En quelques mots : le mois d'avril 1955 à la métairie
Publié le 30 Avril 2025
Le vent marin n’a guère quitté la campagne ce mois-là. Tantôt léger, tantôt fort, il balayait le champs des noyers et les autres où les hommes, les manches retroussées, peinaient sous le soleil déjà chaud pour la saison. On avait fini de biner la terre, passé la déchaumeuse, et planté pas moins de 300 oignons – gestes anciens, précis, transmis d’une main à l’autre.
Le temps sec persistait, inquiétant pour les prés, mais favorable à l’avancée des travaux. Le bois de l’orme du moulin fut scié, trois charrettes en furent tirées jusqu’à la vieille grange. Le pailler fut démonté et rentré, 240 balles empilées à l’abri, et dans les rigoles, les viviers et les fossés, on nettoyait, on coupait des mottes, comme pour faire place nette au printemps.
Quelques moments rompaient la monotonie des jours : un passage au marché de Villefranche pour vendre des haricots, un dîner en famille à Roou, un anniversaire discret – Camille Durand avait 27 ans.
Ce mois d’avril-là fut un mois de travail régulier, de gestes sûrs, avec, en toile de fond, le silence d’un monde rural qui suivait encore le rythme des saisons, du vent, et des semailles.