Publié le 1 Mai 2021
Nous retrouvons cette semaine le témoignage passionnant d'Aimé Boyer concernant les mariages à la campagne dans le Lauragais d'antan. Après la cérémonie (voir ici), le repas (voir là), voici maintenant la nuit de noces et les jours qui suivent. Traditions toujours...
" Tout en dansant, le garçon d’honneur récupère, auprès des jeunes, l’argent pour payer l’orchestre. A la tombée de la nuit les serveurs dressent la table pour le repas du soir. Quelques invités sont partis après avoir salué le jeune couple. Les musiciens plient leurs instruments et vont partir ou, quelques fois, restent pour accompagner la soirée et jouer quelques morceaux de classique. Les plats à gratin arrivent sur la table : la soupe à l’oignon gratinée au four à pain est servie avec la farce des poules qui ont fait la soupe ainsi que de la viande froide. Viendront ensuite quelques desserts arrangés.
Quelque chose d’étrange vient de se passer : les mariés ont disparu. Il faut s’organiser pour les retrouver.
On leur prépare un bol de soupe car ils doivent avoir faim : un tourin d’ail qui avait été déjà préparé en cuisine. La petite troupe part à leur recherche à pied, un peu au hasard. Après plusieurs visites chez les voisins, on les retrouve enfin. Ils consomment le bol de tourin à l’ail comme le veut la tradition campagnarde. On rigole un peu, on leur demande de raconter, mais il faudra se contenter de leurs sourires.
Ainsi se termine la soirée, chacun repart, tard dans la nuit. On raccompagne parfois sa cavalière.
A la borde, seul le service continue : la plonge, tout nettoyer pour préparer pour le repas du lendemain midi.
Le jour se lève sur le dimanche. La grand-messe est à onze heures. On se retrouve devant la porte de l’église en formant un petit cortège.
Tous vont prendre place vers l’avant. La nouvelle épouse pose le bouquet devant la Vierge et la cérémonie se déroule normalement. A la sortie tout le monde veut leur parler et souhaiter la bienvenue à la nouvelle paroissienne ou nouveau paroissien.
Le cortège se forme à nouveau et direction la maison. On se retrouve, en effectif réduit, mais toujours heureux.
Les tables sont dressées avec un peu plus de simplicité que la veille. On sert les restes de la soupe, le farci des poules préparées avec des cornichons, et la viande froide puis le dessert amélioré avec quelques fruits.
Et tout cela sans frigidaire ni chambre froide, la cuisson tient une grande place dans la conservation des aliments à cette époque.
Le lundi on remet ça : un ou deux voisins, quelques jeunes, viennent démonter les guirlandes les draps, les tables, les charger sur la charrette et emballer la vaisselle. A midi avec une soupe allongée, on mange les poules accommodées avec une sauce paysanne comme on sait les faire chez les métayers. On se sépare en se promettant de se retrouver, pour les battages ou les vendanges.
Ma mémoire garde de multiples souvenirs. Pour les mariages, Mes parents me prenaient avec eux lorsqu’ils allaient aider au service. J’ai ainsi vu plusieurs fois le four à pain fonctionner, le plumage, la cuisson au four à bois, la pose des tables, en fait tout ce que je viens de vous raconter…"
Un grand merci à Aimé Boyer pour ce témoignage en 3 parties qui relate à travers ses souvenirs si précis des traditions oubliées.
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