lauragais

Publié le 2 Janvier 2020

Lauragais Agricole (40) : aller à la chasse (anar a la caça)

Dans la vie d'un paysan et d'un métayer notamment, la chasse avait une place particulière et l'usage du fusil plus largement.

La vertu première de la chasse n'était pas le loisir mais le complément intéressant de nourriture que les prises pouvaient constituer. Grives, perdrix, faisans, lièvres, lapins de garenne et d'autres encore étaient les bienvenus sur la table familiale.

Aimé B. se souvient : " Lorsque nous tuions le cochon, l'après-midi alors que les femmes s'occupaient du boudin, les hommes allaient fureter. J'ai pu voir alors que j'étais enfant plus de vingt lapins allongés sur le sol de la cuisine. Avec le lard du cochon fraîchement tué, nous faisions du pâté.

Pendant la guerre, il n'y avait pas de fusil alors nous furetions avec une bourse. J'étais très jeune et lorsque j'avais de la chance, on me confiait parfois un poste, ce dont j'étais ému et fier ! Il fallait être vigilant, prompt et réactif !"

Pour un paysan, le fusil avait aussi un rôle de protection du bétail mais aussi des récoltes. D'ailleurs des primes aux nuisibles étaient octroyées. Aimé rajoute : "Le renard, la buse, les pies, la belette étaient craints et surveillés de près. On nous payait les pattes des pies, des faucons, des buses à la paire ainsi que les queues du renard et de la belette. Cela faisait un tout petit complément à nos revenus modestes."

En effet, les dégâts occasionnés dans les clapiers ou le poulailler étaient redoutés car entraînaient des pertes sèches de nourriture et de revenus dans un système où l'autoconsommation était très développée.

Lexique cynégétique occitan :

la chasse : la caça

le fusil : le fusilh

le gibier : le gibièr

le lièvre : la lèbre

le perdreau : le perdigal o perdial

Merci à Aimé pour son éclairage ainsi qu'à Laure pour ses archives photographiques précieuses.

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Rédigé par Emile

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Publié le 1 Janvier 2020

Montage photo B.Alasset (contributions famille Nardèse, Laure P. et archives personnelles)

Montage photo B.Alasset (contributions famille Nardèse, Laure P. et archives personnelles)

Très bonne année 2020 à tous les lecteurs fidèles et contributeurs précieux de ce blog devenu participatif en 2019. Que l'an nouveau vous garde en bonne santé et nous permette de nourrir abondamment nos échanges de photos, témoignages, découvertes et documents variés autour de la mémoire agricole de ce Lauragais que nous aimons tant.

Plaisir du jour, quelques dictons de bon aloi en ce jour de l'an :

Bona annada ! Plan rosa et plan granada !

Bonne année ! Très heureuse et abondante !

 

A l'an que ven ! Se sèm pas mai, que siam pas mens !

A l'an qui vient ! Si nous ne sommes pas plus que nous ne soyons pas moins!

 

Et parce que les jours rallongent :

Les jorns alongan : per Nadal d'un pè de gal, per l'an nòu d'un pè de buòu.

Les jours allongent : pour Noël d'un pied de coq, pour l'an neuf d'un pied de bœuf

 

Al primièr de l'an, les jorns creissan d'un pan.

Au 1er de l'an, les jours augmentent d'un pan.

 

Bonne année à toutes et tous !

 

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Rédigé par Emile

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Publié le 30 Décembre 2019

Lauragais d'Autrefois (39) : inventaire d'arrivée à la métairie (2/2)

Dans le post précédent, nous avons commencé à examiner l'inventaire d'arrivée daté du 1er novembre 1953. (ici). La liste éclaire sur la façon dont on vit à cette époque dans le cadre du métayage. On y a recensé les boeufs, le grand volume de paille et de fourrage. La section matériel de l'inventaire à laquelle nous nous intéressons aujourd'hui est riche d'une quantité de mentions qui donnent une idée assez précise de l'environnement qu'Emile et sa famille investissent.

On trouve ainsi :

2 charrettes en bon état (3 à réparer au frais du patron)

1 semoir

2 brabants

1 herse canadienne

1 rouleau

2 charrues "pesant ensemble 80 kg"

Sont aussi cités, en vrac et non exhaustivement, beaucoup d'éléments du petit matériel et outillage du quotidien. Ces éléments ont trait au travail des champs mais aussi du potager et de l'élevage qui caractérisent le mode de vie en autoconsommation. On note ainsi parmi d'autres : des pelotes de ficelle, des liens en bon état et usagés, des brosses, des chaînes d'attache pour les boeufs, des tresegats (pour diriger les boeufs lors du labour, voir article ici), 3 jougs de labour, 1 joug à coulisse (qui permettait d'ajuster l'écartement entre les boeufs)

Sont également mentionnés des anduzats (pour andusac = bêche), des pelles, des fourches, 3 foussous (fossors= houes) ainsi qu'un certain nombre d'autres outils.

Lors de l'inventaire, la métairie a donc été passée au peigne fin pour bien lister tous les éléments, accessoires et outils de travail fournis à la famille de nouveaux métayers et qu'il faudrait trouver en cas de départ.

Cette liste de trois pages est éclairante sur la vie quotidienne des métayers en Lauragais au début des années 50. Un certain dénuement règne encore, on le remarque la mécanisation n'est pas une caractéristique de cette liste. Le matériel est encore hérité des méthodes traditionnelles d'exploitation essentiellement animales et manuelles. L'arrivée du tracteur notamment viendra bouleverser les pratiques et remettre en cause les façons de travailler pour une plus grande productivité et moins de peine.

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Lauragais d'Autrefois (39) : inventaire d'arrivée à la métairie (2/2)
Lauragais d'Autrefois (39) : inventaire d'arrivée à la métairie (2/2)

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Publié le 28 Décembre 2019

Lauragais d'Autrefois (38) :  Un inventaire d'arrivée à la métairie (1/2)

Dans un précédent post, nous avons évoqué la façon dont se passait les changements de métayers au mois de novembre lorsqu'un nouveau contrat était signé (ici). Parmi les tâches incontournables, il en était une minutieuse parmi d'autres : réaliser l'inventaire d'arrivée. La métairie était passée au peigne fin avec le propriétaire pour recenser chaque outil, chaque élément dans les moindres détails. Nous allons prendre pour exemple l'inventaire d'arrivée à la métairie lauragaise d'Emile qui donne un aperçu de cette méticulosité nécessaire pour les deux parties. Nous y consacrerons deux posts.

Dans un vieux cahier d’écolier, on trouve un inventaire daté du 1er novembre 1953 réalisé l’arrivée d'Emile et des siens et sans doute adossé au bail fraîchement signé.

La première page comporte dans la marge les mentions bœufs, paille, fourrage et terres.

Six bœufs se trouvent ainsi dans l’écurie. Ils figurent en tout premier dans l’inventaire. Simple hasard ou position hiérarchique dénotant le caractère fondamental des bêtes de trait pour réaliser la plupart des travaux ? Le tracteur n’est arrivé chez Emile qu’en 1957 contribuant ainsi à la diminution du cheptel qui passe de 6 à 2. 

Ces bœufs, en 1953, mentionnés par paire, sont âgés de 10, 5 et 7 ans. On précise même que l’un d’entre eux, parmi les plus âgés, présente un léger vésigon (variante de vessigon). Il s’agit le plus souvent d’une enflure qui se forme à l’articulation du genou, sorte de tumeur synoviale. Le poids de ces bœufs est indiqué (toujours pour la paire) et varie de 1390 à 1590 kg, ce qui équivaut à des bêtes de 700 à 800 kg environ.

On trouve d’ailleurs régulièrement des tickets de pesée au fil des pages des carnets (voir exemple datant de 1957).

Sont aussi évaluées avec précision les quantités de paille et de fourrage stockées dans les bâtiments à l’arrivée de la famille : 315 balles de paille et environ 225 mètres cubes de fourrage. Leur importance est d'ailleurs confortée par des références multiples dans le bail. Souvent le métayer arrivant à l’automne était venu s’assurer durant l’été précédent du bon déroulement des opérations de stockage de ces éléments précieux. En effet, la négociation des contrats était largement anticipée d’une année pour assurer une transition et une continuité les plus fluides possibles.

De la même manière une partie des terres seulement est ici inventoriée et notamment celle qui est ensemencée de fourrage grande luzerne et cela représente un peu plus de 8 hectares , l’exploitation en comporte pour rappel 38.

Dans cet inventaire, deux autres pages sont ensuite consacrées au matériel grand comme plus petit voire anecdotique où la langue française se mêle à de savoureux occitanismes… Nous y reviendrons dans un prochain post pour continuer la visite de la métairie d'Emile...

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Lauragais d'Autrefois (38) :  Un inventaire d'arrivée à la métairie (1/2)
Lauragais d'Autrefois (38) :  Un inventaire d'arrivée à la métairie (1/2)

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Publié le 21 Décembre 2019

Lauragais d'Autrefois (35) : au coin du feu (al canton del fòc)

Les métairies, bordes et ostals du Lauragais étaient construits autour d'une grande pièce à vivre dont la cheminée (la chiminièra) constituait l'élément central. Elle pouvait être, selon les maisons, assez  monumentale. Elle permettait de cuisiner, de se chauffer mais aussi de s'éclairer.

Autour du foyer, on se réunissait lors des veillées hivernales pour se réchauffer, réaliser de petites tâches - les femmes tricotaient tandis qu'on racontait des anecdotes du temps passé - ou accueillir les visiteurs pour discuter en buvant du vin chaud ou de la tisane. tout une vie vie s'organisait à la saison froide au coin du feu.

Comme c'était le cas chez Emile, parfois la cheminée avait un tirage un peu capricieux et emplissait volontiers la pièce d'une fumée qui irritait les yeux. Alors la porte était laissée entrouverte pour faciliter le courant d'air mais cela avait des conséquences notables sur la qualité de la chaleur répandue dans la pièce...

Un avaloir conséquent, posé le plus souvent sur une énorme poutre de chêne, disparaissait au plafond et se transformait en conduit de fumée pour ressortir au-dessus du faîtage de la maison.

Certains mesuraient plus de 3 mètre de long et 1 mètre 50 de profondeur. Ces cheminées étaient entourées d’objets servant à son bon fonctionnement et dont Aimé B. se souvient.

 

La cheminée et les souvenirs d’une cuisine lauragaise savoureuse

 

« La crémaillère (le cremalh) était scellée au mur arrière. C’était une chaîne équipée à son bout de deux crochets, un pour accrocher le récipient, et l’autre, pour monter ce dernier à la bonne hauteur de chauffe. L’escramalh accroché à la crémaillère avec une pièce rigide, comme une anse de seau, était une sorte de trépied, mais… sans pieds, sur lequel on pouvait poser la marmite qu’on appelait  l’ola, ou le pot à feu (le topin). Cet escramalh pouvait être utilisé au-dessus de grosses bûches contrairement au trépied. »

 

Mais les trépieds étaient souvent à proximité. « Le petit trépied était destiné à poser la casserole pour faire le café par exemple, le gros trépied servait pour le chaudron léger et celui en fonte ou en cuivre pour cuire le boudin, faire le salé qu’on appelle aujourd’hui confit sans oublier les confitures ; ce trépied accueillait aussi la lessiveuse et aussi à stériliser les conserves familiales. 

Le four de campagne était constitué d’un plateau rond fixé sur un trépied et d’un couvercle posé sur le plateau. On mettait de la braise sous le plateau et sur le couvercle, devant le feu allumé,  et à l’intérieur mijotaient deux poulets ou la dinde ou un macaroni. Ce que c’était bon ! La préposée à ces préparations devait faire face à la chaleur.

Chez nous, le four de campagne, la lessiveuse, les gros trépieds, et les gros chaudrons était entreposés dans la cave sur les barriques. N’étaient jamais très loin non plus les grilles pour la saucisse, les costelons (prononcer coustélous, plat de côtes), les moineaux…

 

Les chenets (les capfoguièrs) posés de chaque côté de la plaque en fonte empêchaient les bûches de toucher la tôle pour favoriser la circulation d’air. Ils étaient équipés sur le devant, de crochets pour supporter la pique du tournebroche. J’ai d’ailleurs vu fonctionner dans mon enfance le tournebroche mécanique, un appareil ni rond ni carré, il y avait une manivelle qu’il fallait tourner, de temps en temps. Je me souviens de ce bruit, c’était le même cliquetis que la pendule dans la cuisine quand mon père la remontait.

C’est appareil faisait tourner une pique enfilée dans une pièce de viande posée sur les crochets des chenets devant le feu.  De temps en temps, la mémé (la menina) arrosait avec une louche (la còça) à long manche. Il faisait chaud devant le feu. .      

 

A proximité, bien sûr, le nécessaire était à disposition pour attiser le feu. Les pinces (las mordassas) pour manipuler les braises, la pelle à feu (la rispa)  un petit balai (l’engranièra) et le soufflet (le bufet) pour relancer le feu.

Parfois assis sur une caisse à sel, l’ancien était occupé à décortiquer des rafles de maïs qu’on appelait charbons blancs (les cocarilhs ou cocarèls).

Enfin chez nous, il y avait aussi une niche creusée au départ de l’avaloir dans laquelle demeurait une boite en fer, qui contenait des gâteaux faits maison. Il fallait prendre quelques risques pour arriver à en chiper un. »

 

Sur l’étagère (la laissa) posée au-dessus du linteau de la cheminée, trônaient des conserves, des boites de bouillon Kub remplies de gâteaux,, un crucifix, l’eau de vie ou encore les chandeliers, les lampes à pétrole à portée de main. Devant cette étagères était attaché avec des punaises un rideau (la panta ou cortina) égayé de motifs variés : fleurs, fruits ou encore formes géométriques. Cela permettait de dissimuler la grosse poutre noircie par la fumée au fil du temps et donnait en rentrant dans la pièce un air accueillant. »

 

Et grâce à la fée électricité, la lumière fut...

 

« Pour s’éclairer, le soir, la cheminée était une aide précieuse et puis il y avait quelques chandelles, une lampe à pétrole, une lampe tempête réservée souvent  pour aller prodiguer les soins aux animaux et aussi une lampe à carbure qui servait pour le vélo ou aller chercher des escargots », précise Aimé. « Elle était alimentée avec du carbure de calcium et de l’eau mais quand on était trop loin de la maison sur le chemin, il pouvait arriver qu’à défaut d’eau,... on fasse pipi dedans… système D. »

Et puis un jour, au crépuscule des années 30, vers 1937 ou 38 Aimé se souvient avoir vu arriver dans la cour de la ferme une équipe d’ouvriers venue poser les pylônes. L’électricien a ensuite installé une douille avec une ampoule dans l’écurie, une dans la cuisine ainsi qu’une une prise électrique.

« Après souper, à la tombée de la nuit, mon père s’est levé de table pour voir si cela fonctionnait. Il a tourné l’interrupteur, et la lumière a rempli la pièce ne laissant plus aucun coin d’ombre. Devant ce miracle technique, ma mère et mon arrière-grand-mère se sont levées et ont dit une prière. Ce moment reste pour moi un souvenir impérissable. »

La cheminée en a gardé ses fonctions essentielles de chauffage et de support de cuisine mais l’âtre rougeoyant a alors été sans doute moins sollicité pour la lumière ondoyante qui pouvait en émaner.

 

Merci une nouvelle fois à la famille Nardèse pour ses photos formidables et à Aimé pour ses anecdotes précieuses.

 

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Lauragais d'Autrefois (35) : au coin du feu (al canton del fòc)

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Rédigé par Emile

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Publié le 7 Décembre 2019

Lauragais d'Autrefois (32) : Journal d'un semeur d'antan (le semenaire)

Emile évoque les semailles dans ses carnets, une période de l'année cruciale surtout à l'heure où les assolements comportaient beaucoup de blé. La météo de novembre et décembre était alors - et encore aujourd'hui - une inquiétude vive. Ne pas semer trop en retard... Cette évocation a fait resurgir quelques souvenirs. Voici ceux d'Aimé du temps où l'on semait à la main et qu'il a eu l'amabilité de m'adresser.

 

Les semences :

Dans les années 40 et 50, les agriculteurs  produisaient leurs propres semences. "Nous faisions des échanges entre nous. Il y avait aussi quelques négociants qui passaient dans les fermes et proposaient des semences de blé de la Beauce. Ils nous disaient que c'étaient des blés à grand rendement, sourit-il. Ce qu'il ne nous disaient pas bien-sûr, c'est nous n’avions pas le potentiel pour produire ! Nous n'avions ni l'engrais, ni les semoirs adaptés, ne les produits nécessaires mais c’était un espoir auquel nous nous raccrochions. Nous le voyons tous les jours avec  les carnets d'Émile, le tournant était bel et bien négocié. Avant les années 50 nous ne parlions pas surface, c'étaient des arpents, le journal."

 

Les rendements  :

"Si, aujourd’hui, on parle de quintaux/hectare, à l'époque on connaissait presque le nombre de grains de blés à l’hectare.  On parlait de semences : un sac de blé 80 kilos, c’était le poids spécifique recherché pour commercialiser le blé. Par exemple 80 kilos produisaient  plus ou moins 8 sacs de semence à 80 kilos, 640 kilos donc.  Plus ou moins. Je ne saurais dire ce que ça représentait en termes de surface."

 

Le journal :

C'était une évaluation du temps qu'il fallait pour ensemencer un champ ou une surface donnée à la main.  Un grand champ pouvait contenir un certain nombre de journées d'homme à semer. C'était une vieille notion qui a parfois perduré tant que les mesures de semences ne pouvaient servir.

"Notre journal en Lauragais variait. Semé à la main, tributaire du vent, du terrain sec ou mou et de tant d'autres facteurs. reprend Aimé. Les chaussures étaient des sabots (les esclòps  en occitan) qui ramassaient facilement la boue, ralentissaient la marche surtout dans les champs en pente du Nord Lauragais. Cela ne facilitait pas l'avance du semeur"

 

Les jalons :

Ils étaient faits avec les jambes de maïs (las cambòrlas) que les animaux avaient nettoyées de leurs feuilles. Ils étaient plantés à chaque bout du champs, parallèlement au fossé. "Quand les champs étaient rectangulaires ou carrés, pas de problème. Pour les autres formes trapézoïdales, triangulaires ou biscornues, c'était parfois plus compliqué."

 

Le semis :

"Nos jalons en place, il fallait s’occuper du blé ou de l'orge ou de l'avoine. Ils constituaient l'essentiel de notre assolement d'alors. D'abord on montait au grenier pour en descendre la quantité de grain programmée pour la journée de semis.  Ce blé qui avait été passé au trieur à grain ambulant était étalé. On faisait un mélange de vitriol et d'eau - à vertu fongicide - que l’on vidait sur le tas et il était mélangé comme du mortier. Nous étions alors prêts pour semer."

Le sac de blé posé sur la canadienne, une bouteille dans la musette pour la soif, le semeur était prêt. "On n’allait pas chez le docteur, mais on savait qu’il fallait boire. Je préparais ensuite le semenador (prononcer semenadou) : une sache en jute, une petite corde attachée à l’angle bas du sac, et l’autre bout à l’angle de la gueule du sac qui contenait une quantité de blé suffisante pour faire l’aller retour. Ce semenador  (voir reconstitution photo) était posé de façon à être divisé en deux sur le bras.

 

Le rythme et le geste du semeur :

"Nous y allons. On prend position devant le premier jalon en imaginant une ligne virtuelle avec le jalon. On commence par jeter un peu de blé autour de soi pour combler la marge. Et en avant, d'un pas régulier, ni trop grand, ni trop petit. Une fois le rythme pris, ça devenait presque mécanique. D'ailleurs ce n’était pas si désagréable. Quand le pied gauche touchait le sol, le bras droit partait en un geste large comme une demi-lune. Autant vous dire que lorsque cela durait une journée entière, le soir, on n’avait pas besoin de compter les moutons pour s’endormir.

Personnellement, je n’étais pas un champion. Je ne lâchais pas le blé régulièrement. Et au printemps, ça faisait des tas ou des ondulations. Et bien-sûr les voisins ne manquaient pas de me le signaler en riant, surtout les anciens, mais c'était bon enfant.

Ensuite, pour couvrir  il y avait aussi la herse  et quand le temps le permettait, on terminait en passant le rouleau en bois."

 

 

Merci à Aimé B. pour sa précieuse collaboration et ses souvenirs savoureux et tellement précis.

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Reconstitution du semenador par Aimé B.

Reconstitution du semenador par Aimé B.

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Publié le 24 Novembre 2019

Dans les années 50, même si le mode d’autoconsommation est encore très prononcé, la nécessité de se déplacer pour une famille de métayers se fait ressentir chaque jour un peu plus.

Paulette D. nous explique : "Nous produisions beaucoup de ce que nous mangions mais bien-sûr qu'il nous fallait nous déplacer... Que ce soit pour aller prêter main forte aux voisins ou à la famille pour certains travaux, prévenir le médecin qu'on avait besoin de son diagnostic pour l'arrière grand-mère souvent malade ou pour les enfants... Il fallait aussi aller vendre des produits sur les différents marchés, les lapins, les pigeons, les œufs... Nous allions essentiellement à Castelnaudary le lundi mais aussi parfois à Villefranche, Revel ou Puylaurens même si cela était moins fréquent."

Négocier la vente ou l'achat de boeufs, rencontrer des acheteurs lors des foires, passer des commandes à la coopérative agricole, faire parfois quelques achats en ville, amener les enfants à l'école, aller prier, aller à la pêche, les déplacements motivés par des raisons liées à la vie familiale ou à la vie professionnelles étaient nombreux.

Alors comment s'y prenait-on ? "Nous essayions d'optimiser les sorties. Lorsque l'un d'entre nous partait pour le marché de Castelnaudary, il passait également à la C.A.L. (Coopérative Agricole Lauragaise) pour les affaires et au retour chez le forgeron par exemple si cela était nécessaire.", reprend Paulette.

Dans sa famille, faute de moyens suffisants et, peut-être  défaut d'être complètement convaincus de son absolue nécessité, la décennie entière, celle des années 50, se fera sans que la voiture automobile n'entre dans la cour de la ferme. Cela nécessitait un investissement financier assez conséquent et un peu de temps pour obtenir le permis de conduire.

"Pour aller au village, visiter la famille, aller à la messe, on marchait beaucoup à pied. Cela ne nous posait pas de problème, nous étions habitués. Lorsque mes parents étaient jeunes au début du siècle, se souvient-elle encore, ils marchaient même les pieds nus avec leurs chaussures dans leur panier et ne les mettaient qu'avant d'arriver au village pour ne pas les user. Nous faisons attention à tout. Nous n'étions pas très fortunés et prenions grand soin du peu que l'on avait"

Mais il y a aussi la bicyclette. On en dispose d'une ou deux selon les métairies, il n'y en a pas une pour chacun. Elles sont munies de sacoches pour transporter un peu de matériel ou quelques petits animaux que l'on aurait vendus ainsi que d'une porte-bagage qui permettait d'avoir un passager.

"Pour les déplacements représentant des distances plus conséquentes, on avait parfois recours à la moto, se souvient Paulette, on en possédait une qui n'était pas de première jeunesse mais elle rendait de grands services. C’étaient les hommes qui la pilotaient. Et même la ménine (l’arrière grand-mère) jusqu'à un âge très avancé était passagère pour se rendre en visite chez sa fille qui habitait le village voisin. Parfois c'était tout une organisation. Par exemple, lorsque nous étions invités à une fête locale par la famille, mes beaux-parents prenaient la moto pour y aller dîner (nb: le repas de midi en Occitanie) pendant que nous nous occupions des animaux et de la métairie et le soir, à leur retour, c'est nous qui prenions la moto pour aller souper chez nos hôtes et profiter du bal."

Elle explique également : "Nous, les femmes de la maison, avions une certaine autonomie pour nous rendre à Castelnaudary, au marché par exemple, grâce à la ligne de bus qui s'arrêtait au bord de la route départementale qui longeait la métairie. On pouvait aussi aller l'attendre au village voisin. Le chauffeur autorisait les passagers à mettre en soute une panière ou deux contenant lapins, pigeons, poules ou poulets que nous souhaitions vendre."

Aimé rajoute : "Oui, c'est comme cela que j'ai vécu cette période 54-65 moi-aussi . L’autobus avait une remorque pour porter les veaux... Pour les cochons c'était plus compliqué, les volailles étaient  dans les paniers posés sur l'impériale du bus. On n'était pas malheureux."

Et puis, la famille s'agrandissant, la situation est devenue plus complexe pour Paulette et son mari qui avaient deux fillettes en bas-âge. Pour se rendre dans la belle-famille tous ensemble, c'est le frère de Paulette qui venait récupérer tout le monde en voiture pour les ramener ensuite.

"Au tout début des années 60, mon mari a passé son permis de conduire à son tour et la famille a acheté une automobile, 4 ou 5 ans après le premier tracteur. C'est une liberté nouvelle que nous avons trouvée là. Évidemment, les temps de trajets ont considérablement réduit et les déplacements ont été grandement facilités. Mais pour autant, les vélos et la moto n'étaient jamais loin. Nous les avons gardés et ils ont continué à nous être très utiles."

 

Chez Aimé aussi, la famille s'est agrandie aussi a-t-il fallu prendre des décisions : "J'avais un scooter, j'ai acheté ma première auto en 64! Nous avons eu des jumeaux qui ont étés placés en couveuse à Montauban. Il a bien fallu aller les voir, ces petits. Les grands-mères, les grands-pères, tout le monde voulait les voir. J'ai acheté une B 14 Sport d'occasion qui n'avait pas roulé depuis longtemps. Aussi, à cause des durites, de Caraman à Montauban, j'ai fait connaissance avec pas mal de mécanos sur le trajet ! Il y avait même une courroie de mobylette au ventilateur. S'il y en a qui vont à l'aventure, nous c'est l'aventure qui est venue à nous !"

 

Mise à jour du 24 novembre 2019

Merci à la famille Nardèze pour le partage de ses trésors photographiques et à Paulette D., ma grand-mère, pour son témoignage ainsi qu'à Aimé B. pour sa précieuse collaboration.

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Publié le 23 Octobre 2019

Près de la cour de la ferme, le crib est prêt à accueillir le maïs récolté.

Près de la cour de la ferme, le crib est prêt à accueillir le maïs récolté.

Grâce aux photos de la famille Nadèse, des photos confiées par Serge et d'un témoignage confié par Aimé, nous llons consacrer quelques posts à la récolte et au stockage du maïs. A suivre ici dans les jours à venir...

Si vous aussi avez des documents, des témoignages, des éléments à ce sujet, n'hésitez pas à nous les adresser pour publication et partage (lauragais@lescarnetsdemile.fr).

Merci à Berthe pour la photo.

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Pour retrouver facilement ces posts et les voir dans leur ensemble vous pourrez cliquer sur la nouvelle catégorie du blog : Lauragais agricole d'autrefois ou sur l'onglet en haut de page. Ils seront également écrits en bleu pour les distinguer des posts du quotidien de la vie d'Emile.

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Publié le 16 Octobre 2019

Lauragais d'Autrefois (24) : l'âme du vin (se sovenir del vin)

Le temps y est suspendu... Dans la vieille cave, entre ombres et lumières, de vieux pressoirs ou ce qu'il en reste témoignent de l'activité vinicole passée. De l'existence, jadis, de ce vin du Lauragais.

Le bois des vieux tonneaux est sec depuis belle lurette ; la cuve esseulée résonne, vide... Cette odeur si caractéristique des lieux du vin flotte encore un peu dans l'air... On pourrait même s'attendre à voir surgir les vignerons bruyants au coin de la porte déchargeant les comportes... Pourtant au dehors, sur les coteaux, plus un cep de vigne ne subsiste. Ni vendange, ni vendangeurs...

Souvenirs des automnes d'autrefois...

Merci à Laure pour le partage de ses jolies photos.

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Rédigé par Emile

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Publié le 14 Septembre 2019

Le Lauragais d'Autrefois (15) : Le Lauragais des moulins/Le Lauraguès dels molins

Ces lignes ont déjà été publiées ici. Je vous les propose à nouveau enrichies des photos confiées par Serge A.

En 1959, lorsque Emile rédige les pages publiées ici actuellement, il n'y a guère plus de métayers dans le Lauragais. Les grandes heures des moulins sont déjà, elles-aussi, au rang des souvenirs.

S'il évoque pourtant fréquemment dans ses lignes le Moulin du poivre, ce n'est que pour évoquer les terres qui entourent les ruines de ce moulin qu'Emile travaille.

S'il était nommé ainsi, ce moulin, ce n'est pas parce que le meunier (le molinier en occitan)  moulait cette épice. C'est parce qu'il "se faisait du poivre", c'est à dire beaucoup de souci car son moulin n’était pas l'un des mieux exposés aux vent dominants, Cers et Autan.

Les collines du Lauragais était hérissées quelques décennies plus tôt de nombreux moulins qui connaissaient une activité considérable jusqu'au début du XXe siècle. Le meunier était d'ailleurs un personnage prestigieux de la vie locale. En effet, les moulins jouaient un rôle essentiel dans la vie sociale et économique du Lauragais. Les farines de blé et, dans une moindre mesure, de maïs étaient prépondérantes dans la nourriture quotidienne. Le pain, le millas pour ne citer qu'eux en étaient des éléments centraux.

D'un moulin à l'autre, les meuniers, parfois à l'aide de longues vues, observaient les actions de leurs homologues sur les toiles tendues ou repliées sur les ailes, ce qui constituait de précieuses indications sur l'évolution des vents parfois si capricieux qui, d'alliés et de force motrice, pouvaient devenir ennemis et source de dégradations sur l'outil de travail. La vigilance du meunier était constante, l'inquiétude de tous les instants...

Le déclin des moulins lauragais s'est enclenché au moment de la 1ère guerre mondiale et s'est encore renforcé avec l'apparition des concasseurs électriques dans les décennies suivantes.

Un regain de l'activité des meules de pierre a pourtant eu lieu lors de le 2nde guerre mondiale. Les meuniers sont ainsi remontés aux ailes. Les concasseurs électriques, mis sous scellés, les moulins sont devenus des outils de travail contrôlés par des perquisitions de gendarmerie et des autorisations de moulage strictes. Cela n'a pas empêché le développement de fraudes, pour contourner la rigueur des tickets de rationnement. De nuit, lorsqu'on le pouvait on apportait un peu de blé pour pouvoir échanger de la farine auprès du boulanger contre un peu de pain. On s'y rendait par des chemins détournés, jamais le même, la peur au ventre de tomber sur un éventuel contrôle.

Après la guerre, le déclin des moulins s'est accéléré. Pour ne plus payer la patente d'une activité qui ne suffisait plus à faire vivre les familles de meuniers, certains ont démonté aux-mêmes les ailes et les toits de leurs moulins, se tournant vers l'agriculture et quittant à regrets leurs outils de travail qui, peu à peu, ont continué  se délabrer. Certains ont été rasés, d'autres restent encore fièrement dressés, privés de leurs ailes, se fissurant lentement comme pour rappeler le labeur d'antan des moliniers si directement lié à l'activité agricole.

Regardez bien en traversant le Lauragais, ils sont encore là, saluant notre passage et nous susurrant de nous souvenir encore un peu de leurs ailes absentes qui battaient l'air pour "faire farine" comme on disait alors.

Lexique occitan :

le moulin : le molin

le meunier : le molinier

les ailes : las alas, las telas

la meule : la mòla

le blé : le blat

le maïs : le mil

L'avoine : la civada

Sur ce sujet, on pourra lire le passionnant ouvrage de Jean et Huguette Bézian, Les grandes heures de moulins occitans, Plon, Terre Humaine, 1994, recueil de témoignages de meuniers très éclairants sur l'évolution ce métier disparu et fourmillant d'anecdotes.

Je remercie encore Serge pour les clichés des moulins de Baziège qu'il m'a transmis pour les partager avec vous.

Ce post fait partie de la série sur le Lauragais agricole d'autrefois. Vos contributions seront les bienvenues comme rappelé dans ce post-ci : Ecrivons ensemble le Lauragais agricole d'autrefois (cliquer dessus)

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Le Lauragais d'Autrefois (15) : Le Lauragais des moulins/Le Lauraguès dels molins
Le Lauragais d'Autrefois (15) : Le Lauragais des moulins/Le Lauraguès dels molins

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Rédigé par Emile

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Publié le 25 Août 2019

Les Carnets d'Emile sont les souvenirs de travail - pour l'essentiel - d'un métayer qui consignait chaque soir, au terme de sa journée de labeur, non seulement le relevé de ses activités mais aussi les conditions météorologiques ou encore quelques événements familiaux.

Ce témoignage est rendu exceptionnel aussi bien par sa densité que par sa rareté... Densité car cet homme, dans la continuité de son père, a écrit chaque jour de sa carrière son travail de paysan, saison après saison, année après année, avec des mots simples, une écriture soignée et une constance remarquable. Rareté car il n'est pas si fréquent dans le monde paysan des années 50 qu'un métayer s'intéresse à l'écrit et s'astreigne avec une telle régularité à cet exercice. Le caractère exceptionnel est encore renforcé par le fait que la métayage est, au milieu du XXe siècle, un mode d'exploitation déjà presque obsolète (seulement 3,4% des exploitations en 1954 selon l'INSEE).

Cet homme, c'était notre grand-père. Il ne s'appelait pas tout à fait Emile mais il était si pudique qu'on comprendra qu'on lui conserve ici son anonymat. C'était un taiseux mais un taiseux qui écrivait. Alors, bien-sûr, on ne trouvera pas au longe des pages d'envolées lyriques pas plus que colériques : quelle que soit la situation, les sentiments, on ne les dit ni ne les écrit, on les tait. On ne s'intéresse qu'aux faits puisque ces carnets ont une fonction réelle, celle d'être une mémoire de travail à laquelle on se réfère souvent.

Et puis qu'importent les lieux pas tout à fait précis, les noms anonymés, ce qui compte c'est la force de son témoignage. Elle se révèle intacte dépeignant par petites touches au fil des lignes noircies dans de vieux cahiers d'écolier toute la difficulté d'être un miéjaïre. Quand on est un métayer, on partage le produit des quelques hectares qu'on travaille avec leur propriétaire. Les petites parcelles viennent se nicher entre les coteaux joufflus du Lauragais et la rigole qui serpente vers le partage des eaux à Naurouze. Aussi, pour faire vivre les 4 générations qui habitent sous le même toit, il faut déployer une énergie sans pareille et que chaque membre de la famille participe de la petite entreprise. L'élevage permet de se nourrir et de compléter les revenus ; le potager lui, se déploie en des dimensions conséquentes.

C'est tout cela qu'Emile écrit en creux : le portrait d'un Lauragais aujourd'hui disparu, l'esquisse d'un métier exigeant empesé de ses traditions qui voit pourtant les progrès se multiplier au coeur des années 50. L'exploitation dans le cadre du métayage y accèdera mais à un rythme nettement plus lent.

Ces carnets ont longtemps reposé sur les étagères familiales, ils permettent ici, sous la forme d'un petit blog, d'évoquer ce Lauragais d'autrefois dont les paysages actuels portent encore les traces. Un dialogue à travers le temps...

S.

Les Carnets d'Emile ou les souvenirs de mon grand-père dans le Lauragais des années 50
Les Carnets d'Emile ou les souvenirs de mon grand-père dans le Lauragais des années 50
Les Carnets d'Emile ou les souvenirs de mon grand-père dans le Lauragais des années 50
Les Carnets d'Emile ou les souvenirs de mon grand-père dans le Lauragais des années 50

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Rédigé par Emile

Publié dans #Lauragais, #Tradition, #Métayage

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Publié le 10 Août 2019

On l'aura compris à le lire ici chaque jour, Emile parle et écrit un français de très bonne qualité. Il a du goût pour cela sans doute transmis par son père qui lui aussi, doté d'un esprit curieux, aime lire, écrire, faire des essais. Si Emile reste dans un exercice factuel qui consiste à relater les faits de son quotidien de travail, dorment aussi sur l'étagère des cahiers de Joseph, son père, qui datent des années 30. On y trouve non seulement des croquis mais des tentatives poétiques, des essais de chansons essentiellement tournés vers le sentiment amoureux...

Dans les écrits du quotidien d'Emile, on trouve cependant quelques occitanismes. Ils peuvent être relatifs aux outils par exemple. Ainsi l'andusac remplace avantageusement la bêche, le terme de fosso (qu'il écrira comme on le prononce en occitan : foussou) est préféré à celui de houe. On trouve aussi quelques syntaxes héritées de l'occitan. La place de l'adjectif y est parfois similaire : il parle par exemple de "la vache vieille" pour la distinguer des autres et non de "la vieille vache".

Le Lauragais, au cœur de l'Occitanie, est évidemment le royaume de la langue occitane, l'occitan languedocien pour être précis. Au quotidien, la langue parlée dans les fermes, les métairies comme celle d'Emile est encore majoritairement teintée d'occitan. Alors, bien-sûr, les lois Ferry ont contribué à l'enseignement de la langue française à l'Ecole et les instituteurs de la première moitié du XXe siècle ont veillé à bouter le dénommé "patois" hors la classe et même, lorsque c'était possible hors de la cour de récréation. Son utilisation accidentelle ou dissimulée parfois maladroitement pouvait conduire à des sévères sanctions ou punition.

Mais dans les campagnes lauragaises, les échanges se font en occitan encore en 1958. Emile parle le languedocienn avec ses parents, ses grands-parents, sa femme, ses amis paysans. Cette langue très imagée où roulent les r et dont le sel est faite d'expressions idiomatiques savoureuses. Par contre, on veille à parler français aux enfants. Une attention scrupuleuse est portée à leur scolarité et à la maîtrise de l'orthographe et de la grammaire françaises. On parle aussi le français, sans difficulté, à l'extérieur avec le médecin, l'administration, le propriétaire. Le passage d'une langue à l'autre se fait sans même que l'on s'en rende compte.

De cet occitan, on ne connait cependant que la langue orale et on n'en maîtrise pas l'écrit. On rit parfois aux facéties de La Catinou et de son Jacouti, les héros de Charles Mouly, publiées dans les colonnes de La Dépêche du Midi qu'on achète de temps à autre.

Aujourd'hui encore, même s'il est en devenu marginal, l'occitan vient colorer la langue quotidienne du Lauragais. Dans certaines écoles, les élèves y sont initiés. Superflu ? On ne prendra qu'un seul exemple : une langue ayant une racine commune avec le français et dont on prononce les -s finaux du pluriel n'a-t-elle rien à apporter à l'apprentissage de ce dernier ? Et d'ailleurs n'est-il pas capital de protéger, préserver et faire vivre ce patrimoine immatériel qu'est cette langue belle ?

Des Carnets d'Emile, en tout cas, la réponse semble surgir d'entre les lignes...

 

Français et occitan mêlés, la langue belle d'Emile et les siens en 1959

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Rédigé par Emile

Publié dans #Lauragais, #Occitanie, #Occitan

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Publié le 23 Juillet 2019

En 1959, lorsque Emile rédige les pages publiées ici actuellement, il n'y a guère plus de métayers dans le Lauragais. Les grandes heures des moulins sont déjà, elles-aussi, au rang des souvenirs.

S'il évoque pourtant fréquemment dans ses lignes le Moulin du poivre, ce n'est que pour évoquer les terres qui entourent les ruines de ce moulin qu'Emile travaille.

S'il était nommé ainsi, ce moulin, ce n'est pas parce que le meunier (le molinier en occitan)  moulait cette épice. C'est parce qu'il "se faisait du poivre", c'est à dire beaucoup de souci car son moulin n’était pas l'un des mieux exposés aux vent dominants, Cers et Autan.

Les collines du Lauragais était hérissées quelques décennies plus tôt de nombreux moulins qui connaissaient une activité considérable jusqu'au début du XXe siècle. Le meunier était d'ailleurs un personnage prestigieux de la vie locale. En effet, les moulins jouaient un rôle essentiel dans la vie sociale et économique du Lauragais. Les farines de blé et, dans une moindre mesure, de maïs étaient prépondérantes dans la nourriture quotidienne. Le pain, le millas pour ne citer qu'eux en étaient des éléments centraux.

D'un moulin à l'autre, les meuniers, parfois à l'aide de longues vues, observaient les actions de leurs homologues sur les toiles tendues ou repliées sur les ailes, ce qui constituait de précieuses indications sur l'évolution des vents parfois si capricieux qui, d'alliés et de force motrice, pouvaient devenir ennemis et source de dégradations sur l'outil de travail. La vigilance du meunier était constante, l'inquiétude de tous les instants...

Le déclin des moulins lauragais s'est enclenché au moment de la 1ère guerre mondiale et s'est encore renforcé avec l'apparition des concasseurs électriques dans les décennies suivantes.

Un regain de l'activité des meules de pierre a pourtant eu lieu lors de le 2nde guerre mondiale. Les meuniers sont ainsi remontés aux ailes. Les concasseurs électriques, mis sous scellés, les moulins sont devenus des outils de travail contrôlés par des perquisitions de gendarmerie et des autorisations de moulage strictes. Cela n'a pas empêché le développement de fraudes, pour contourner la rigueur des tickets de rationnement. De nuit, lorsqu'on le pouvait on apportait un peu de blé pour pouvoir échanger de la farine auprès du boulanger contre un peu de pain. On s'y rendait par des chemins détournés, jamais le même, la peur au ventre de tomber sur un éventuel contrôle.

Après la guerre, le déclin des moulins s'est accéléré. Pour ne plus payer la patente d'une activité qui ne suffisait plus à faire vivre les familles de meuniers, certains ont démonté aux-mêmes les ailes et les toits de leurs moulins, se tournant vers l'agriculture et quittant à regrets leurs outils de travail qui, peu à peu, ont continué  se délabrer. Certains ont été rasés, d'autres restent encore fièrement dressés, privés de leurs ailes, se fissurant lentement comme pour rappeler le labeur d'antan des moliniers si directement lié à l'activité agricole.

Regardez bien en traversant le Lauragais, ils sont encore là, saluant notre passage et nous susurrant de nous souvenir encore un peu de leurs ailes absentes qui battaient l'air pour "faire farine" comme on disait alors.

Lexique occitan :

le moulin : le molin

le meunier : le molinier

les ailes : las alas, las telas

la meule : la mòla

le blé : le blat

le maïs : le mil

L'avoine : la civada

Sur ce sujet, on pourra lire le passionnant ouvrage de Jean et Huguette Bézian, Les grandes heures de moulins occitans, Plon, Terre Humaine, 1994, recueil de témoignages de meuniers très éclairants sur l'évolution ce métier disparu et fourmillant d'anecdotes.

Sur les vents du Lauragais, on pourra relire ce post : Le Lauragais, pays des vents

Le même moulin. En arrière plan, on distingue... les éoliennes du parc avignonétain.

Le même moulin. En arrière plan, on distingue... les éoliennes du parc avignonétain.

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Rédigé par Emile

Publié dans #Lauragais, #Tradition, #Occitanie, #Occitan

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Publié le 20 Juillet 2019

Lauragais d'autrefois (1) : être ingénieux, assurer les tâches du quotidien

Ce cliché représente un moulin à farine fabriqué par le père d'Emile au début des années 50. La force motrice en était le vent (on distingue les ailes), il était installé sur une charrette pour pouvoir être déplacé, réorienté, mis à l'abri.

Ce post constitue le premier de la série sur le Lauragais agricole d'autrefois. Vos contributions seront les bienvenues comme rappelé dans ce post-ci : Ecrivons ensemble le Lauragais agricole d'autrefois (cliquer dessus)

Pour retrouver facilement ces posts et les voir dans leur ensemble vous pourrez cliquer sur la nouvelle catégorie du blog : Lauragais agricole d'autrefois ou sur l'onglet en haut de page. Ils seront également écrits en bleu pour les distinguer des posts du quotidien de la vie d'Emile.

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Publié le 15 Mai 2019

Il y a 3 ans naissait ce blog basé sur la seule idée de faire sortir de leurs étagères les Carnets d'Emile. lls sont le témoignage rare d'une vie d'autrefois, la vie d'un métayer et de sa famille. 

Cette vie est, dans les années 50, encore très marquée par les traditions, l'autoconsommation, des techniques de travail en évolution lente quand l'agriculture fait pourtant des progrès considérables. Le métayage est un contexte particulier qui pousse le travailleur à être vigilant, à économiser chaque denier pour mieux faire vivre les siens.

Les traces de ce Lauragais d'autrefois subsistent encore par petites bribes dans les paysages actuels. Il suffit de les chercher un peu.

Merci pour votre fidélité à ce blog. N'hésitez pas à faire connaître Les Carnets d'Emile autour de vous.

www.lescarnetsdemile.fr  et sur Twitter : @carnetsemile

Pour retrouver le tout premier post des Carnets cliquez ci-après : Mardi 15 mai 1956

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Rédigé par Emile

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Publié le 9 Janvier 2019

Rédigé par Emile

Publié dans #Lauragais, #Métayage, #Occitanie

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Publié le 31 Décembre 2018

1958 : une année se termine à la métairie lauragaise d'Emile, des évolutions se dessinent

L'agenda, offert à Emile par des amis, se referme en ce 31 décembre 1958.

C'est la première année complète durant laquelle les travaux de la métairie ont pu être pris en charge par le tracteur. Il a été acheté par le patron en octobre 1957, pour mémoire.

Cela allège certaines tâches qui ne prennent plus autant de temps qu'auparavant, la préparation des terres en général et les labours notamment. Elles sont devenues moins pénibles pour le métayer. Cependant, les bœufs -  s'ils sont moins sollicités et moins nombreux (on est passé de 6 à 2 en début d'année civile) - n'ont pas perdu toute leur utilité. Tirer les charrettes de fourrage, labourer les bords ou les endroits difficilement accessibles constituent autant de tâches qui leur reviennent encore. Et pendant qu'un homme travaille avec le tracteur, un autre peut réaliser en parallèle grâce à la traction animale d'autres travaux.

Le tracteur, on l'a vu, tombe en panne de temps à autre, nécessite réglages et révisions, fait montre de caprices mécaniques et génère ainsi quelques imprévus contrariants dans l'emploi du temps.

Le rythme des saisons, les 4 grandes ordonnatrices de l'agenda du travailleur, lui est immuable : le bois de chauffage, la vigne, les fenaisons, les semailles, les moissons, l'entretien du potager, l'élevage des bêtes pour la consommation familiale et la vente ont continué à battre leur incontournable mesure au fil des mois et des caprices du temps.

Ainsi, la famille s'active, la famille s'affaire pour se nourrir, pour joindre les deux bouts, compléter les revenus un peu maigres d'une terre dont on partage dépenses et recettes à moitié. Ainsi tous courent du marché au champ et du poulailler à la vigne en se répartissant les tâches, en surmontant les contretemps, en accueillant avec plaisir l'aide ponctuelle de la famille et des voisins, en apportant la leur à ces mêmes personnes pour les travaux d'envergure.

Déjà 1959 se dessine. Quelles péripéties, quels progrès nouveaux apportera-t-elle dans son sillage ?  Ce n'est pas un agenda mais un cahier d'écolier dans lequel Emile s'est astreint à noter chaque jour les rituels et que nous découvrirons ensemble ici au fil des jours, soixante ans plus tard.

Que tous les lecteurs fidèles de ce blog modeste soient ici chaleureusement remerciés pour leur lecture, leurs contributions, leurs remarques constructives, l'aide apportée pour faire découvrir cet endroit à d'autres et leurs témoignages chaleureux.

Nous continuerons ainsi, en 2019, à explorer ici la vie des métayers dans le Lauragais d'antan si proche de nous et pourtant déjà si lointain...

 

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Rédigé par Emile

Publié dans #Occitanie, #Lauragais

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Publié le 27 Décembre 2018

Vivre à la métairie en 1958Vivre à la métairie en 1958
Vivre à la métairie en 1958
Vivre à la métairie en 1958Vivre à la métairie en 1958

Quatre générations vivent à la métairie dans le Lauragais audois : chaque membre de la famille contribue à l'économie familiale. Une femme est dévolue à la cuisine, une autre s'occupe des nombreux animaux qu'on élève pour se nourrir et compléter les revenus, le père d'Emile s'il participe aux travaux des champs veille aussi avec beaucoup d'attention au potager d'une dimension considérable car on consomme ce que l'on produit.

Les récoltes sont partagées à moitié avec le propriétaire de la terre. La famille d'Emile est une famille de miejaïres, c'est ainsi qu'on appelait les métayers en occitan (ceux qui partagent à moitié). Le jardin potager, les animaux, le travail des champs sont ainsi dessinés entre les lignes écrites par Emile. La vie du travailleur va prendre un tour nouveau avec l'arrivée du tracteur dans la cour de la ferme en octobre 1957. Ce sont aussi ces évolutions agricoles, certes lentes dans le cadre du métayage, que l'on peut lire dans les carnets.

Emile délivre au quotidien et d'une plume factuelle la vie de travail de tous les siens. Ainsi n'y exprime-t-il jamais ses émotions car ses carnets tiennent lieu de journal de bord de l'exploitation, de mémoire écrite familiale qu'on consulte à intervalles réguliers à la recherche de la date des semis, de l'achat ou du ferrage des boeufs, de la venue du vétérinaire ou d'un événement particulier tel que mariage ou décès...

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Rédigé par Emile

Publié dans #Lauragais, #Tradition

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Publié le 10 Décembre 2018

image d'illustration

image d'illustration

La métairie dans laquelle vivent Emile et les siens est bâtie sur le modèle le plus répandu dans le Lauragais. L’habitation et les dépendances, en pierre, sont ainsi construites dans la longueur, en un seul corps. Le facteur climatique prévaut : la construction est orientée d’Ouest en Est dans le sens des vents dominants, Cers et Autan.

Le corps principal du bâtiment, présente une large porte à 2 battants qui permet d’accéder à l'étable, après avoir traversé latéralement un couloir. L'étable accueille les 6 bœufs de trait (puis deux seulement après l'arrivée du tracteur), ainsi que quelques vaches, veaux., repoupets. Cette disposition permet de jeter un œil aux bêtes en rentrant dont on a vu, ici, l'importance de leur rôle dans l'exploitation familiale y compris après l'arrivée du tracteur.

Au dessus, sur le plancher se situe un grenier qui permet le stockage de foin pour nourrir les bêtes, d’où son nom, la fenial. On y accède par une échelle de meunier puis une trappe qui se soulève en tirant sur une corde.

Si l’on suit le couloir de béton en pente douce, on arrive dans la pièce à vivre de la maison. Elle abrite la cuisine dont le sol est recouvert de tommettes rouges, un buffet, une cuisinière à charbon, une grande table et une cheminée monumentale avec un foyer immense. Le tirage de cette cheminée n’est pas de qualité et nécessite paradoxalement, même au plus froid de l’hiver, de laisser la porte du couloir entrouverte pour éviter un enfumage copieux de la maison.

Au fond de cette même pièce, un escalier de bois permet d’accéder à l’étage. Un couloir sombre dessert 4 chambres, l’une d’entre elles a été cloisonnée pour être divisée en deux à la naissance de la 2e fille du couple, l’espace y est donc assez exigu.

L’éloignement de la cheminée et son fonctionnement loin d’être optimal font que lorsque surviennent de grands froids hivernaux, du givre peut apparaître la nuit à l’intérieur des carreaux avec la condensation due à la respiration. Le plumon, ce gros édredon rempli de duvet de canard ou d’oie, n’en est que plus essentiel.

Dans la longueur du bâtiment, à l’Est, « côté vent d’autan » comme on disait, se situe un hangar, au sol en terre battue, qui abrite un lavoir en ciment.

On trouve à l’Ouest, « côté vent de Cers » cette fois, un hangar ouvert et attenant au bâtiment principal permettant d’abriter du matériel agricole. Enfin une dernière construction, plus basse, aux murs en pierre très épais et percée d’une seule ouverture, est dénommé « cave ». Comme son nom l’indique on y stocke les tonneaux de vin de la récolte familiale annuelle.

La cour est vaguement empierrée et une grande partie est herbeuse sur laquelle divaguent des volailles.

Près d’un immense ormeau, un autre bâtiment de pierre, en face du corps principal de la ferme, les y abrite pour la nuit. Il reçoit aussi les canards, on les gave à l’intérieur, la saison venue. Des boxes séparés, qu’on appelle soutes, permettent d’accueillir et élever les porcs.

Au fond de la cour près du champ, un vieux poste électrique abandonné permet de loger des clapiers pour y élever des lapins.

Un chemin vert, bordé de quelques noisetiers, descend en pente douce vers le puits situé une centaine de mètres plus bas, la mare et le potager qui est pourvu d’un bassin qui permet l’arrosage des semis et plantations.

C'est dans cet espace très délimité avec des zones dédiées à chaque aspect de l'exploitation familiale que vivent et travaillent Emile et sa famille.

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Rédigé par Emile

Publié dans #Lauragais, #Occitanie, #Métayage, #Travaux agricoles

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Publié le 7 Novembre 2018

Les activités et la météo d'octobre 1958 à la métairie lauragaise d'Emile

Le mois d'octobre 1958 à la métairie d'Emile est consacré à 3 activités dominantes.

Au début du mois, les vendanges se déroulent à la vigne de la métairie mais également chez les voisins, la famille. Il faut ensuite presser le raisin et couler le vin.

Les labours occupent ensuite l'essentiel du temps mensuel des métayers, il faut en effet préparer les terres à blé pour les semis à venir. La famille consacre aussi les journées puis les soirées à la récolte du maïs et à son dépouillement (qui consiste à débarrasser manuellement chaque épi des feuilles qui l'entourent ).

Le nuage de mots réalisé à partir des relevés effectués montre la proportion de chaque activité à la fréquence à laquelle elle est citée par Emile.

Ces activités sont, encore plus qu'à la belle saison, dépendantes des conditions météorologiques. Le nuage météo révèle quant à lui, qu'en Lauragais, octobre 1958 a accueilli un froid précoce mais grâce à un vent d'autan assez présente, le beau temps a permis aux travailleurs de mener à bien leurs activités. Quelques rares jours de pluie modérée sont cependant venus rythmer le mois à intervalles réguliers.

Les activités et la météo d'octobre 1958 à la métairie lauragaise d'Emile

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Rédigé par Emile

Publié dans #Lauragais, #Occitanie, #Travaux agricoles

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Publié le 2 Novembre 2018

Gelée blanche

Nous sommes allés au cimetière à Montmaur.

Mon beau-père est venu dîner. En Estève et au Mas sont passés..

Dimanche 2 novembre 1958 - la visite au cimetière

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Rédigé par Emile

Publié dans #emploi du temps, #Lauragais, #Occitanie

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Publié le 1 Novembre 2018

Beau Frais

Nous sommes allés à la messe à Montmaur.

Le soir mon beau-père est venu.

Mis en un support à la pièce de la cave.

Mon beau-père est venu.

Samedi 1er novembre 1958 - A la messe

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Publié dans #emploi du temps, #Lauragais

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Publié le 30 Octobre 2018

Après quelques jours de pause, les publications d'Emile reprendront le 31 octobre avec une journée exceptionnelle qui comptera une publication par heure entre 8h et 19h.

C'est l'occasion de découvrir ou de redécouvrir ce blog qui traite de l'agriculture en Lauragais. Il y a 60 ans, chaque jour, Emile, un métayer consignait ses activités et celles de sa famille. C'est une vie au rythme des saisons qui est ainsi dépeinte, une vie d'autrefois où l'on oscille encore entre progrès et tradition, une vie âpre et laborieuse au plus près de la terre et de la nature.

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S.

 

31 octobre : une publication d'Emile par heure
31 octobre : une publication d'Emile par heure

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Rédigé par Syndicat

Publié dans #Lauragais, #Travaux agricoles, #Occitanie

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Publié le 2 Juillet 2018

La météo du Lauragais en juin 1958

Grâce à la technique du nuage de mots, on peut mettre en évidence la dominante météorologique du mois de juin 1958 sur le Lauragais en fonction des occurrences de chaque mot dans les carnets.

On a distingué volontairement orageux (possibilité) et orage (plus qu'une hypothèse !).

Il en ressort une dominance nette du vent d'autan (marin) sur le vent de cers.

Pluie et beau temps ont le même nombre de mentions. Couvert et brumeux sont très présents.

Peut-on conclure à un mois de juin 1958 météorologiquement très mitigé sur le Lauragais ou les ressentis d'Emile étaient-ils trop subjectifs ?

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Rédigé par Emile

Publié dans #Occitanie, #Lauragais

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Publié le 1 Juillet 2018

Nuage de mots de juin 1958

En fonction de la fréquence du mot dans les Carnets d'Emile sa taille varie et permet de voir la proportion des activités ou les préoccupations du travailleur

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Rédigé par Emile

Publié dans #Travaux agricoles, #Lauragais

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