Publié le 30 Avril 2025
Vent marin, sécheresse
J’ai fini de semer le maïs au champ du jardin. Eux ont chargé la luzerne de la prairie deux charrettes.
Henri Penavayre a porté 40 poussins 85 f pièce.
Les carnets d'Emile en Lauragais
Les carnets d'Emile sont les souvenirs de mes aïeux, métayers dans le Lauragais, qui consignaient chaque jour le labeur familial sur un journal de bord. Nous sommes en 1951 au coeur de l'Occitanie. Je recueille aussi la mémoire des traditions, des méthodes de travail, du quotidien au fil des saisons grâce à des documents authentiques (blog participatif) contact : lauragais@lescarnetsdemile.fr
Publié le 30 Avril 2025
Vent marin, sécheresse
J’ai fini de semer le maïs au champ du jardin. Eux ont chargé la luzerne de la prairie deux charrettes.
Henri Penavayre a porté 40 poussins 85 f pièce.
Publié le 30 Avril 2025
Le vent marin n’a guère quitté la campagne ce mois-là. Tantôt léger, tantôt fort, il balayait le champs des noyers et les autres où les hommes, les manches retroussées, peinaient sous le soleil déjà chaud pour la saison. On avait fini de biner la terre, passé la déchaumeuse, et planté pas moins de 300 oignons – gestes anciens, précis, transmis d’une main à l’autre.
Le temps sec persistait, inquiétant pour les prés, mais favorable à l’avancée des travaux. Le bois de l’orme du moulin fut scié, trois charrettes en furent tirées jusqu’à la vieille grange. Le pailler fut démonté et rentré, 240 balles empilées à l’abri, et dans les rigoles, les viviers et les fossés, on nettoyait, on coupait des mottes, comme pour faire place nette au printemps.
Quelques moments rompaient la monotonie des jours : un passage au marché de Villefranche pour vendre des haricots, un dîner en famille à Roou, un anniversaire discret – Camille Durand avait 27 ans.
Ce mois d’avril-là fut un mois de travail régulier, de gestes sûrs, avec, en toile de fond, le silence d’un monde rural qui suivait encore le rythme des saisons, du vent, et des semailles.
Publié le 30 Avril 2025
Publié le 29 Avril 2025
Vent marin, sécheresse. Avons curé le petit vivier sous la fontaine. Le soir, coupé des mottes sous la rigole sur le champ noir.
Publié le 28 Avril 2025
Vent marin sec. Avons empoché 1 100 kg de maïs jaune vendu à Libouillé de Soupex à 36 f 80. Le soir, continué au bord au champ du jardin.
Publié le 27 Avril 2025
Un mariage à la campagne... l'événement dans une métairie demandait beaucoup de préparatifs. Du menu au hangar de réception, rien n'était laissé au hasard (pas même l'étable). Ce sont les souvenirs savoureux des préparatifs que nous narre aujourd'hui Aimé Boyer.
Élaborer le menu
"La première étape était de trouver une cuisinière qui, le jour du mariage, ferait la cuisine et se mettre d’accord dur ses émoluments. Il fallait ensuite fixer le menu, en accord avec les deux familles, acheter toutes les fournitures pour accompagner les produits de la maison.
On prévoyait ainsi les poules pour le bouillon, les ingrédients pour la farce. On envisageait aussi de un veau ou un agneau, quelques jours avant mais pas trop tôt car il n’y avait pas de chambre froide, ni frigidaire. On réservait les poulets, les pintades et on commandait le poisson : sandre ou brochet. On mettait de côté les œufs pour la mayonnaise et la crème.
Je garde un souvenir ému des hors d’œuvre : les œufs mimosa ou aux anchois. Pardon si j’en oublie...
Dans les bordes, il y avait souvent un four à pain, bien sûr. Le grand-père prenait parfois en charge la fabrication du pain pour cette noce et surtout la madeleine qui allait servir à la fin du repas à éponger la crème.
Préparer les fagots pour porter le four à température, le pétrin, mélanger le blé - le porter au préalable - chez le meunier ! Tout ce qu’il fallait pour réussir cette tâche : du savoir-faire….
Préparer la borde
Quelques jours avant on avait formé des équipes avec des amis, des voisins, en répartissant les rôles pour tout préparer autour de la maison. D’abord le vacher et la basse-cour. Il fallait également que l’écurie soit bien propre. En effet, avant de se mettre à table, les anciens allaient souvent faire un tour dans l’étable. C’est là qu’on estimait la capacité de traction de la borde.
Pour réunir ces grandes tablées, on choisissait parfois le hangar si le grenier était trop petit pas facile d’accès. Pas de souci, on savait faire ! Les repas des battages, des vendanges, pour tuer les cochons, lors des deuils lorsque les gens venaient de loin et bien d’autres…
Quelques jours avant, on avait fait le tour chez les voisins, avec la charrette, pour aller chercher des tables, des tréteaux, des chaises, des nappes, quelques bassines, casseroles, couverts, etc…
La veille du grand jour
Tout le personnel de service était de bonne heure sur le pont : battage, plumage parage… Chacun avait sa charge sous la houlette de la cuisinière. Cela se faisait dans une ambiance joyeuse de discussions et de rires.
Les jeunes gens prenaient part avec les anciens à la mise en place : par exemple pour poser des draps tout autour avec des courdils pour cacher le petit tas de foin ou un vieux mur etc… Au préalable, tout le matériel avait été sorti du hangar.
Venait le moment de poser les tables, caler les bancs, installer les nappes, décorer avec des guirlandes selon l’imagination de chacun quelques fois on recommençait… Pour l’événement, les jeunes filles fabriquaient des roses en papier, des guirlandes, que les garçons venaient chercher pour les poser.
Dans la cuisine, la veille du grand jour, il y avait l’équipe qui plumait et une autre préparant le repas du jour pour nourrir tous les participants à midi. Si on avait prévu l’abattage de gros agneaux ou veaux, une équipe était à la découpe, au parage.
A midi/13 heures, on mangeait la soupe, la cochonnaille, une sauce préparée avec des abats et morceaux récupérés le matin même de bonne heure. Rien ne se perdait. Quelques fruits pour le dessert. On entamait parfois la barrique prévue pour le lendemain. S’il y avait du café, il y avait aussi le pouce. On commençait à célébrer les futurs époux qui participaient à ces préparatifs entrecoupés par la venue du coiffeur ou l’essayage des tenues.
On était impatients. Le lendemain serait un jour de fête."
Je remercie Aimé Boyer pour ce témoignage tellement précieux.
Ce post fait partie de la série sur le Lauragais agricole d'autrefois. Vos contributions seront les bienvenues comme rappelé dans ce post-ci : Ecrivons ensemble le Lauragais agricole d'autrefois (cliquer dessus)
Pour retrouver facilement ces posts et les voir dans leur ensemble vous pourrez cliquer sur la nouvelle catégorie du blog : Lauragais agricole d'autrefois ou sur l'onglet en haut de page. Ils seront également écrits en bleu pour les distinguer des posts du quotidien de la vie d'Emile.
Publié le 27 Avril 2025
Publié le 26 Avril 2025
Beau temps, sécheresse. Camille Durand, fils de Jean Durand, 27 ans aujourd’hui. Avons rentré le pailler de balles de pailles 210 balles dans le hangar.
Publié le 25 Avril 2025
Beau temps chaud. Avons scié l’orme du moulin et en avons porté trois charrettes à la vieille. Paulette et Camille sont allés à Cabanac.
Publié le 24 Avril 2025
Beau temps, chaud, sécheresse. J’ai fait un passage aux broussailles au fond du pré, à la rigole. Camille, Paulette et Auguste sont allés dîner à Roou.
Publié le 23 Avril 2025
Vent marin chaud. Avons chargé sur la grange de la Ginelle une charrette fourrage que nous avons descendue ic. Le soir avons fait des bûches pour le château à l'ormeau du moulin.
Publié le 22 Avril 2025
Vent marin léger. Avons relevé la terre au bord du chemin des champs des noyers. Camille et Paulette sont allés à Villefranche vendre des haricots 90 f et 50 f le kg.
Publié le 21 Avril 2025
Publié le 20 Avril 2025
La période pascale dans la campagne lauragaise des années 50 revêtait un caractère particulier au regard des traditions religieuses qui l'accompagnaient. En l'absence de moyens de transports, on organisait l'emploi du temps. Les nombreux travaux printaniers dans les champs, à la vigne, à l'écurie qui jalonnaient cette période nécessitaient une organisation rigoureuse si la famille souhaitait assister aux célébrations religieuses.
Je vous propose de redécouvrir les souvenirs d'Aimé Boyer, métayer :
"Que de kilomètres parcourus pour la religion. J’habitais à deux kilomètres du village, et au bord de la route. Mais d’autres familles se situaient à cinq ou six kilomètres. Et, comme ils n’étaient pas au bord de la route, ils devaient prendre leurs chaussures à la main pour en changer et laisser les sabots sous des racines d’arbre ou d’un gros buisson.
Le matin des Cendres, avant d’aller à l’école, on passait à l'église pour assister à une messe basse qui était une messe non chantée suivie de l’imposition des Cendres avec lesquelles on nous faisait une croix sur le front. Je me souviens que nous l'effacions avant d’arriver à l’école, pour ne pas être moqués."
Des Rameaux jusqu'à Pâques
" Huit jours avant Pâques, on prenait quelques rameaux de laurier, à défaut de buis, pour les faire bénir, à la mémoire de l’entrée du Christ dans Jérusalem et de sa Passion. Au retour avant de rentrer le bouquet, on en laissait la moitié dehors ; il ne fallait pas le rentrer dedans car il devait être distribué dans les champs l’après-midi, pour protéger les récoltes. Le reste, un brin posé dans chaque pièce sans oublier l’écurie, les volières, et même la cave. Le reste était stocké dans l’armoire en cas de deuil, de maladie etc...
Tout au long de la semaine Sainte, nous rejoignions souvent l'église pour le chemin de croix, la veillée pascale, les temps de prière Beaucoup de kilomètres à pied et d’allers-retours de la ferme au village et de longues conversations joyeuses sur le chemin.
Pâques était un moment très attendu, une grande fête dans les familles lauragaises. Bien sûr un bon repas partagé clôturait cette période pascale après la messe du jour de Pâques."
En attendant, les Rogations, bénir les culture et les travaux des champs
"Trois jours avant l’Ascension, on allait en procession bénir les cultures, les travaux des champs (les deux premiers jours étaient consacrés à la campagne). Sur les routes du Lauragais il y a des croix érigées et posées sur des socles de 1m.50 environ. Les familles paysannes les aménageaient en guise de reposoir : un linge blanc, un Christ, une image pieuse, un bouquet de fleurs, ce dont on disposait ; c’est là que la procession se retrouvait parfois même en passant à travers champs. Le troisième jour des Rogations était souligné par une messe, avec une procession sur la place du village, devant la Croix des Missions. C’était ainsi à Caraman, je me souviens. À chaque reposoir il y avait des offrandes, des produits de la ferme."
Merci à Aimé Boyer pour ses souvenirs si précis et évocateurs.
Si vous avez des témoignages sur la vie rurale dans les fermes et métairies lauragaises des année 30,40 ou 50, n'hésitez pas à me les faire parvenir ou à me contacter je les publierai : lauragais@lescarnetsdemile.fr
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Publié le 20 Avril 2025
Publié le 19 Avril 2025
Beau temps chaud au matin, à la nuit. Avons fini de biner le champ des noyers et commencé à passer le déchaumeur. Avons planté 300 oignons.
Publié le 18 Avril 2025
Gelée blanche, soleil chaud le soir.
Le matin j’ai fait ferrer deux paires de bœufs à Aimé Malrieu à Airoux, 150 F le fer, 1800 F la paire.
Le soir j’ai continué à herser au champ des noyers.
Camille, Paulette et Grosa sont allés à la foire à Castelnaudary.
Publié le 17 Avril 2025
Nuit très froide, beau temps sec.
Suis allé voter pour le conseiller général.
Le soir suis allé sur le cimetière à Montmaur. Auguste Rouquet est venu dîner.
J’ai payé le veau de lait à Mme Paul 6000 F.
Publié le 16 Avril 2025
Nuit froide, beau temps sécheresse.
Sommes allés avec Henri Penavaire vendre un veau de lait à Revel 12000 F.
Le soir j’ai commencé à herser au champ des noyers.
Avons charrié une charrette à fourrage de la Ginelle.
J'ai acheté à Francis Maury à Revel un semoir à maïs – payé 25000 francs.
Jules Pech afin de nous emballer le fourrage : 50 balles à 9 f le kg.
Publié le 15 Avril 2025
Beau temps chaud.
Avons commencé à emballer le fourrage vendu à Pech à 9 f le kg.
Marius de Villestan est venu à la veillée.
Publié le 14 Avril 2025
Publié le 14 Avril 2025
Beau temps, toujours sécheresse.
Avons nettoyé le hangar et trié les derniers tronçons de maïs et fait les raies et fumé pour les tomates.
Publié le 14 Avril 2025
Beau temps sec.
Avons semé du fourrage au petit champ du pont à la rigole.
Suis allé à Castel chercher l'esparcette 2 k et ray-gras. Le tout 930 F.
Le soir suis allé à La Ginelle payer la vache à Mme Paul 27500 et le veau de lait 3750 (donné en tout 31250).
Publié le 14 Avril 2025
Beau temps frais. Le matin avons fini de charrier le bois du château.
Le soir avons fait un terrassement derrière le poulailler pour aller au fumier avec les charrette.
Camille et Paulette sont allés voir Tante Marie aux Casses.
La vache Cigarette a mis bas un mâle.
Publié le 14 Avril 2025
Beau temps, vent d’ouest frais.
Suis allé à la messe à Montmaur.
Le soir suis allé à Trevilles voir pour un semoir à maïs.
Rey Louis d’En Touzet est venu chercher Maman pour aller voir Tante Marie des Casses qui est malade.