alsaciens. Pendant quelques mois, nous avons hébergé deux jeunes filles dont les parents étaient accueillis dans une autre     famille en attendant de les réunir dans une maison.

 Parmi ces réfugiés, il y avait un couple d'une grande discrétion: tous les jours, il venait chercher du lait à la ferme. Le mari demandait à mon père s'il n'avait pas du travail pour lui et son épouse. Nous avons très vite compris qu'ils ne manquaient pas d'argent mais qu'ils avaient faim. Nous les avons aidés dans la mesure de nos possibilités en les invitant à. partager nos repas assez souvent. Lui s'intéressait beaucoup à la politique. Un jour, il a demandé à mon père s'il pouvait venir écouter les informations à la TSF, pas Radio Paris, mais Radio Londres. Cette dernière commençait ses émissions par une chanson qui disait:

« N'écoutez pas Radio Paris, Radio Paris ment, Radio Paris est allemand » Le monsieur venait tous les jours mais, à la belle saison, nous étions encore dans les champs à 1'heure des informations; alors mes parents ont décidé de faire confiance à cet homme et lui ont enseigné l'endroit ou était cachée la clef de la porte. Il rentrait, écoutait le poste, refermait et s'en allait. Cela a duré jusqu'à la fin de la guerre.

Avant de partir, ils sont venus tous les deux nous remercier et nous ont montré leurs vrais papiers d'identité: ils étaient Juifs Allemands et avaient fui le nazisme. Ils sont partis et jamais plus nous n'avons eu de leurs nouvelles. Nous avons gardé d'eux un bon souvenir.    

 

Mes remerciements Serge Arnaud pour le partage de ce témoignage.

Merci à Laure Pagès pour la photo d'illustration.

Ce post fait partie de la série sur le Lauragais agricole d'autrefois. Vos contributions seront les bienvenues comme rappelé dans ce post-ci : Ecrivons ensemble le Lauragais agricole d'autrefois (cliquer dessus)

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Rédigé par Emile

Publié dans #Lauragais agricole d'autrefois, #Métairies en 39-45

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Publié le 23 Octobre 2021

Lauragais en 39-45 (6) : les restrictions, le sucre, l'orge et le café

Nous poursuivons la découverte des témoignages des campagnes lauragaises en 39-45. Aujourd’hui, voici un témoignage d'Yvonne Péchalrieu-Pujol de Baziège, extrait du livre d’or des Anciens Combattants de la commune. Serge Arnaud, qui l’a recueilli, l’a partagé avec nous et je l’en remercie.

«  J’ai quitté l’école Primaire de Baziège aux vacances d’été, fin juin 1939.  J’avais 14 ans. Et puis, peu de temps après, la guerre s’est déclarée et mon père à été mobilisé ; il avait 38 ans. Il était cantonné à la caserne Niel de Toulouse. J’habitais à la ferme d’en Bila : il y avait ma grand-mère, ma mère qui était enceinte de ma sœur, un jeune garçon de ferme et moi. Papa venait toutes les semaines pour une courte permission. Puis ma sœur est née en février 1940 et à ce moment là, papa a été démobilisé. Nous subissions des restrictions, (café- sucre- savon-huile pain et autres). Nous avions des tickets de rationnement pour un mois. Pour remplacer le café qui manquait à la fin du mois on faisait griller de l’orge, ça n’était pas très bon.  Le sucre était remplacé par la saccharine qui avait une certaine amertume. Faute de savon, on achetait du Novac, c’était une pâte qui moussait beaucoup et laissait le linge rêche. On l’achetait à une usine qui se trouvait au garage face au supermarché de Montgiscard.  C’était l’usine de goudron. Pour le pain aussi, nous étions rationnés.

Un jour, un soldat allemand est rentré dans l’étable où se trouvaient cinq vaches.

 Il essayait d’en traire une. Ma belle-mère lui a fait comprendre que ce n’était pas l’heure et qu’elle lui donnerait du lait le soir…Je me souviens d’un dimanche matin où nous étions allés chercher du fourrage aux Pradettes. Nous avons alors vu un convoi de camions allemands qui passait sur la départementale 16. Ils étaient camouflés de branchages, certains soldats étaient assis sur les camions prêts à tirer. Nous sommes alors rentrés plus tôt que prévu en passant par le chemin de Montraudan pour les éviter. C’est en arrivant que nous avons appris que monsieur le maire avait fait sortir les gens de l’église avant la fin de la messe car il y avait trois avions anglais dans le ciel qui survolait le convoi puis qui l’ont mitraillé sur la Nationale 113 à l’entrée de Villenouvelle.

Voila ce que j’ai gardé comme souvenirs de cette période. Je peux rajouter que j’ai été  privilégiée par rapport à tant d’autres qui avaient leurs pères prisonniers en Allemagne. »

 

Mes remerciements Serge Arnaud pour le partage de ce témoignage.

Ce post fait partie de la série sur le Lauragais agricole d'autrefois. Vos contributions seront les bienvenues comme rappelé dans ce post-ci : Ecrivons ensemble le Lauragais agricole d'autrefois (cliquer dessus)

Pour retrouver facilement ces posts et les voir dans leur ensemble vous pourrez cliquer sur la nouvelle catégorie du blog : Lauragais agricole d'autrefois ou sur l'onglet en haut de page. Ils seront également écrits en bleu pour les distinguer des posts du quotidien de la vie d'Emile.

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Rédigé par Emile

Publié dans #Métairies en 39-45, #Lauragais agricole d'autrefois

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Publié le 2 Octobre 2021

Lauragais en 39-45 (3) : faire farine, la nuit

Louis Bruno était agriculteur en Lauragais, fermier plus exactement. Retraité, il a consigné ses souvenirs dans des cahiers que sa famille partage avec nous aujourd'hui. Dans de précédents posts (ici et ), sa description des travaux de printemps puis les activités de début d'été (). 

Depuis deux semaines, nous découvrons son récit de la vie dans les métairies lauragaises pendant la guerre (voir ici  et les épisodes précédents). Il avait écrit ces mots pour une conférence donnée il y a plusieurs années maintenant. Après les éléments de contexte, voici aujourd'hui la farine faite la nuit.

"C'est donc la nuit jusqu'à une heure avancée que les couvées de farine avaient lieu et la solidarité n'étant pas un vain mot surtout en ces temps-là. Les gens du voisinage étaient conviés d'apporter leur mesurette de grains et venir suer une chemise à l'unisson car trois ou quatre personnes se relayant à la manivelle n'étaient pas de trop afin de produire une farine d'une finesse moyenne ; je préciserai que chez nous cela se passait dans un local polyvalent servant aussi de chai, ce qui permettait de faire quelques haltes pour prendre une rasade au robinet pour se remonter bien-sûr.

Les moutures ainsi obtenues après ce parcours plutôt chaotique rendaient grand service. Si on n'allait pas jusqu'au point de rallumer le vieux four pour la fournée de pain, les ménagères initiées pétrissaient pour pâtes fraîches galettes diverses fougasses ou bien encore avec le maïs le millas remplaçant le pain et c'est ainsi qu'on pouvait se caler l'estomac tous les jours un peu en attendant des jours meilleurs qui, au prix du sacrifice de bien trop d'être humains, se profilaient à l'horizon.

(...)

Cet Indispensable je l'ai toujours et je le garderai, je lui dois trop de respect. pour moi, il a une âme et un passé si glorieux.

Je le fais aussi tourner de temps en temps pour le plaisir de faire un peu de farine de maïs pour cuire quelques polentas, les soirs d'hiver."

Aimé Boyer se souvient lui-aussi de ces moments 

"Mes parents avaient acheté aussi un petit moulin, que mon père avait fixé à une mangeoire d'une petite travée libre dans l'écurie; ils avait posé des balles de paille devant pour le dissimuler.
La nuit venue, mon père posait une baladeuse avec un abat-jour au dessus du moulin de façon à cacher toute lumière à la ronde.Même les voisins venaient avec quelques litres de blé ou maïs!. La soirée étaient conviviales, les femmes de la maison faisaient souvent quelques crêpes pour clôturer la veillée. Il ne fallait pas oublier d'éteindre la lumière avant de sortir, quand ils repartaient.

Dans la lancée, mes parents avaient acheté une machine à vermicelle de la marque AYXA. Tous ces appareils étaient bien-sûr vendus en cachette par le forgeron ou ferblantier. Cependant il n'y avait pas de blé dur mais ces pâtes rendaient bien service pour nourrir les familles. "

Un immense merci à Daniel Bruno - ainsi qu'à Christiane et Jean-François Bruno - pour avoir partagé les écrits passionnants de Louis.

Mes remerciements également à Aimé Boyer pour le partage de ses souvenirs et la photo ci-après..

Merci à Bruno Alasset pour la photo d'illustration.

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Machine à pâtes YAXA avec ses grilles à macaronis et nouilles (photo Aimé Boyer)

Machine à pâtes YAXA avec ses grilles à macaronis et nouilles (photo Aimé Boyer)

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Rédigé par Emile

Publié dans #Lauragais agricole d'autrefois, #Métairies en 39-45

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Publié le 25 Septembre 2021

Lauragais en 39-45 (2) : les concasseurs, de la farine malgré tout

Louis Bruno était agriculteur en Lauragais, fermier plus exactement. Retraité, il a consigné ses souvenirs dans des cahiers que sa famille partage avec nous aujourd'hui. Dans de précédents posts (ici et ), sa description des travaux de printemps puis les activités de début d'été (). 

Depuis la semaine dernière, nous découvrons son récit de la vie dans les métairies lauragaises pendant la guerre (voir ici épisode précédent). Il avait écrit ces mots pour une conférence donnée il y a plusieurs années maintenant. Après les éléments de contexte, voici aujourd'hui le système D utilisé pour avoir de la farine malgré les limitations imposées durant cette période complexe.

Fort heureusement quelques rares fermes possédaient un de ces outils qu'on appelait les concasseurs et ils furent d'un secours providentiel. Entre autres, je citerai deux marques, les principales : le Kriquet et l'Indispensable. Leur vocation principale était de briser sommairement les céréales diverses pour nourrir les animaux, munis de meules métalliques réglables, pouvant si besoin donner une mouture très acceptable, actionnés manuellement les différents moteurs faisant encore défaut.

Bien entendu, ils furent aussi interdits d'usage puis confisqués par certaines mairies, d'autres plus complaisantes firent apporter une pièce capitale le rendant inutilisables.

Après avoir cogité longuement, mon père apporta une manivelle plus un engrenage, cela leur suffit. Dois-je vous dire qu'elle fut bien vite remplacée ?

Cet Indispensable que nous avions la chance de posséder fut acheté par mes parents dès qu'ils eurent trois sous en main après avoir atterri à Montesquieu en 1924 accueillis par la France avec six gamins accrochés aux "basques".

(...)

Malgré les menaces, les obligations de tout déclarer et la surveillance par quelques mouchards par bonheur souvent incompétentes donc faciles à "rouler", il fallait bien que l'on nous laisse mettre de côté les semences de blé et on comptait le plus large possible, ce qui permettait une fois les semis terminés de mettre le surplus en caisses ou en barriques bien camouflées dans la paille ou le fourrage et bien-sûr les concasseurs non plus n'étaient pas laissés en vue car une perquisition pouvait se produire d'un moment à l'autre.

Récit à suivre dans un prochain post pour découvrir la façon dont la farine se faisait la nuit durant ces années de guerre

Un immense merci à Daniel Bruno - ainsi qu'à Christiane et Jean-François Bruno - pour avoir partagé les écrits passionnants de Louis.

Merci à Bruno Alasset pour la photo d'illustration.

Ce post fait partie de la série sur le Lauragais agricole d'autrefois. Vos contributions seront les bienvenues comme rappelé dans ce post-ci : Ecrivons ensemble le Lauragais agricole d'autrefois (cliquer dessus)

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Rédigé par Emile

Publié dans #Lauragais agricole d'autrefois, #Métairies en 39-45

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Publié le 18 Septembre 2021

Lauragais en 39-45 (1) : la métairie à l'heure du rationnement

Louis Bruno était agriculteur en Lauragais, fermier plus exactement. Retraité, il a consigné ses souvenirs dans des cahiers que sa famille partage avec nous aujourd'hui. Dans de précédents posts (ici et ), nous avions découvert sa description des travaux de printemps puis les activités de début d'été ().

Nous allons découvrir au cours de nouveaux posts son récit de la vie dans les métairies lauragaises pendant la guerre. Il avait écrit ces mots pour une conférence donnée il y a plusieurs années maintenant.

Les produits alimentaires furent dès 1940 rationnés à un niveau créant une situation voisine de la famine surtout dans les villes. La ration journalière de pain fluctuait suivant les départements en fonction des catégories de population et des caprices des autorités en charge de décisions souvent absurdes, par exemple 250 grammes dans l'Aude, 350 en Haute-Garonne, temporairement 500 grammes pour les producteurs de blé puis réduit de moitié lorsque la soudure s'avérait difficile.

Il était formellement interdit de détenir 10 kilos de blé à la ferme avec tous les mois la liste des différentes denrées d'origine végétale et animale à livrer à la réquisition, ce qui créait chez les paysans les plus craintifs un état de dénuement total, s'imposant des privations voisines de celles que subissaient les gens des villes.

Dans de telles situations, il était évident que seule la pratique du système D pouvait en partie soustraire les gens à ces misères et encore pour que ce fût possible fallait-il être situé de préférence dans la campagne profonde, loin des agglomérations et des mouchards mal intentionnés, posséder un peu de culot et cacher sous le chapeau un esprit de rébellion passive ravivé par l'instinct de survie.

Comment donc se procurer ces farines si précieuses sachant que les moulins furent interdits, seuls quelques rares encore non plombés se hasardaient un peu la nuit risquant des représailles terribles et le grain presque inexistant.

Certains foyers allaient jusqu'à se servir du moulin à café, imaginons quelle peine pour un rendement désuet...

 

Récit à suivre dans un prochain post pour découvrir la façon dont la farine se faisait durant ces années de guerre

 

Un immense merci à Daniel Bruno - ainsi qu'à Christiane et Jean-François Bruno - pour avoir partagé les écrits passionnants de Louis.

Merci à Bruno Alasset pour la photo d'illustration.

Ce post fait partie de la série sur le Lauragais agricole d'autrefois. Vos contributions seront les bienvenues comme rappelé dans ce post-ci : Ecrivons ensemble le Lauragais agricole d'autrefois (cliquer dessus)

Pour retrouver facilement ces posts et les voir dans leur ensemble vous pourrez cliquer sur la nouvelle catégorie du blog : Lauragais agricole d'autrefois ou sur l'onglet en haut de page. Ils seront également écrits en bleu pour les distinguer des posts du quotidien de la vie d'Emile.

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Rédigé par Emile

Publié dans #Métairies en 39-45, #Lauragais agricole d'autrefois

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Publié le 14 Septembre 2021

Evénement : les métairies lauragaises pendant la 2nde Guerre Mondiale

Ce samedi 18 septembre, débutera dans les Carnets d'Emile une série consacrée aux années de guerre dans les métairies et fermes du Lauragais. 

Situations familiales, réquisitions, occupation, sytème D, approvisionnement en farines et autres denrées, craintes seront évoqués grâce à des témoignages exclusifs que vous retrouverez ici au cours d'une série de posts qui s'étendra sur quelques semaines.

Vous y découvrirez les souvenirs de ceux qui ont vécu cette époque difficile au coeur des bordes lauragaises.

Si vous aussi vous souhaitez apporter votre éclairage (témoignage, souvenir, document...) concernant ces années difficiles, vous pouvez me contacter à cette adresse : lauragais@lescarnetsdemile.fr

A suivre ici, prochainement...

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