Lauragais d'Autrefois (70) : l'eau de la Montagne Noire, la révolution des campagnes lauragaises

Publié le 9 Mai 2020

Evier creusé dans une pierre et son évacuation en façade
Evier creusé dans une pierre et son évacuation en façade

Evier creusé dans une pierre et son évacuation en façade

Dans "L'eau des collines", Marcel Pagnol souligne la préciosité de ce liquide dans nos vies quotidiennes et celles des agriculteurs pour  leurs activités. Longtemps en Lauragais, les fermes étaient équipées d'un puits, d'une citerne, d'un cuvier, d'une auge, d'une mare qui nécessitaient transport et suscitaient des inquiétudes vives lors des pénuries.

En 1948, est créée l'Institution interdépartementale pour l'aménagement hydraulique de la Montagne Noire devenue aujourd'hui l'Institution des eaux de la montagne noire (IEMN). Le barrage des Cammazes est patiemment érigé entre 1953 et 1958 ainsi que les usines de potabilisation pour ensuite alimenter les communes du Lauragais et au delà.

Dans les métairies des années 50, cette arrivée a apporté un confort très apprécié.

 

Les métairies avant l'eau courante

 

La corvée d'eau mobilisait régulièrement les membres de la familles. Hommes, bêtes, potagers tous avaient besoin d'eau. Elle se faisait rare lors des sécheresse et parfois difficile à atteindre lors des grands froids. Il fallait par exemple casser la glace épaisse de la mare pour faire boire les animaux durant l'hiver 1956. 

 

Aimé Boyer nous décrit la vie d'avant l'eau courante :

 

"Il n’y avait pas d’eau courante mais souvent un puits, plus ou moins loin de la ferme suivant la source trouvée par un sourcier. A ces puits, il y avait rarement des pompes, c’était le seau, une corde ou un tour munie d'une chaîne,.

Les puits où l'on  puisait avec la corde étaient fermés à ras de sol, recouverts de tronc d’arbres, disposés de façon à avoir une trappe fermée avec de grosses branches. On les enlevait pour pouvoir être au dessus du puits. Il ne suffisait pas de descendre le seau, il fallait aussi qu'il se retourne pour se remplir.

Les puits équipés d’un tour étaient bâtis, l’arbre du tour était posé sur le mur de part et d'autre. Ces tours étaient très souvent équipés d’une chaîne, Il était plus compliqué de tourner le seau pour le noyer, des astucieux installaient, un pois bricolé avec du fil de fer sur un côté du seau. Au contact de l’eau, il se renversait.

Il y avait aussi des poulies à gorges pendues au sommet du puits. Il fallait remplir des auges ou comportes pour faire boire les bovins ou brebis. Des barriques posées sur une charrette, pour la basse cour et on utilisait le seau ou la cruche pour la maisonnée.

 Parmi les corvées dues par le métayer,  on trouvait parfois celles de porter avec des seaux pour les vider dans une citerne en haut de la maison du propriétaire parfois pour remplir les baignoires."

 

Le confort nouveau des métairies équipées

                                                         

Il poursuit :

 

"En 1969, j’ai déménagé, cette métairie était équipée avec l’eau de la Montagne Noire, Il y avait un robinet au dessus de l’évier, adapté à la cuvette, qui n’était pourtant pas prévue pour en être équipée. Une petite fenêtre était posée devant l’évier. Cette cuvette était creusée dans une pierre avec au fond un trou pour en assurer l’évacuation.

Devant la porte de l’écurie, se trouvait également un robinet prévu pour alimenter une auge. J’ai commencé par poser une comporte. J’ai donc goûté au plaisir d’ouvrir ce robinet, l’hiver, pendant que mes vaches buvaient goulûment. Quel luxe, comparé à l’auge qui se trouvait au fond du pré.

Bien sûr, je ne me suis pas arrêté là.  Il y avait une pièce sous l’escalier, que j’ai aménagée rapidement pour y poser un chauffe eau électrique, un receveur de douche, un lavabo. Sur cette lancée, j’ai même alimenté l’évier en eau chaude en bricolant un peu la cuvette.

L’année suivante, j’ai installé les abreuvoirs automatiques dans l’étable en les fixant à la mangeoire.

Sans oublier ensuite de poser un robinet dans les bâtiments de la basse cour. Ainsi s'est trouvée terminée i la corvées d’eau, avec la charrette. Ouf !

 Rapidement, pour ne pas perdre la main ; du confort : j’ai fabriqué une fosse septique avec un puisard, rempli de galets de l’Agout avec un WC. Finie la cachette derrière la haie du jardin, finie la cabane au fond du jardin..."

 

C'est aussi ce qu'Emile a fait en mai 1960, l'aménagement de water-closet grâce à l'eau courante.

 

L'arrivée de l'eau a apporté un confort nouveau dans les campagnes et a aussi réduit largement la peine en provoquant la disparition des corvées liées à l'eau.

 

Je remercie Aimé Boyer pour son éclairage précieux sur cette question. Si vous aussi avez des souvenirs de changements à la ferme, de l'arrivée de progrès dans les années 40,50 ou 60, n'hésitez pas à me les adresser pour publication. Vous pouvez m'écrire à lauragais@lescarnetsdemile.fr 

Ce post fait partie de la série sur le Lauragais agricole d'autrefois. Vos contributions seront les bienvenues comme rappelé dans ce post-ci : Ecrivons ensemble le Lauragais agricole d'autrefois (cliquer dessus)

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Rédigé par Emile

Publié dans #Lauragais agricole d'autrefois, #Occitanie

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