Lauragais en 39-45 (2) : les concasseurs, de la farine malgré tout

Publié le 15 Décembre 2024

Lauragais en 39-45 (2) : les concasseurs, de la farine malgré tout

Louis Bruno était agriculteur en Lauragais, fermier plus exactement. Retraité, il a consigné ses souvenirs dans des cahiers que sa famille partage avec nous aujourd'hui. Dans de précédents posts (ici et ), sa description des travaux de printemps puis les activités de début d'été (). 

Depuis la semaine dernière, nous redécouvrons son récit de la vie dans les métairies lauragaises pendant la guerre (voir ici épisode précédent). Il avait écrit ces mots pour une conférence donnée il y a plusieurs années maintenant. Après les éléments de contexte, voici aujourd'hui le système D utilisé pour avoir de la farine malgré les limitations imposées durant cette période complexe.

Fort heureusement quelques rares fermes possédaient un de ces outils qu'on appelait les concasseurs et ils furent d'un secours providentiel. Entre autres, je citerai deux marques, les principales : le Kriquet et l'Indispensable. Leur vocation principale était de briser sommairement les céréales diverses pour nourrir les animaux, munis de meules métalliques réglables, pouvant si besoin donner une mouture très acceptable, actionnés manuellement les différents moteurs faisant encore défaut.

Bien entendu, ils furent aussi interdits d'usage puis confisqués par certaines mairies, d'autres plus complaisantes firent apporter une pièce capitale le rendant inutilisables.

Après avoir cogité longuement, mon père apporta une manivelle plus un engrenage, cela leur suffit. Dois-je vous dire qu'elle fut bien vite remplacée ?

Cet Indispensable que nous avions la chance de posséder fut acheté par mes parents dès qu'ils eurent trois sous en main après avoir atterri à Montesquieu en 1924 accueillis par la France avec six gamins accrochés aux "basques".

(...)

Malgré les menaces, les obligations de tout déclarer et la surveillance par quelques mouchards par bonheur souvent incompétentes donc faciles à "rouler", il fallait bien que l'on nous laisse mettre de côté les semences de blé et on comptait le plus large possible, ce qui permettait une fois les semis terminés de mettre le surplus en caisses ou en barriques bien camouflées dans la paille ou le fourrage et bien-sûr les concasseurs non plus n'étaient pas laissés en vue car une perquisition pouvait se produire d'un moment à l'autre.

Récit à suivre dans un prochain post pour découvrir la façon dont la farine se faisait la nuit durant ces années de guerre

Un immense merci à Daniel Bruno - ainsi qu'à Christiane et Jean-François Bruno - pour avoir partagé les écrits passionnants de Louis.

Merci à Bruno Alasset pour la photo d'illustration.

Ce post fait partie de la série sur le Lauragais agricole d'autrefois. Vos contributions seront les bienvenues comme rappelé dans ce post-ci : Ecrivons ensemble le Lauragais agricole d'autrefois (cliquer dessus)

Pour retrouver facilement ces posts et les voir dans leur ensemble vous pourrez cliquer sur la nouvelle catégorie du blog : Lauragais agricole d'autrefois ou sur l'onglet en haut de page. Ils seront également écrits en bleu pour les distinguer des posts du quotidien de la vie d'Emile.

Rédigé par Emile

Publié dans #Lauragais agricole d'autrefois, #Métairies en 39-45

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