Lauragais d'Autrefois (86) : souvenirs des premières moissonneuses-batteuses (suite)
Publié le 5 Juillet 2020
Suite à la publication concernant les premières moissonneuses-batteuses (ici), Aimé Boyer m'a adressé ses souvenirs. Ils constituent un témoignage très éclairant quant à cette transition.
" Oui l'arrivé de la moissonneuses-batteuses a ouvert un changement radical des comportements des agriculteurs.
La pompe à graisse, tous les matins, le filtre à air et la vérification de la tension des courroies et chaînes ont fait de l'agriculteur un mécanicien à part entière.
Se sont multipliés les trousseaux de clés : plate, à pipe, cliquets, les crics, les palans. Quant aux marteaux, ils étaient déjà la!
Bref, la modernisation agricole... Finies les colles de battage sur le sol que nous avons déjà évoquées et qui apportaient, malgré le travail, du lien social.
La modernisation était un mal nécessaire. L'agriculteur devenait un entrepreneur.
J'ai conduit une Massey- Haris dans les années 52/53 avant de partir au régiment.
Les premières moissonneuses, on faisait les sacs sur la machine ! Une fois pleins, on les posait sur une glissière que l'on déclenchait tout les trois sacs pour les déposer au sol. Ces sacs étaient mal attachés et pesaient presque tous 100 kilos. On était balloté en tous sens, choqué au rembarres, se cognant la tête à la trémie, en équilibre sur une jambe en montant et sur l'autre en descendant. Le Lauragais n'est pas renommé pour être plat...
A la tombée de la nuit il fallait ramasser les sacs, pour les mettre à l’abri : c’était un travail très pénible. Heureusement plus tard sont venues les trémies pour faire en vrac. Et tout le travail à deux ou trois hommes, consistait à ramasser la paille, la charger à la fourche, c'était très lourd, la mettre à l'abri ou faire un pailler. Pour faire ce travail on formait des petites colles avec deux ou trois voisins.
C'est à peu près à la même période, il me semble, que sont arrivées les ramasseuses à maïs tractées et aussi faire les sacs sur la machine un rang."
Merci à Aimé Boyer pour son témoignage et à Jean-Claude Rouzaud pour la photo transmise. Il s'agissait de la 1ère moissonneuse-batteuse menée par le fermier du château de Montmaur probablement dans les années 50.
Si vous avez vous-aussi des souvenirs des moissons d'antan, des premières moissonneuses-batteuses ou des anecdotes liées à ces travaux, n'hésitez pas à me les adresser. Nous les publierons ici. Vous pouvez m'écrire à lauragais@lescarnetsdemile.fr
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