L'automne amène à penser aux vendanges d'antan en Lauragais. Voici le témoignage d'Aimé Boyer, ses souvenirs de vendanges assortis des photos confiées par la famille Nardèze, d'exceptionnelles photos en couleurs qui permettent un retour très réaliste à la charnière des années 50 et 60. Un immense merci à Aimé et à Berthe.
"Avec l'automne venait le temps des vendanges (la vendémias).
Avec un couteau, ou des petits sécateurs adaptés à cette tâche, on coupait précautionneusement les raisins avant de les poser dans un panier d’osier, souvent fabriqué à la main durant l’hiver précédent.
On faisait passer les paniers pleins d’un rang à l’autre pour les vider dans une comporte.
Un préposé chargé du remplissage tassait ses raisins avec une cachadoira (outil pour presser, pour appuyer de cachar, presser) .
A midi ou à la fin de la journée, une équipe d’hommes transportait ces comportes pleines. Au bout de la vigne, il fallait être deux avec deux barres (las pals) passées sous les poignées de la comporte, un homme devant, l'autre derrière.
Une autre équipe chargeait sur la charrette (plus tard la remorque basse). A l’arrivée devant la cave,
il fallait passer tout ce raisin au fouloir pour les écraser, et les vider dans une cuve afin de le mettre à fermenter.
Une équipe d’hommes, installée sur un échafaudage, vidait la comporte dans la cuve. Ils nivelaient avec une fourche pour que la masse soit homogène. Pendant que le reste de la colle s’activait à tourner la manivelle du fouloir, il va sans dire qu’il y avait quelques plaisanteries ! Quelques grappes de raisin qui se baladaient pour barbouiller ses camardes de moût (se mostar).
Quand il n’y avait pas de fouloir, il fallait faire avec les pieds nus en entrant dans la comporte.
Ici c’était la fête des farces! Les femmes se retroussaient les jupes, les hommes les pantalons . On riait mais le travail avançait quand même.
Pendant ce temps dans la cuisine on s'activait pour servir aux travailleurs : la soupe, le pâté, les haricots, le macaroni, le poulet rôti et bien-sûr quelques desserts maison. Que d'agréables souvenirs !
Si, lors des battages (las batesons) il y avait de la poussière, les vendanges étaient souvent troublées par la pluie. Quand on avait commencé le remplissage de la cuve il valait mieux terminer le terminer sinon la fermentation pouvait être compromise. "
Petit glossaire occitan des vendanges lauragaises :
Les vendanges : las vendémias
la vigne : la vinha
le raisin : le rasim
la comporte : la semal
le fouloir : le faunhador ou le truèlh
et... le vin : le vin