Lauragais d'Autrefois (79) : le petit-déjeuner dans les campagnes d'antan
Publié le 10 Juin 2020
Nous avons déjà évoqué ici les moments de repas et de collation dans les campagnes d'antan. Ils ont été explorés sous l'aspect convivial essentiellement lors des grands rassemblements liés aux travaux ou aux événements familiaux. Les repas du quotidien étaient évidemment adaptés aux saisons et aux productions animales, potagères et fruitières de l'exploitation familiale du moment. Ils étaient aussi en adéquation avec les travaux entrepris : les longues journées estivales avec les travaux de force (les battages par exemple) nécessitaient plusieurs prises alimentaires dans la journée bien au delà des 3 repas habituels.
Déjeuner, petit-déjeuner, dîner, souper ?
Jetons d'abord un oeil du côté de la terminologie. Dans le Lauragais encore aujourd'hui, la terminologie utilisée pour chaque repas est un peu différente de ce qu'elle est ailleurs. Hérités de l'occitan, déjeuner prend souvent la place de petit-déjeuner quand dîner est substitué à déjeuner (le repas de midi donc.. vous suivez toujours ?) et souper est souvent préféré à dîner... pour le repas du soir donc. Ces éléments de langue font aussi intégralement partie de notre patrimoine immatériel commun.
Voici donc la terminologie en occitan :
petite-déjeuner : dejunar
repas de midi : dinnar
repas du soir : sopar
C'est au déjeuner, enfin au petit-déjeuner, que nous nous intéresserons aujourd'hui. Dans les campagnes des années 40 et 50, il est plutôt riches en matières grasses animales. La charcuterie fabriquée maison y figure en bonne place mais on trouve également les oeufs, les restes de repas de la veille, de la soupe froide -comme celle de fèves au printemps par exemple - et parfois quelques fruits.
Il est plus sucré pour les enfants avec du miel lorsqu'on en a, des confitures maison, des fruits de saison et quelques laitages.
Café et thé sont encore des invités très rares à cette période tout comme oranges et bananes.
Un petit-déjeuner agrémenté des produits de saison
Aimé Boyer se souvient de ce qui venait agrémenter le petit déjeuner au fil des saisons :
"Au printemps, nous dégustions à la croque-sel, des mousserons dont nous protégions jalousement le secret des coins où ils poussaient, des tiges de moutarde pelées avant la floraison ainsi que les premières fèves. En été, les melons s'invitaient ainsi que les fruits encore verts de l'amandier, du noisetier et du noyer. En automne, devenus des fruits secs, ils figuraient encore aux menus matinaux. Venaient s'y joindre parfois des sardines salées et des raisins".
Il y avait aussi quelques incontournables quelle que soit la saison comme le pain à l'ail, la cansalade (poitrine de porc salée) et l'oignon à la croque sel.
Ce moment où la ferme s'éveille
Ces moments étaient selon les familles assez ritualisés. Aimé se souvent :
"Le père se levait bien avant le soleil. Après un brin de toilette rapide, il allait passer plus d'une heure dans l'écurie pour nourrir les bêtes, sortir le fumier avec la brouette, refaire une litière propre, faire téter les veaux, traire et brosser et carder les vaches.
Ce travail terminé, il revenait dans la cuisine avec une casserole de lait, ouvrait les fenêtres sans trop de ménagement.
Il allumait la radio (Aqui Radio Andorra !) pour finir de réveiller la maison. Il coupait une tranche de pain avec un peu de lard, prenait sa bouteille sous le bras pour aller chercher du vin. En passant, il ouvrait le poulailler. La ferme s'éveillait.
dans les années 50, il y avait du café. Mon père y rajoutait parfois une goutte de marc. Les conversations, elles, tournaient, autour du programme et des urgences de la journée".
Remerciements : Aimé Boyer
Ce post fait partie de la série sur le Lauragais agricole d'autrefois. Vos contributions seront les bienvenues comme rappelé dans ce post-ci : Ecrivons ensemble le Lauragais agricole d'autrefois (cliquer dessus)
Pour retrouver facilement ces posts et les voir dans leur ensemble vous pourrez cliquer sur la nouvelle catégorie du blog : Lauragais agricole d'autrefois ou sur l'onglet en haut de page. Ils seront également écrits en bleu pour les distinguer des posts du quotidien de la vie d'Emile.