Lauragais d'Autrefois (192) : souvenirs d'automne à la métairie
Publié le 2 Novembre 2024
L'automne était une saison aux tâches multiples à la métairie. Il fallait compter avec un temps plus capricieux et des journées raccourcies. Parfois c'était aussi la saison du changement pour les métayers, d'une borde à l'autre. Aimé Boyer recense pour nous la multiplicités de ces activités essentielles au fonctionnement de l'exploitation familiale.
"L’automne n’était pas une période propice à la rêverie dans les métairies. Il pleuvait souvent et les jours raccourcissaient.
Il fallait rentrer les récoltes, ramasser, transporter, stoker, faire les vendanges, récolter le maïs, les courges.
Tout cela ne laissait aucun répit à l’agriculteur et sa famille. Car il fallait en même temps préparer les semis en respectant la rotation culturale : les pailles sur le maïs et inversement le maïs après le blé avec un labour profond et une fumure animale. Les légumineuses fourragères étaient remplacées suivant la qualité du terrain généralement par du maïs et quelques fois du blé.
Après avoir récolté le maïs, il fallait débarrasser les champs des jambes (las camborlas). Avec la canadienne arracher las tancàs (le départ de la jambe et le racinaire) puis niveler un peu le champ. En effet, en sarclant le maïs on tirait la terre vers le pied, ce qui provoquait une petite bute de terre à chaque rangée. Ensuite on labourait avec la charrue, un labour en planche, léger. Les semis de blé on déjà été évoqués dans les Carnets d’Emile. Il y avait aussi l’orge et l’avoine sans oublier le seigle et autre farouch qu’on semait dans un champ près de la maison pour le distribuer en fin d’hiver au bétail et apporter ainsi un peu de verdures après trois mois de rations sèches.
Dans le même temps, il fallait prendre soin du vin dans la cave.
Il fallait aussi semer les fèves et ce n’était pas une rangée, ou deux mais minimum un hectare ou davantage.
La fève faisait partie de la ration alimentaire des animaux de la ferme mais aussi de l’homme.
C’était la période où on plantait l’ail, l’échalote et l’oignon de Mulhouse.
Venait aussi le moment de faire les labours profonds pour le maïs avec le brabant, tiré par deux paires de bœufs ou vaches et deux personnes employées à temps plein.
Les terres argilo-calcaires du Lauragais ne supportent pas les labours de printemps.
Tout simplement l’argile qui passe l’hiver avec quelques gelées permet d’obtenir des terres meubles. Dans le Bassin Parisien ou les vallées de la Loire, ils n’ont pas ce même problème : ils labourent au printemps et ils sèment dans la foulée.
Mon gendre de Haute Savoie, quand il venait l’été, était étonné de voir ces labours dès le mois d’août.
On pourrait parler aussi du potager à pelleverser et tant d’autres tâches encore.
La Toussaint venant, il fallait aussi travailler les tombes avec la bêche et le fossor. Chaque année, les tombes s’affaissaient un peu. On remettait en forme de trapèze et quelques fleurs que l’on avait cultivées avec difficultés en raison du manque d’eau. Le cimetière n’était pas toujours au village, avec les nombreux déménagements d’une métairie à l’autre, aussi il fallait y aller à pied, au mieux à vélo.
Durant cette période on se rendait aussi sur les foires et marchés de la région car l’année culturale prenait fin le premier ou onze novembre. Il fallait connaître le prix moyen de toutes les denrées alimentaires qui allaient rentrer dans le calcul avec le propriétaire bailleur que l’on reste ou que l’on déménage. "
Un grand merci à Aimé Boyer pour la transmission de ses souvenirs si précieux.
Merci à Serge Visentin pour la photo transmise.
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