A la métairie, Noël était un jour particulier. S'il n'était pas fêté de la même manière qu'il peut l'être aujourd'hui, cette fête constituait tout de même un moment particulier dans les familles. Durant quelques heures, le temps se suspendait un peu...
Je vous propose aujourd'hui de retrouver les souvenirs d'Aimé Boyer datant des années 30 à 40 qui avaient été publiés l'année dernière, demain ce sera au tour de Berthe de nous raconter ses Noël des années 50.
Qu'ils soient ici chaleureusement remerciés pour leurs éclairages précieux sur cette vie d'antan dans les métairies lauragaises.
"Quelques jours avant Noël, il était de tradition de se préparer. Les hommes de la maisonnée procédaient au ramonage de la cheminée. La veille de l’évènement, un soin particulier était apporté à la propreté de l’écurie, on rajoutait un peu de paille à la litière et une petite fourchée de plus de foin dans le râtelier. A cette occasion, on aimait bien bien carder les animaux, leur friser la queue. Cela consistait à la laver avec de l’eau savonneuse et avant qu’elle ne sèche, on séparait les crins un à un. Une fois secs, cela leur donnait un air pompeux et apprêté.
Rejoindre la messe de minuit avec la lampe tempête
Dans mon enfance, pour se rendre à la messe de minuit, on se retrouvait sur la route avec les voisins, équipés de lampes tempête ou à carbure. Il y avait beaucoup de ferveur. Après la messe et tout le cérémonial qui l’accompagnait, on repartait ensemble avant de se quitter en se souhaitant une bonne nuit et une bonne santé.
En arrivant à l’ostal, il y avait un petit gâteau à grignoter, quelques fois était-il accompagné de vin chaud. A cette époque, dans les campagnes, il n’y avait pas de réveillon.
On laissait ensuite s’éteindre le feu. Cette nuit-là, on ne posait pas les verrous, aux portes de l’écurie.
Au matin il y avait quelques joujoux pour les enfants : un petit Jésus en sucre dans un sabot en chocolat, un tambour ou une panoplie de couturière ou bien encore une petite trompette en tôle. On était heureux avec très peu. Après avoir retiré les modestes cadeaux, le feu était rallumé.
Une longue bûche d'ormeau
On installait alors une immense bûche, bien noueuse choisie dans de l’ormeau. Mon arrière-grand-mère la bénissait avec l’eau de Pâques après avoir dit des paroles et des prières en patois.
Cette bûche devait alors brûler jusqu'au premier janvier en prenant bien soin de ne pas la laisser s’éteindre. On en conservait un petit tison que l’on gardait dans une caisse de bois rangée sous l’évier.
On rallumait ce tison à chaque naissance tout au long de l’année qu’elle soit dans la famille ou parmi les animaux de la ferme.
Bien-sûr au cours de cette journée, on allait à la grand-messe de la Nativité appelée aussi Noël avec des chants de joie adaptés à l’événement.
Une salade d'oranges au vin blanc
En ce jour particulier, nous préparions un dîner (repas de midi en Occitanie) amélioré. Etaient servies poule au pot et sa suite et pour le dessert, une salade d’oranges au vin blanc. Délicieux et rare.
Noël tel qu’on le connaît aujourd’hui, le sapin, les cadeaux, le réveillon ne se sont invités à la ferme que quelques années plus tard lors de la modernisation agricole. Une autre époque."
Retrouvez demain les Noël lauragais de Berthe dans les années 50.
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