Lauragais en 39-45 (6) : les restrictions, le sucre, l'orge et le café

Publié le 23 Octobre 2021

Lauragais en 39-45 (6) : les restrictions, le sucre, l'orge et le café

Nous poursuivons la découverte des témoignages des campagnes lauragaises en 39-45. Aujourd’hui, voici un témoignage d'Yvonne Péchalrieu-Pujol de Baziège, extrait du livre d’or des Anciens Combattants de la commune. Serge Arnaud, qui l’a recueilli, l’a partagé avec nous et je l’en remercie.

«  J’ai quitté l’école Primaire de Baziège aux vacances d’été, fin juin 1939.  J’avais 14 ans. Et puis, peu de temps après, la guerre s’est déclarée et mon père à été mobilisé ; il avait 38 ans. Il était cantonné à la caserne Niel de Toulouse. J’habitais à la ferme d’en Bila : il y avait ma grand-mère, ma mère qui était enceinte de ma sœur, un jeune garçon de ferme et moi. Papa venait toutes les semaines pour une courte permission. Puis ma sœur est née en février 1940 et à ce moment là, papa a été démobilisé. Nous subissions des restrictions, (café- sucre- savon-huile pain et autres). Nous avions des tickets de rationnement pour un mois. Pour remplacer le café qui manquait à la fin du mois on faisait griller de l’orge, ça n’était pas très bon.  Le sucre était remplacé par la saccharine qui avait une certaine amertume. Faute de savon, on achetait du Novac, c’était une pâte qui moussait beaucoup et laissait le linge rêche. On l’achetait à une usine qui se trouvait au garage face au supermarché de Montgiscard.  C’était l’usine de goudron. Pour le pain aussi, nous étions rationnés.

Un jour, un soldat allemand est rentré dans l’étable où se trouvaient cinq vaches.

 Il essayait d’en traire une. Ma belle-mère lui a fait comprendre que ce n’était pas l’heure et qu’elle lui donnerait du lait le soir…Je me souviens d’un dimanche matin où nous étions allés chercher du fourrage aux Pradettes. Nous avons alors vu un convoi de camions allemands qui passait sur la départementale 16. Ils étaient camouflés de branchages, certains soldats étaient assis sur les camions prêts à tirer. Nous sommes alors rentrés plus tôt que prévu en passant par le chemin de Montraudan pour les éviter. C’est en arrivant que nous avons appris que monsieur le maire avait fait sortir les gens de l’église avant la fin de la messe car il y avait trois avions anglais dans le ciel qui survolait le convoi puis qui l’ont mitraillé sur la Nationale 113 à l’entrée de Villenouvelle.

Voila ce que j’ai gardé comme souvenirs de cette période. Je peux rajouter que j’ai été  privilégiée par rapport à tant d’autres qui avaient leurs pères prisonniers en Allemagne. »

 

Mes remerciements Serge Arnaud pour le partage de ce témoignage.

Ce post fait partie de la série sur le Lauragais agricole d'autrefois. Vos contributions seront les bienvenues comme rappelé dans ce post-ci : Ecrivons ensemble le Lauragais agricole d'autrefois (cliquer dessus)

Pour retrouver facilement ces posts et les voir dans leur ensemble vous pourrez cliquer sur la nouvelle catégorie du blog : Lauragais agricole d'autrefois ou sur l'onglet en haut de page. Ils seront également écrits en bleu pour les distinguer des posts du quotidien de la vie d'Emile.

Rédigé par Emile

Publié dans #Métairies en 39-45, #Lauragais agricole d'autrefois

Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article