lauragais agricole d'autrefois

Publié le 29 Juillet 2023

Photo coll. J-c Rouzaud

Photo coll. J-c Rouzaud

Louis Bruno était agriculteur en Lauragais, fermier plus exactement. Retraité, il a consigné ses souvenirs dans des cahiers que sa famille partage avec nous aujourd'hui. Dans de précédents posts (ici et ), nous avions découvert sa description des travaux de printemps puis les activités de début d'été (). 

"Pas de trêve possible, piquage des faux et leur mise en condition pour détourer les champs et permettre le premier passage de la moissonneuse lieuse, lesquelles avaient été pourvues de leurs toiles élévatrices et vu leurs lames passées à la meule à aiguiser.

On faisait aussi ferrer de neuf les boeufs et les chevaux car désormais leurs onglets ou sabots ne supporteraient pas le coup.

La moisson devait se faire par temps sec en l'absence de rosée mais avant la surmaturité, le grain finissant mieux en gerbes assemblées en "tavels" tas de douze unités assemblées tout à la suite du passage de la lieuse tirée par des attelages de boeufs ou chevaux que l'on remplaçait deux fois par jour afin de profiter des heures favorables et avancer le plus vite possible craignant aussi le risque d'égrenage (grêle ou vent d'autan).

Avait-on tout juste fini la "sego" que sans même prendre le temps de souffler on étrennait l'aire de battage ou sol par l'égrenage des fèves récoltées, tiges entières, arrachées à la main , étalées au sol et battues au rouleau de pierre.

Commençait alors le gerboyage qui consistait à acheminer la récolte sur l'aire précitée et la rassembler en de beaux gerbiers dressés jusqu'à 8 à 10 mètres de haut ou bien entreposée dans les hangars pour ceux qui en avaient suffisamment. Vers la fin de la deuxième décade de juillet, les dépiquions pouvaient commencer mais entre temps, il fallait aussi faire une deuxième coupe de regain toujours précieuse pour les réserves d'hiver, abondante ou modeste, tributaire des orages d'été."
 

(les battages à suivre dans un nouveau post)

Un immense merci à Daniel Bruno - ainsi qu'à Christiane et Jean-François Bruno - pour avoir partagé les écrits passionnants de Louis.

Merci àJ -C Rouzaud pour la photo transmise

Ce post fait partie de la série sur le Lauragais agricole d'autrefois. Vos contributions seront les bienvenues comme rappelé dans ce post-ci : Ecrivons ensemble le Lauragais agricole d'autrefois (cliquer dessus)

Pour retrouver facilement ces posts et les voir dans leur ensemble vous pourrez cliquer sur la nouvelle catégorie du blog : Lauragais agricole d'autrefois ou sur l'onglet en haut de page. Ils seront également écrits en bleu pour les distinguer des posts du quotidien de la vie d'Emile.

 

 

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Publié le 24 Juin 2023

Photo S.Visentin

Photo S.Visentin

Depuis quelques jours la saison d'été est là. Voici quelques dictons occitans de circonstance...

 

Del bon estiu le pagés viu.

Du bon été le paysan vit.

 

Le que pana pas a l'estiu vei pas la façade de Diu.

Celui qui ne profite pas de l'été ne voit pas la face de Dieu. (littéralement : celui qui ne vole pas à l'été...)

 

Le que travalha pas l'estiu, a sovent talent l'ivern.

Celui qui ne travaille pas l'été a souvent faim l'hiver. 

 

La pleja d'estiu mena le fresc al riu.

La pluie d'été amène la fraîcheur au ruisseau.

 

Le que parla mal de l'estiu, parla mal de son paire.

Celui qui dit du mal de l'été dit du mal de son père.

 

Quand les auriòls arrivan, es signe de calor.

Quand les loriots arrivent, c'est signe de chaleur.

 

Quand le blat es en flor, la cloca es al pausador 

Quand le blé est en fleur, la poule qui couve se repose

 

Per la santa Magdalena la notz es plena.

A la sainte Madeleine, la noix est pleine.

 

Si vous connaissez d'autres dictons ou proverbes sur l'été, la chaleur, les moissons etc, etc..., n'hésitez pas à me les adresser. Nous complèterons ce post ensemble au fur et à mesure. Vous pouvez m'écrire à lauragais@lescarnetsdemile.fr 

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Publié le 17 Juin 2023

Lauragais d'Autrefois (218) : le pain des métairies

Cet élément central de l'alimentation était au coeur des préoccupations de nos campagnes. Dans les villages, il y avait souvent le boulanger à qui le paysan confiait des sacs de blé gardés lors de la récolte et mis à part.

C'est encore le cas pour Emile lorsqu'il récolte le blé : une partie du grain est stockée pour la maisonnée (bêtes et futurs semis), une autre part à la coopérative agricole et une autre est conservée "pour le boulanger".

Un lecteur de ce blog, Robert, me précise : "Dans mon souvenir, on apportait 80 kg de blé pour le boulanger qui étaient envoyés au meunier et on avait ainsi droit à 52 kg  de pain pesé. Le son était vendu pour les volailles."

Dans les hameaux les plus reculés, certaines fermes ou métairies avaient un four à pain près de la cheminée mais il y avait parfois un four à pain commun où chacun pouvait faire son pain un jour donné. La pâte était pétrie dans une maie avec le levain d'une fournée précédente. Chacun faisait une marque sur la pâte pour retrouver le sien après la cuisson.

Le four était chauffé longuement avant d'être débarrassé des braises lorsque la température était jugée correcte. L'un des habitants était souvent chargé d'enfourner et de surveiller la cuisson.

Ce système a disparu dans les années d'avant-guerre au profit de boulangers ambulants qui faisaient leurs tournées ou bien allait-on acheter son pain familial au village. le boulanger faisait souvent crédit et on payait en fin de mois. On conservait le pain plusieurs jours au fur et à mesure de sa consommation dans une huche ou un linge dans un endroit frais.

Quelques mots occitans :

Le boulanger (mot d'origine picarde vent de boulenc (celui qui fait des boules)) : fornièr, fornièra

pain : le pan

levain : levat o levam

four  : forn

farine : farina

pâte : pasta

Merci à Robert Berto pour le partage.

Si vous avez des souvenirs, des témoignages lié au pain des campagnes lauragaises d'autrefois, n'hésitez pas à me les adresser. Nous les publierons ici : lauragais@lescarnetsdemile.fr 

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Publié le 4 Juin 2023

Photo coll. Nardèse

Photo coll. Nardèse

Dans le carnets d'Emile, les mentions concernant les fenaisons tout au long de l'année sont nombreuses et l'on comprend sans peine l'importance que cette activité a pour la vie de la ferme et le temps qu'elle prend. Ce sont jusqu'à 4 coupes annuelles de fourrage que l'on compte, la dernière étant en automne. Faucher le foin, le faner, le laisser sécher, retourner les andins, le charger sur des charrettes et le stocker. L’alimentation du bétail en est en grande partie tributaire et les stocks pour les mois d'hiver sont indispensables. Esparcette, luzerne, sainfoin, Ray Grass sont des noms qui reviennent régulièrement dans les carnets d'Emile.

L'importance des foins et fourrages est à tel point que lors de l’inventaire d'arrivée chez Emile en 1953 (voir article ici) il est précisé que 8 hectares sur les 38 de l'exploitation y sont dédiées et que 225 mètres cubes de fourrage sont stockés dans les hangar et sur la fenial (en occitan), fenil ou grenier à foin souvent situé au dessus de l'étable.

Pour le seul mois de mai 1952, on trouve 12 mentions des travaux liés aux fenaisons et et la mention de 26 charrettes chargées et déchargées.

 

Aimé Boyer m'a adressé un cliché de la faucheuse de son père et la famille Nardèze partage avec nous une photo (ci-dessus) des fenaisons. Qu'ils en soient chaleureusement remerciés.

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Photo A. Boyer

Photo A. Boyer

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Publié le 27 Mai 2023

Lauragais d'Autrefois (216) : le maquignon, le boeuf et la mena

Je vous repropose aujourd'hui un témoignage d'Aimé.

 

La traction animale, lorsqu'elle était encore la force motrice principale de travail, générait beaucoup de transactions. Il était important pour le paysan d'avoir des paires de boeufs homogènes, dociles, calmes et beaux. Les nombreuses foires et multiples marchés drainaient vendeurs et acheteurs de tout un territoire. 

Aux grande foires de Salies-du-Salat, Mirepoix, et aussi dans l’Aveyron, on trouvait de solides et rudes animaux qui avaient passé l’été en estive. La race gasconne à la robe gris foncé, excellente pour la traction, était particulièrement prisée. 

La mena

Pour les acquérir et les récupérer, les maquignons partaient en voiture à plusieurs et revenaient à pied en accompagnant les bêtes. Ce déplacement étaient appelé la mena en occitan. 

Aimé se souvient : "A deux reprises, j’ai été invité à participer, à cette aventure. Car, oui, c’était une aventure ! Les maquignons se regroupaient et partaient la veille avec une auto (une traction avant Citroën 15 ou 11). Le lendemain, dès 3 heures du matin, les meneurs, s'arrêtaient en route pour un petit déjeuner. Puis,  en arrivant, on commençait à rassembler les animaux marqués avec les ciseaux, au dessus de la cuisse, à côté de la queue. Le troupeaux était composé de bœufs, de braus (veaux d'un an environ), de vaches, de génisses.  

Vers deux heures de l’après-midi, nous étions prêts pour la première étape. Ces animaux qui descendaient de l'estive se regroupaient assez rapidement. Lorsque nous sortions de la ville, les rues avaient été désertées pour l’occasion. Une fois dans la campagne, j’ai compris pourquoi j’avais été invité.

En effet, sur la route, les bêtes commençaient à prendre le large, dans les champs autour, il y avait de l’herbe, des arbres, autant de tentations pour eux.

J’avais 16 ou 17 ans et j’étais très véloce, pour traverser le fossé, un bond me suffisait. Mais les bêtes repartaient de l’autre côté.  Pichon - c'est ainsi qu’on m’appelait -  passa delà ! me criait-on (Petit, passe là-bas !). Nous suivions les chemin de traverse (les carretals) qui étaient bien entretenus en raison des passages fréquents. Il n’y avait pas des chemin empierré, il y avait des sources à niveau constant.      Plus loin en avant, les deux voitures passaient au devant pour vérifier les obstacles possibles et prévenir les agriculteurs du passage du troupeau Il valait mieux que leurs bêtes ne voient pas le troupeau qui déambulait."

 

Station de nuit

        La nuit avec les animaux avait était prévue au préalable. L'arrêt se faisait chez des amis, des connaissances. Un carré de pré avait été clôturé pour l'occasion, avec des piquets et des fils, il y avait du foin et de de l’eau.

       Aimé poursuit : "Nous allions manger, à tour de rôle, une portion au restaurant du coin. Les maquignons dormait à l’hôtel et nous, les meneurs couchés dans la paille, dans une couverture, au plus près des animaux. Ça faisait partie du jeu. Nous repartions le lendemain, tôt, dès le point du jour."

 

Un curieux cortège 

"En route, on nous apportait un copieux petit déjeuner fait de la cochonnaille et autres victuailles bien arrosées. En route les gens venaient nous voir passer : les enfants, les anciens qui nous racontaient leurs parcours.

      Nous arrivions enfin à Caraman à la tombée de la nuit. Là on rejoignait un pré, aménagé comme celui de l’étape. Des amis des maquignons venaient récupérer les animaux de chacun d'entre eux. C’était un moment agréable, nous passions presque pour des héros. Et j'ai eu la chance de vivre cette expérience."

               

L'arrivée du camion, la fin de la mena

"Nos maquignons se sont ensuite cotisés pour acheter un gros camion, s’allouer les services d'un chauffeur et ont fait aussi du transport pour d’autres personnes. En suivant cet exemple, d’autres personnes se sont équipées à leur tour de petites bétaillères et portaient des animaux chez les particuliers ou sur les marchés de la région. Veaux, porcelets, etc...

Certains sont devenus négociants en jeunes veaux (repopets).

Aujourd’hui bien-sûr, rien n'est plus pareil. Tout ce système commercial a disparu. Sur la canton de Caraman, au début des années 60, on recensait plus de 5000 têtes de bovins, aujourd'hui je crois qu'il y en a à peine plus de 600".

 

Merci à Aimé pour ce témoignage très éclairant et rare et à Serge Arnaud pour le document iconographique.

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Publié le 20 Mai 2023

Lauragais d'Autrefois (215) : les fèves (las favas), recette et dictons

Dans un post, il y a quelques années, Aimé Boyer nous avait plongé dans l'année des fèves de leur semis à leur récolte (voir ici).

La saison s'y prêtant, revenons sur ce sujet. Voici d'abord quelques dictons en entrée :

Aver la favas de bon còser.

littéralement : avoir les fèves faciles à cuire = être né avec une cuillère d'argent dans la bouche

Aver manjat pro de favas.

littéralement : avoir mangé assez de fèves = donner sa langue au chat

Mai fa la fava mes que la trobe plan sarclada.

Mai fait la fève pourvu qu'il la trouve bien sarclée.

Grossier coma de palha de fève.

Grossier comme de la paille de fève

 

Et pour le plat de résistance, la recette d'une soupe traditionnelle adressée par Aimé Boyer :

Faites revenir un peu d'oignon et de lard dans de la matière grasse, éventuellement navet et pomme de terre, un morceau de salé

Ajoutez de l'eau, assaisonnez et laissez cuire une trentaine de minutes.

Pelez ensuite les fèves fraîches et ajoutez-les. Laissez cuire 30 minutes de plus.

Servez très chaud sur du pain rassi ou des croûtons aillés.

 

Bon apetís !

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Publié le 14 Mai 2023

Lauragais d'Autrefois (214) : à la table des métayers

Nous avons souvent parlé de cuisine et de recettes traditionnelles des métairies lauragaises d'antan. Grâce aux partages d'Aimé Boyer (le millas) et de Berthe Tissinier avec les recettes d'Emma Colombies nous avons exploré de savoureuses recettes : la soupe à l'ail, la croustade, les farinettes et bien d'autres encore...

Il en reste encore tant à rappeler pour réveiller nos souvenirs : les oreillettes, les curvelets, le salpiquet de fèves... 

Je vous propose de les mettre en commun nos recettes du Lauragais pour les publier ici. Pour cela, vous pouvez me les adresser à lauragais@lescarnetsdemile.fr.

A vos souvenirs...

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Publié le 8 Mai 2023

Photo d'illustration - Documents d'époque

Photo d'illustration - Documents d'époque

 A l'occasion des commémorations du 8 mai, je vous repropose ce post avec le témoignage d'Aimé Boyer sur la période de guerre dans les métairies lauragaises.

La période de la guerre telle qu'elle a été vécue dans les bordes et les campagnes du Lauragais fait l'objet de témoignages. En voici un, exceptionnel, celui d'Aimé Boyer. Il avait 6 ans lorsque la 2nde Guerre Mondiale a commencé, 12 lorsqu'elle s'est enfin achevée. Son enfance a donc été profondément marquée par cette période qu'il a vécue près de Caraman. Voici les souvenirs qu'ils nous a confiés, ceux d'un gamin du Lauragais dans une période complexe de l'Histoire :

" Il y avait un chef de district par canton qui organisait le ramassage - les réquisitions - entre autres, des animaux, du grain etc…dans chaque ferme et selon leur superficie, pour nourrir l’occupant. 

Les Allemands passaient souvent dans les fermes, par deux, ouvraient les armoires, les placards. Il fallait leur donner à manger, leur faire cuire des œufs à la poêle. Si ma mère n’avait pas le temps, ils se les faisaient cuire eux-mêmes. Pendant que l’un faisait cuire, l’autre allait chercher du vin à la cave, j’ai souvent vu les mâchoires de mon père se crisper. En d’autres endroits c’était le jambon ou des légumes dans le jardin qu'ils choisissaient.

Ils faisaient des manœuvres régulièrement et ils passaient quand bon leur semblait sur la rangée de melons, en colonne, et dans le champ de blé, en tirailleurs, se couchant à tout moment. Il fallait voir la tête des melons et du champ de blé après leur passage, sans oublier celle de mon père !

On m'a aussi raconté cette anecdote : lors d'une soirée de beuverie - ils avaient dû abuser de l'eau de vie - ils auraient fait monter un cheval dans la chambre grand dam des habitants de la ferme.

Bien entendu il n’y avait pas d’armes car elles étaient réquisitionnées. Pour améliorer le quotidien, on attrapait donc des lapins avec des bourses - j’y étais très adroit - et aussi le furet. Mes parents avaient aussi acheté un petit moulin manuel pour faire de la farine en cachette afin de fabriquer du pain. 

A partir de 1940, nous avons vu arriver des personnes nouvelles qui cherchaient des denrées alimentaires. C’étaient des Toulousains qui venaient avec le train, et s’aventuraient à travers la campagne, sans aucun repère au début.

Les premières fois il y eut des contacts modestes, et comme ils revenaient toutes les semaines, des rapports d’amitié se sont crées et sont allés bien au delà de la fin de la guerre. Ils ont participé à notre vie, nos fêtes, nos deuils. Ils ont assisté au mariage des enfants qu’ils avaient connus petits. Il y a eu aussi des échanges, de type troc, et qu’on appelait communément marché noir. Ces Toulousains avaient accès , par des connaissances, des amis, à l’industrie. Ils pouvaient trouver des pneus de vélo, des sandales, des vêtements, du soufre, du vitriol, et toutes sortes de produits utiles à la vie courante.      

Le poste radio n'était pas autorisé. Le nôtre était caché sous le lit. Mon père et ma mère écoutaient les messages Les Français parlent aux Français, mais ne comprenaient pas ce qu’ils signifiaient.

Puis vint le débarquement en Normandie. Il nous tenait motivés ! Nous suivions, à l’aide de punaises, la progression des Alliés sur une carte pendue derrière la porte. Ma mère avait trouvé une carte de l’Europe. De même, nous suivions l’avancée de l’Armée Rouge. C’est moi qui, tous les soirs, m’acquittait de cette tâche.

J'ai  aussi des souvenirs de bombardements et particulièrement ceux de l’aéroport de Montaudran par l'aviation anglo-américaine le 6 avril 1944. Même si nous étions loin, en pleine nuit, nous entendions le vrombissement des nombreux avions, des bombes qui tombaient en sifflant avant d’exploser en illuminant le ciel puis le retour des avions qui passaient entre Caraman et Villefranche ; ils laissaient tomber les enveloppes des bombes que nous ramassions comme des souvenirs."

D'autres souvenirs d'Aimé Boyer sur le sujet dans un prochain post. Je le remercie très sincèrement de m’avoir une nouvelle fois confié cette tranche de vie exceptionnelle.

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Publié le 16 Avril 2023

photo coll. Rouzaud

photo coll. Rouzaud

Je vous avais déjà proposé cette photo adressée par J.C. Rouzaud, prise lors d'un concours de labour en 1957 ou 1958 à l'ancienne coopérative du Marès sur la commune d'Avignonet-Lauragais.

Au cours de ces épreuves qui peuvent mener les lauréats jusqu'au concours national en se qualifiant au fur et à mesure des étapes locales, départementales puis régionales, les concurrents font montre de leur savoir-faire. La régularité des sillons, leur profondeur, leur précision sont autant de critères évalués au regard du temps donné pour l'épreuve.

En France, le premier concours national fut lancé en 1954. A l'époque où la mécanisation était en plein développement, c'était aussi un moyen de réunir les agriculteurs pour parler et échanger sur ces techniques nouvelles et la pratique du métier en plein évolution. Les tracteurs se sont en effet démocratisés dans les campagnes après la 2nde Guerre Mondiale grâce au plan de modernisation et d'équipement de l'agriculture notamment.

Le ministère éditait notamment des brochures pour inciter à investir dans un tracteur (voir ci-après).

Sur le même thème, labours profonds et charrue balance, voir article précédent ici : http://www.lescarnetsdemile.fr/2020/08/lauragais-d-autrefois-91-les-labours-profonds-et-la-charrue-balance.html

Merci à J-C. Rouzaud pour la photo partagée.

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doc. coll. S.Saffon
doc. coll. S.Saffon

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Publié le 2 Avril 2023

Lauragais d'Autrefois (209) dictons occitans des Rameaux et d'avril

Parce que c'est de saison, voici quelques dictons sur avril et les Rameaux. Il y est souvent question de la pluie qui cette année nous fait défaut...

Pluèja sus Ramèls, pluèja sus tavels

Pluie sur les rameaux, pluie sur les dizeaux  (tas de gerbes donc pluie sur les moissons)

 

Quand l'auta bufa per Rampan, bufa tot l'an. 

Quand le vent d'autan souffle pour les Rameaux, il souffle toute l'année.

 

Quand en abrial le cocut es pas encara vengut, es qu'es mort o perdut.

Quand en avril le coucou n'est pas encore venu c'est qu'il est mort ou perdu.

(Et par association d'idées 😉 : Cocut, cocut, se la branca peta, soi foutut : coucou, coucou, si la branche pète, je suis foutu)

 

Al mes d'abrial, se ploviá trente e un jorns fariá pas de mal a digun

En avril s'il pleuvait trente et un jours, ça ne ferait de mal à personne. (Nb : avril n'en comporte que trente)

 

Al mes d'abrial, cada bestia cambia de pel. 

Au mois d'avril chaque bête change de poil.

 

Al mes d'abrial, les aucels colcan dins le niu.

Au mois d'avril, les oiseaux couchent dans leur nid.

 

Si vous connaissez d'autres dictons sur ce thème, n'hésitez pas à me les adresser. Je les publierai. Vous pouvez m'écrire à lauragais@lescarnetsdemile.fr 

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Publié le 25 Mars 2023

Lauragais d'Autrefois (208) : le millas, un recette d'antan

Millas, il suffit de prononcer ce mot pour que s'éclaire l'oeil gourmand des gens du Lauragais. Cette recette ancestrale héritée de génération en génération régale encore aujourd'hui. de nombreux gourmets.

Dans la campagnes des années 50 le millas, canaille, se fait dessert ou accompagne viandes, civet, sauces... Il a longtemps été un des aliments de base des paysans Lauragais. Appelé aussi le pain du pauvre, il a repris toute sa place sur les tables durant la 2nde Guerre Mondiale, il était facilement réalisé à base de farine d'eau et de sel.

Il était traditionnellement servi lorsqu'on réunissait de grandes tablées à l'occasion par exemple, de la fête du cochon ou lorsqu'on tuait les canards.

A base de farine de millet à l'origine, lui a succédé ensuite la farine de maïs. Cette farine est incorporée progressivement à l'eau salée frémissante pour être cuite. Il convient de respecter les proportions pour obtenir cette bouillie épaisse que l'on découpe en rectangles lorsqu'elle a suffisamment refroidi.

Ces rectangles peuvent être frits à la poêle avec du sucre ou de la confiture. Il peut aussi, sur le modèle de la polenta, être un accompagnement de choix.

Voici la recette d'Emma Colombies de Baziège que m'a confiée Berthe Tissinier que je remercie :

- 2kg de farine de maïs

- 10 l d'eau

- 70g de sel

Dans un chaudron, en cuivre de préférence, faites bouillir l'eau avec le sel.

A part, dans une bassine, on délaye 500g de farine dans de l'eau froide et versez la dans l'eau chaude.

Versez ensuite en pluie la farine dans le chaudron tout en remuant.

Portez à ébullition et continuez à remuer pendant une heure ou plus.

Quand une croûte se forme au fond du chaudron le millas est cuit.

Sur un torchon fariné disposé sur une table, versez le millas en une couche de 2 cm d'épaisseur. 

Laissez refroidir et détaillez en rectangle.

Bon appétit !

Si vous connaissez d'autres recettes lauragaises traditionnelles que l'on servait à la table d'antan et - pourquoi pas - des anecdotes qui vont avec, n'hésitez pas à me les adresser. Je les publierai. Vous pouvez m'écrire à lauragais@lescarnetsdemile.fr 

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Publié le 11 Mars 2023

Photo Bruno ALASSET

Photo Bruno ALASSET

Louis Bruno était agriculteur en Lauragais, fermier plus exactement. Retraité, il a consigné ses souvenirs dans des cahiers que sa famille partage avec nous aujourd'hui. Dans un précédent post (ici), nous avons découvert sa description des différentes structures des exploitations lauragaises. Aujourd'hui, nous nous intéresserons à la première partie de l'énumération qu'il a faite des travaux printaniers. 

En mars, vignes et prairies

"Courant mars, revigorés par l'allongement des jours et le soleil printanier, on reprenait du service à l'extérieur, taille , travail et remise en état de la vigne, semis des prairies temporaires à renouveler, trèfle violet, sainfoin et même lotier sous couvert d'une céréale de préférence l'orge moins envahissante que le blé ou avoine. Sarclage à la herse légère et roulage général si le sol était assez ressuyé. Cette dernière opération avait pour but de plomber le sol soulevé par les gelées hivernales et favoriser le tallage des cultures ; histoire de se dégripper un peu les muscles du dos on accordait aussi un petit binages manuel aux fèves rescapées de l'hiver."

Les engrais

"N'oublions pas de mentionner quelques épandages d'engrais chimiques de printemps certes en bien moindre quantité que de nos jours, manuels bien-sûr suivant le principe des semis de graines. Superphosphate 20 % en poudre sur les prairies de fauche, attention les yeux ! Surtout avec un peu de vent. 

Sulfate d'ammoniaque ou ammonitrate 20 % sur les blés. Les sacs ou "balles" pesaient 100 kg. L'opérateur en prenait un chaque coup le tiers dans son sac-semoir passé autour du cou, il fallait avoir du muscle et serrer les dents outre cela on n'avait pas oublier de mettre en terre les plants de pommes de terre. "

En avril

"C'était le moment de reprendre les labours d'hiver bien disloqués par les gelées. Les terres étaient d'une finesse à vous donner envie de marcher pieds nus et la structure du sol impeccable du fait d'un tas de facteurs trop longs à citer et aussi discutables mais il n'en est pas moins qu'il en est rarement de même à ce jour malgré les moyens existants." 

La suite des travaux de printemps vus pas Louis Bruno à suivre dans un prochain post

Un immense merci à Daniel Bruno - ainsi qu'à Christiane et Jean-François Bruno - pour avoir partagé les écrits passionnants de Louis.

Ce post fait partie de la série sur le Lauragais agricole d'autrefois. Vos contributions seront les bienvenues comme rappelé dans ce post-ci : Ecrivons ensemble le Lauragais agricole d'autrefois (cliquer dessus)

Pour retrouver facilement ces posts et les voir dans leur ensemble vous pourrez cliquer sur la nouvelle catégorie du blog : Lauragais agricole d'autrefois ou sur l'onglet en haut de page. Ils seront également écrits en bleu pour les distinguer des posts du quotidien de la vie d'Emile.

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Publié le 4 Mars 2023

Lauragais d'Autrefois (206) : souvenirs d'une culture d'antan en Lauragais

Voici un témoignage adressé par un ami concernant la culture du tabac en Lauragais. Je l'en remercie vivement.

"Ah la culture du tabac ! Les souvenirs d'il y a plus de cinquante ans remontent. 

Pendant mes vacances scolaires mon oncle me faisait participer :

Avec une burette il fallait faire glisser une goutte d'huile à partir du haut du pied au niveau de l'attache des 3 premières feuilles.

Ensuite venait le temps de la récolte, les pieds coupés par les adultes devaient être entreposés délicatement
Sur une remorque puis sur une autre ; mon oncle, sous mes yeux stupéfaits de citadin, attelait 2 remorques au tracteur Renault et, pilote fantastique, reculait tout ça paisiblement dans le séchoir aux murs en lattes de bois goudronnées et disjointes afin de faciliter le séchage des pieds avec leurs feuilles, qu'il fallait suspendre à une ficelle – en ayant fait un seul tour – hissée à plusieurs mètres d'une hauteur qui à mes yeux de préado paraissait énorme.
Une année, mon oncle Auguste avait bricolé un système qui permettait de hisser plusieurs lignes de pieds, telles le résultat d'une pêche terrienne miraculeuse, sur un cadre d'une même traction.

Au chaud, en automne ou en hiver me semble-t-il, étaient confectionnées les "manoques" : les feuilles devenues marron marbré et encore un peu collante, détachées hors de ma présence, étaient glissées entre la pince formée par le pouce et l'index, comptées et ficelées adroitement par les femmes et les gamins en âge de calculer sans trop d'erreur, pour être enfin vendues à la SEITA sans doute, au milieu des discussions en occitan que je comprenais avec peine..."

 

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Publié le 18 Février 2023

Photo Serge Visentin

Photo Serge Visentin

Louis Bruno était agriculteur en Lauragais, fermier plus exactement. Retraité, il a consigné ses souvenirs dans des cahiers que sa famille a partagé avec nous. Je vous propose aujourd'hui de les redécouvrir. Avant de décrire une année entière de travaux des champs, il décrit les différentes structures des exploitations lauragaises. Un témoignage exceptionnel et passionnant.

Dans son introduction, Louis Bruno estime la moyenne des exploitations "de 15 à 30 arpents (un arpent =60 ares), exceptionnellement quelques unités qualifiées de grandes pouvaient comporter 60 ou 80 arpents". Il détaille ensuite les différents types d'exploitations avec force détails.

1- Les grands domaines avec maîtres-valets

Louis Bruno évoque donc l'existence de quelques grands domaines avec château ou maison de maître. Les terres labourables étaient subdivisées en plusieurs bordes, chacune gérée par un maître-valet.

Il écrit :

"Sur ces domaines, existait souvent un régisseur ou homme d'affaires payé par le propriétaire lequel supervisait et dirigeait travaux et affaires surtout dans le cas d'exploitation par des familles de gagés ou maîtres-valets. Ces derniers agissaient sur ordres donnés ne prenant eux-mêmes aucune initiative. Ils recevaient outre quelque maigre salaire en espèces, des gages en nature : blé, maïs, vin, pourcentage sur les étables, un lopin de terre pour leurs légumes et la possibilité d'un petit élevage de basse-cour."

2 - Les bordes ou métairies

"Le métayage était très courant, dans ce cas les initiatives concernant la conduite de l'exploitation étaient prises en concertation entre le bailleur et le preneur. On partageait les récoltes, les ventes issues des étables, les portes,oies, dindons, canards, seulement les poules et poulets bénéficiaient aux mi-fruitiers moyennant une rente annuelle au propriétaire établie sur un nombre d'oeufs et de paires de poulets prêts à rôtir. Les fournitures diverses, frais d'exploitation, les services et les engrais éventuels à part égale preneur-bailleur."

3 - Les fermes

"Le bail de fermage existait aussi, hélas un peu moins courant faute d'avances chez les preneurs. Le cas échéant, les terres et les bâtiments étaient donnés à bail de 3-6-9 ans résiliable ou renouvelable (sans statut avant 1945) avec inventaire de cheptel vif c'est à dire bêtes de somme pour le travail et cheptel mort matériel d'exploitation. Lequel se résumait à peu de choses par rapport à nos jours le preneur payait une rente annuelle fixée en nombre de sacs de blé loyal et marchand d'un poids de 80 kg l'un. Le fermier travaillait à sa guise tout en respectant les classes sur le bail."

4 - Les petites propriétés

"Enfin, quelques familles de plus ou moins petits propriétaires possédant leur unité de travail les conduisaient avec soin et persévérance et vivaient dans un confort relatif et en toute sécurité."

5- De l'instabilité et des changements

Louis Bruno évoque enfin le peuplement et l'instabilité assez répandue de certains preneurs et bailleurs.

" Du fait que les fermes étaient bien plus nombreuses, les campagnes étaient nettement plus peuplées. En 1954, 30 exploitations étaient encore ouvertes à Mauremont, commune totalisant 550 hectares très peu mécanisées. Une main d'oeuvre considérable s'imposait au minimum un UTH (unité de travail homme) et un attelage de boeufs ou chevaux par tranche de 10 hectares.

En ces temps là, les déménagements n'étaient pas choses rares et ce pour diverses raisons. Soit à cause d'incompatibilité entre preneur et bailleur ou bien parce que les enfants avaient grandi et il fallait un peu plus d'espace vital pour que chacun gagnât sa croûte. D'autres pauvres bougres, on ne savait trop pourquoi, roulaient leur bosse tous les ans, cherchant fortune d'un lieu à l'autre et c'était aussi néfaste pour les familles concernées que pour les terres qui faisaient l'objet d'un minimum de soins et s'appauvrissaient au fil des changements."

Louis Bruno dessine là un portrait précis des campagnes Lauragais des années 40 et 50 et de la façon de vivre. Dans les prochaines publications issues de ses écrits, on s'intéressera au travail et aux tâches relatives à chaque saison de l'année.

 

Un immense merci à Daniel Bruno - ainsi qu'à Christiane et Jean-François Bruno - pour avoir partagé les écrits passionnants de Louis. Merci à Serge Visentin pour la photo.

Ce post fait partie de la série sur le Lauragais agricole d'autrefois. Vos contributions seront les bienvenues comme rappelé dans ce post-ci : Ecrivons ensemble le Lauragais agricole d'autrefois (cliquer dessus)

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Publié le 4 Février 2023

coll. personnelle, photo d'illustration

coll. personnelle, photo d'illustration

Il y a près de trois ans, Pierre Touja - dit Pépé - m'avait contacté pour me confier son histoire, l'histoire d'une enfance singulière au coeur du Lauragais des années 30 et 40. Elle est jalonnée de journées ensoleillées au bord du Canal du Midi mais aussi d'un accident qui a changé le cours de son destin. Je l'ai mise en mots en espérant lui avoir été fidèle et j'ai le plaisir de vous la proposer à nouveau en deux épisodes, aujourd'hui et la semaine prochaine. Elle mérite d'être redécouverte...

"Je suis né dans le Lauragais des années 30, à Gardouch, alors que mes parents n’étaient encore que de très jeunes adultes. Le vert Canal du Midi y glisse lentement entre les arbres tel un serpent calme. Mes grands-parents y habitaient. 

Mon père, Etienne, pour gagner sa vie et la nôtre, participait à divers travaux saisonniers à la journée : fenaisons, battages, vendanges…  Il louait sa force, ses bras et l’énergie de sa jeunesse dans les bordes alentours alors que la mécanisation, timide, avait décidé de se faire attendre encore un peu. Ma mère, Germaine, faisait des ménages, de l’entretien dans les maisons dont les familles voulaient bien la solliciter. 

Monsieur Robert, l’instituteur du village, un homme très apprécié, leur faisait le cadeau de son amitié bienveillante. Cet homme était membre du conseil d’administration du château de Dabeaux à Aurignac où étaient alors accueillis et scolarisés des enfants qui avaient des difficultés familiales. 

 

L’enfant caché

Il offrit à mes parents l’opportunité inespérée d’avoir du travail pour chacun d’eux : Etienne mon père s’occuperait de la ferme et entretiendrait le château, ma mère Germaine y serait femme de maison, cantinière, lingère… Une condition difficile leur fut cependant imposée, une condition intenable pour de jeunes parents : les enfants ne pourraient les y accompagner. 

Mon très jeune frère fut confié à des amis toulousains provisoirement et moi, du haut de mes trois ans, je devins  l’enfant caché du château. Lorsque nécessaire, dès que les pas du directeur résonnaient dans les couloirs, je me dissimulais sous les grandes marmites de la cuisine, dans les creux du bois que mon père aménageait sur la charrette lorsqu’il rentrait des bûches et mille autres cachettes encore. 

 

Le drame

Un enfant caché n’en reste pas moins un enfant et alors que ma mère était occupée à laver du linge, j’échappai par une journée ensoleillée à sa surveillance et courus dans le pré retrouver mon père qui fauchait. Il était occupé à enlever le foin qui obstruait la bielle de la faucheuse lorsque je m’approchai. Les vaches qui tiraient l’engin eurent un mouvement et le drame se noua dans l’instant : ma jambe gauche fut sectionnée sous le genou.

On me conduisit dans l’urgence à la clinique de Saint Gaudens, le foin jugulait un peu l’hémorragie en faisant une sorte de tampon.

Aujourd’hui avec les progrès de la médecine d’urgence sans doute aurait-on sauvé ma jambe mais on me sauva bien plus ce jour-là puisqu’on me conserva la vie..." 

(à suivre)

 

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Publié le 28 Janvier 2023

Lauragais d'Autrefois (202) : la croustade aux pommes, une recette d'antan

Grâce à Berthe Tissinier qui nous les a partagées, redécouvrons les recettes traditionnelles du Lauragais d'autrefois.

Voici aujourd'hui la croustade aux pommes inspirée de la recette d' Emma Colombies, formidable cuisinière baziégeoise.Avec les pommes du verger, les oeufs et le lait de la ferme, elle était souvent l'invitée pour le dessert des grandes tablées (vendanges, cochon et autres événements de la vie paysanne...)

Il vous faut

  • 200g de beurre
  • 400g de farine
  • 2 jaunes d'oeufs
  • 4 cuillères à soupe d'huile
  • 4 cuillère à soupe de lait
  • 4 cuillères à soupe de sucre
  • 1 pincée de sel
  • (éventuellement : sucre vanillé et rhum)
  • Des pommes

 

Dans un saladier mélangez au fouet le lait, l'huile, le sucre et le sel. Ajoutez ensuite le beurre ramolli. Fouettez encore puis incorporez la farine petit à petit.

Terminez le pétrissage à la main puis laissez la tête homogène reposer deux heures sous un torchon à température ambiante.

Pendant ce temps, pelez les pommes et coupez les en lamelles.

Etirez la pâte divisée en deux morceaux. Recouvrez le fond d'un plat à tarte.

Disposez les morceaux de pommes et rajoutez le sucre vanillé et un peu de rhum.

Recouvrez avec la deuxième partie de la pâte étirée et soudez sur les bords.

Badigeonnez le dessus avec un jaune d'oeuf délayé dans de l'eau.

Mettez à cuire une heure à four chaud.

 

Si vous connaissez d'autres recettes traditionnelles du Lauragais, n'hésitez pas à me les adresser. Nous constituerons une petite collection ensemble au fur et à mesure. Vous pouvez me les adresser à lauragais@lescarnetsdemile.fr . Nous les partagerons dans les posts ici. 

Un immense merci à Berthe Tissinier pour la transmission de la recette.

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Publié le 21 Janvier 2023

Lauragais d'Autrefois (201) : les traditions lauragaises liées au mariage

De son exploration parmi ses formidables souvenirs, Aimé Boyer a encore remonté quelques pépites. Celles du jour sont liées aux traditions du mariage. Découvrons donc la ramada, le calivari et la flambada. Des traditions que tout le monde n'appréciait pas...

La ramada (la jonchée)

Cela consistait, à poser le long de la route de la mariée, de sa maison jusqu'au village, des objets hétéroclites : branches, buissons , paille mais aussi - moins agréable - bouse de vache, fumier de cochon, vieux outils, cadavres d'animaux, de la vaisselle cassée et bien d'autres choses encore..."

A l'origine, la jonchée de fleurs accompagnait le chemin des mariés pour leur faire honneur, ici elle pouvait être faite d'éléments moins agréables parfois déposés par des invités... évités...

Le calivari  (le charivari)

Dans le Lauragais, cette tradition était réservée à une veuve qui allait épouser un célibataire.

Cela consistait à demander une rançon qui généralement était refusée.

A près ce refus, tous les soir à la tombés de la nuit on venait faire du bruit avec des instruments de musique des vieilles casseroles, des pétards...tard dans la nuit. Quelquefois même, la maréchaussée intervenait pour ramener le calme.

le plus souvent ce rituel se terminait le plus souvent par une mounjetado, arrosé de vin pas du meilleur de la cave, mais la mission était accomplie.

Cependant, ce rite laissait le plus souvent des brouilles avec les initiateurs.

En effet, comme le précise Aimé, ce tapage, ce tumulte était le plus souvent réservé aux couples qui brisaient les conventions sociales. Et si le couple refusait de dialoguer, le tintamarre se poursuivait plusieurs soirées durant.

La flambada (la flambée ou les feux de dépit)

Il arrivait qu’à la tombé de la nuit, quand la noce était occupé à la fête, que quelques fagots soient allumés à proximité de la maison. Sans doute quelques copains du marié ou voisins qui n’avaient pas été invités. Généralement les jeunes de la noce allaient alors faire la ronde pour conjurer le sort.

La déception était parfois manifestée de façon visible au coeur de la nuit; Mais il en fallait plus pour impressionner les joyeux noceurs...

Un grand merci à Aimé pour le partage de ses souvenirs.

 

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Publié le 14 Janvier 2023

Lauragais d'Autrefois (200) : les expressions occitanes du quotidien

Petit florilège d'expressions occitanes glanées ici et là. Elles fusaient dans les cours de fermes et surgissent encore parfois au détour d'une conversation.

Es barrat a clau !

C'est fermé à clé

A trapat un còp de luna !

Il a attrapé un coup de lune (se dit pour le coup de soleil)

Vai t'en cagar a la vinha e porta me la clau !

Va t'en ch... à la vigne et porte-moi la clé ! (pour envoyer paître quelqu'un)

A le fòc al plancher

il a le feu au plancher (= il a des pantalons trop courts)

Es qualqu'un !

Il est quelqu'un ! (= il a du caratère)

S'i véser coma una sarda cuèita !

Y voir comme une sardine cuite (= y voir mal)

Es un gasta salsa !

C'est un gâte-sauce (= un trouble-fête, un rabat-joie)

Susar la camisa

Suer la chemise (mouiller la chemise)

Si vous aussi avez des expressions du quotidien, n'hésitez pas à me les adresser. Nous les partagerons ici. Vous pouvez m'écrire à lauragais@lescarnetsdemile.fr 

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Publié le 7 Janvier 2023

Lauragais d'Autrefois (199) : le froid à la métairie (le fred a la borda)

Les hivers lauragais ont parfois été bien rigoureux et on raconte souvent, au coin du feu, le givre aux carreaux de la chambre le matin à la ferme ou ces immenses plumons qui trônaient sur les lits remplis de plume d'oie et d'autres encore.

Aimé Boyer partage aujourd'hui avec nous ses souvenirs de la borde en hiver :

"Je ne me souviens pas d’avoir eu froid, dans la maison 

De la cheminée à la cuisinière à bois

Notre équipement de chauffage principal était la cheminée avec de bonnes bûches noueuses. Elles étaient difficiles à fendre mais tenaient bien la braise. Le bois provenait des arbres de l’exploitation. Ils étaient centenaires et on les tirait du tour des champs qui avaient été plusieurs fois élagués.

Alimenté par ce type de bûches, le foyer gardait bien la chaleur. Il fallait bien sûr laisser une porte entrouverte pour faciliter le tirage.

Bien sûr, en hiver, on restait habillé chaudement dans la maison y compris les chaussures. Les repas commençaient toujours par une assiette de soupe bien chaude mijotée devant le feu dans l’oule et arrosé par ce vin que nous a chanté Jean Ferrat

Après le repas du soir on allait s’asseoir devant le feu et de temps en temps on tournait le dos à la flamme

Il arrivait aussi qu’on aille faire un petit tour dans l’écurie La chaleur moite des animaux nous réconfortait.

Autour des années 50 sont apparues les premières cuisinières à bois d’abord chez les propriétaires car il fallait faire un trou dans le manteau de la cheminé ou vers l’extérieur pour les installer L’inconvénient de ces cusinieres était qu’il fallait du petit bois. Finies les bûches noueuses. 

Pour la chambre des chauffages d’appoint complémentaires

Le caillou : Un galet de Garonne qui restait longtemps dans la braise était enveloppé dans plusieurs couches de tissu. Il pouvait être déplacé facilement pour être placé au point le plus sensible du corps.

Le chauffe lit : c’était un genre de casserole en cuivre fermée et équipée d’un long manche avec quelques trous sur le dessus. On le remplissait de braise et on l’installait dans le lit avant de se coucher 

Le moine :  c’était un appareil qui avait une forme particulière que je ne saurais décrire ici. On pendait une casserole remplie de braises en haut de cette structure en bois. On le posait dans le lit, on attendait demi-heure au moins avant d’aller au lit.

Dans les chambres occupées par les enfants ou les personnes âgés, on plaçait parfois un chaudron au milieu de la pièce

Pour les pieds, un chauffe pieds (calfo pèds) appareil acheté dans le commerce, un récipient en fer ou fonte avec quatre petits pieds et un couvercle, rempli de braise afin de pouvoir poser les pieds dessus.

Sans oublier des mitaines pour les mains et les bas de laine tricotés au coin du feu l’hiver."

 

Si vous aussi avez des souvenirs des hivers lauragais, n'hésitez pas à me les adresser. Nous les partagerons ici. Vous pouvez m'écrire à lauragais@lescarnetsdemile.fr 

Merci à Aimé Boyer pour son témoignage et à Berthe Tissinier pour la photo.

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Publié le 17 Décembre 2022

Lauragais d'Autrefois (198) : les dictons de Noël

L'hiver est à nos portes, Noël n'est plus très loin. Voici quelques dictons de saisons.

Information préalable : amis lecteurs, vous retrouverez ici dans quelques jours, comme l'année dernière, un conte de Noël lauragais intitulé "un Noël de sorcière" (Un Nadal de Bruèissa). Surveillez les publications pour retrouver cette histoire aux parfums d'autrefois...

  • Quand Nadal se solelha, Pascas crama la lenha

Quand Noël est ensoleillé, Pâques brûle le bois

  • Per Nadal, les jorns creissan d'un pas de gal

Pour Noël, les jours s'allongent d'un pas de coq

  • Plèja per Nadal, solelh pels Rampalms 

Pluie à Noël, soleil aux Rameaux

  • Per Nadal, cajun dins son ostal

Pour Noël, chacun dans sa maison (dans sa famille)

  • L’ivèrn es pas bastard s'arriba pas d'ora arriba tard.

L'hiver n’est pas bâtard, s'il n'arrive pas de bonne heure, il arrive tard.

  • Quand les corbasses son a l'ensús, l'ivèrn nos tomba dessus ; quand les corbasses son a l'enbàs, l'ivèrn es passat

Quand les corbeaux volent haut, l'hiver nous tombent dessus, quand les corbeaux volent bas, l'hiver est fini

Envoi de Guy Serres

  • Tal jorn Nadal tal jorn Cap de l'an.

Le jour de Noël est le même que celui du Jour de l'An

Si vous connaissez d'autres dictons, expressions ou proverbes sur cette période de l'année, n'hésitez pas à me les adresser. Nous complèterons la petite collection de ce post ensemble au fur et à mesure. Vous pouvez m'écrire à lauragais@lescarnetsdemile.fr 

Merci à Berthe Tissinier pour la photo.

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Publié le 10 Décembre 2022

coll.J.Nardese

coll.J.Nardese

Après ce post passant en revue quelques occasions de rencontres (voir ici), les photos partagées par Berthe nous ont rappelé les fêtes locales d'antan (voir là). Aujourd'hui voici les souvenirs d'Aimé concernant les journées de fêtes locales et patronales lorsqu'elles ont repris après la 2nde Guerre mondiale :

 

"Après la guerre, les bals des fêtes patronales qui s'étaient interrompus dans chaque village du Lauragais ont repris. Nos aînés qui avaient été privés de ce plaisir simple en étaient heureux. 

 

Des pistes de danse herbeuses

Les pistes de danse étaient parfois précaires : souvent dans l’herbe. Quelques fois  cependant les balochants (genre de comité de fêtes) avaient enlevé l’herbe comme on faisait pour battre les fèves avec le rouleau en bois. 

Inconvénients majeurs : s’il pleuvait, c’était la boue, s’il faisait sec, c’était la poussière. Peu importe : avec un orchestre de quatre ou cinq musiciens, ces inconvénients ne décourageaient pas les jeunes de l’époque. Il faut dire que c’était une occasion de rencontres qui se terminait parfois par un mariage.

Chacun espérait  y trouver l’âme sœur ou l'esprit frère. 

Lors des fêtes patronales , il  y avait une messe suivie par les croyants et d’autres moins croyants par esprit de partage. S'ensuivait un recueillement au monument aux morts de la commune.

 

Un repas de fête, des invitations

Pour l'occasion, on avait invité les parents qui habitaient dans les communes voisines. Un bon repas festif était partagé : on y servait soupe de poule farcie,  fois gras.  La poule découpée se mangeait avec une pointe de moutarde, le filet de bœuf avec de la sauce madère, le tout ccompagné du vin de la ferme, en dessert la crème à la louche accompagnée de sa madeleine faite maison, cuite au four de campagne. On l'agrémentait parfois d’un petit vin blanc acheté à l’épicerie du village. Le café, lui était plus rare et on n'tait pas bien riche. Une petite prune s'ensuivait.. La discussion animée et joyeuse tournait autour de la famille, des évènements incontournables, on parlait un peu de politique. Tout cela dans un esprit bon enfant.

Chacun repartait, avec la promesse de se revoir bientôt. 

 

Des bals l'après-midi et en soirée

Les plus jeunes allaient au bal de l’après midi. Le soir le bal reprenait, les anciens accompagnaient alors les jeunes et particulièrement les jeunes filles. On y dansait la polka ou encore le quadrille, 

Dans les villages les plus grands,  il y avait deux ou trois jours de fêtes. Et des Manèges, Des stands de tir, à la carabine etc…  

D’autres organisaient des jeux collectifs Quelques communes organisaient des bals le 14 Juillet, d’autres le 11 Novembre."

 

 

Merci à Berthe Tissinier et Aimé Boyer

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Publié le 3 Décembre 2022

archives personnelles

archives personnelles

Aimé Boyer m'a fait parvenir ce témoignage, celui de sa naissance telle qu'on la lui a racontée :

"Je suis né l’année où Hitler a pris le pouvoir en Allemagne, en 1933.

On m’a dit que ce jour-là, il y avait beaucoup de neige. Il n’y avait pas de téléphone et moi j’ai décidé qu’il fallait aller voir. Mon père est allé chercher le voisin, A.B., faire appel aux voisins c’était fréquent et incontournable en ce temps-là.

Un long chemin enneigé et semé d'embûches pour prévenir le médecin

A. B après avoir salué ma mère et vu la situation, est parti à Caraman à 12 km pendant que son épouse est restée, prête à devenir en sage femme.                                                         

Le trajet ne fut pas simple. Il a pris le vélo mais au bout de quelques kilomètres, il l'a jeté dans le fossé et a continué à pied car il y avait vraiment trop de neige.

En outre, il n’y avait pas de chemin pour aller jusqu'à la route. Pour la rejoindre, ils y allaient en sabots, changeaient de chaussures, et cachaient les sabots sous un buisson, une racine d’arbre. Malgré ces précautions, quelques farceurs déplaçaient parfois les sabots, il fallait rentrer pieds nus.

Il n’y avait pas non plus de pont pour traverser le ruisseau, les attelages passaient à gué ; il fallait attendre que l’étiage soit modéré. Pour traverser à pied il y avait une passerelle, un arbre couché en travers du ruisseau, équarri à la hache, une branche d’acacia, ou autre bois, bricolé en guise de parapet ou bien, dernière solution, il fallait faire un grand détour.

Pendant tout ce temps, mon père alimentait le feu pour que la maison soit chaude quand l’enfant arriverait. On ne savait pas le sexe du nouveau venu. Il portait aussi de temps à autre de la braise dans un chaudron dans la chambre, il n’y avait pas le chauffage central. Le feu était alimenté par de grosses bûches ou arbres fendus avec les coins et la masse et bien-sûr du petit bois. Le feu tenait une grande place dans les maisons surtout en agriculture pour avoir l’hiver de l’eau chaude et faire cuire toute la nourriture.

Notre brave voisin, après un long trajet compliqué, est enfin arrivé chez le docteur qui n’était pas là ; il était route de Saint Anatoly pour aider à la naissance de N., qui est devenu plus tard mon copain de classe et de jeunesse.

Après, sans doute un remontant, en l’honneur du nouveau venu, ils ont repris la route via Caraman et se sont arrêtés au cabinet du docteur pour refaire la trousse de matériel médical stérile.  

Et tous ces événements se sont passés au petit matin. Je n’ai jamais su, comment ils étaient venus à pied ou à cheval. Ma mère assistée par la voisine, se faisait beaucoup de souci et commençait à trouver le temps long.

Un enfant est né 

Enfin ils sont arrivés, et le docteur s’est occupé tout de suite de ma mère, et de moi. Je me garderai de détailler tous les gestes qui suivent une naissance, juste vous dire q’on m’a enveloppé dans des langes en tissu que mon père avait pris soin de réchauffer, pendus au dossier d’une chaisedevant le feu.

Je suis né pauvre, dans une chambre sans chauffage, et sans lumière.

Le bon docteur et notre dévoué voisin n’avaient pas déjeuné quand tout a été terminé et moi endormi. Vers dix heures, mon père a fait réchauffer une soupe de pain tranché en fines lamelles tirées de la marque de deux kilos, sans doute du boudin, saucisse car en décembre on avait souvent rangé le cochon.

Et pendu au plafond, ceci raconté par le docteur plus tard, quand j’allais à l’école : une pleine grille de moineaux ; mon père n’était pas braconnier mais l’hiver, comme l’a chanté Jean Ferrat, « la caille et le perdreau, et la tomme de chèvre…  En dessert sans doute des noix, amandes, noisettes et l’incontournable confiture maison, du vin tiré de la barrique du fond de la cave.

Pour l’occasion, mon père a ouvert une bouteille de prune de l’année, histoire de goûter. Il n’y avait pas de café.

La longue histoire de la bouteille 

Cette bouteille a une longue histoire : il l'a rouverte pour mon baptême en famille et aussi pour ma communion solennelle, j’y ai alors eu droit avec un sucre. Et quand les parents de mon épouse sont venus pour la première fois, il y avait projet de mariage, avec de généreuses explications du parcours de cette bouteille. J’ai pu en boire à mon tour mais j’étais alors un homme."

​​​​​​​

Mes sincères remerciements à Aimé pour ce témoignage

 

Ce post fait partie de la série sur le Lauragais agricole d'autrefois. Vos contributions seront les bienvenues comme rappelé dans ce post-ci : Ecrivons ensemble le Lauragais agricole d'autrefois (cliquer dessus)

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Publié le 26 Novembre 2022

Lauragais d'Autrefois (195) : les dictons occitans du bestiaire

Quoi de mieux que de convoquer nos amis les animaux pour souligner un trait de caractère, un travers ou une qualité chez nos congénères... La langue française ne Genest pas privée mais l'occitan non plus. En voici quelques exemples :

Una loba fa pas d'anhèls

Une louve ne fait pas d'agneaux

 

Les pòrcs s'engraissan pas amb d'aiga clara

Les porcs ne s'engraissent pas avec de l'eau claire.

 

urós coma un buòu a la grúpia

Heureux comme un boeuf à la mangeoire.

 

es pas totjorn la pola que canta qu'a fait l'uòu

Ce n'est pas toujours la poule qui chante qui a fait l'oeuf

 

Fat coma una feda que se confessa al lop

Fou comme une brebis qui se confesse à un loup

 

 S'i entendre coma un pòrc a ratar

S'y entendre (s'y connaître) comme un porc à chasser les rats

 

Variante :  S'i entendre coma un pòrc a far la ruscada

S'y entendre comme porc à faire la lessive

 

 

Si vous connaissez d'autres dictons ou proverbes sur les animaux qui étaient usités en Lauragais, n'hésitez pas à me les adresser. Nous complèterons ce post ensemble au fur et à mesure. Vous pouvez m'écrire à lauragais@lescarnetsdemile.fr 

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Publié le 19 Novembre 2022

Lauragais d'Autrefois (194) : la soupe à l'ail d'antan

Grâce à Berthe Tissinier, nous avons redécouvert il y a quelques semaines les farinettes (voir ici), ce dessert traditionnel qui a accompagné notre enfance. Grâce aux recettes d'Emma Colombiès, cuisinière si talentueuse qui a régalé les enfants des écoles autrefois à Baziège, Berthe nous permet de redécouvrir aujourd'hui la traditionnelle soupe à l'ail qu'on préparait souvent dans nos campagnes.

Pour la préparer il vous faut : 

  • du pain rassis
  • une bonne poignée d'ail
  • un gros oignon
  • un oeuf
  • sel,poivre
  • vinaigre
  • 1,5l d'eau

Dans un faitout, mettez l'eau à bouillir. Ajoutez l'oignon découpé en tranches fines, l'ail, le sel et le poivre et laissez cuire une heure.

Cassez l'oeuf, séparez le blanc du jaune. Mettez le blanc à cuire dans le bouillon. Dans un bol ajoutez une pointe de vinaigre au jaune et mélangez. Au dernier moment, versez dans le bouillon.

Versez le bouillon dans une soupière sur le pain que vous aurez découpé en fines tranches et servez.

Et puis... laissez vous envelopper par ces saveurs d'antan... simples et réconfortantes.

Si vous connaissez d'autres recettes traditionnelles du Lauragais, n'hésitez  pas à me les adresser. Nous constituerons une petite collection ensemble au fur et à mesure. Vous pouvez me les adresser à lauragais@lescarnetsdemile.fr . Nous les partagerons dans les posts ici. 

Un immense merci à Berte Tissinier pour la transmission de la recette.

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Publié le 12 Novembre 2022

Photo partagée par Serge Arnaud

Photo partagée par Serge Arnaud

Louis Bruno dont nous avons déjà présenté les souvenirs ici fait une parenthèse intéressante dans ses écrits concernant le rôle important des foires et marchés dans la vie rurale d'antan.

Il écrit :

"En toutes saisons, sauf empêchement majeur, la semaine de labeur était ponctuée par un marché ou faire aux villages chefs-lieux de canton, les hommes, chefs de famille y traitaient les affaires courantes, transactions de bestiaux de tout âge, périodiquement chevaux et poulains, marché aux grains de toutes sortes."

Aimé Boyer se souvient :

" La négociation finale se concluait souvent au bistrot, l'argent sur la table, l'été devant un Picon citron, l'hiver un punch, plus rarement un Pernod, je parle là des grosses transactions : animaux, grains...

Pour la volaille, ça se passait  au pied du camion après chargement. Auparavant un bon avait été délivré par le volailler."

Louis Bruno écrit :

"Quant aux fermières, elles apportaient oeufs, volailles et lapins quelles tâchaient de vendre en premier lieu puis elles faisaient les provisions pour la semaine garnissant plus ou moins bien leurs paniers dans la mesure où leurs ventes s'étaient avérées rémunératrices sachant que bien souvent elles étaient parties de la ferme sans le sou."

On y achetait bien souvent ce qu'on ne pouvait pas produire à la ferme : huile, sel, café sucre et quelques produits de consommation courante. Pour ce qui est de l'élevage et du potager, on y avait rarement recours lorsqu'on habitait une métairie.

L'architecture et la toponymie de nos villes et villages du Lauragais témoignent encore de l'importance de ces foires et marchés on y voit souvent des foirails, halles, appelées parfois d'un dénomination précise comme la halle au salé, halle au grain mais aussi les places de la volaille qui se sont substituées aux noms originels de ces places.

Le marché est alors un lieu de socialisation très important dans les campagnes d'antan où les occasions de se rencontrer ne sont pas si fréquentes en dehors des grands événements de la vie de travail comme les battages, les vendanges, le cochon qui réunissent plusieurs travailleurs. 

Un immense merci à Daniel Bruno - ainsi qu'à Christiane et Jean-François Bruno - pour avoir partagé les écrits passionnants de Louis. Merci à Aimé Boyer pour son témoignage.

Merci à Serge  pour les photo transmises.

Si vous avez des souvenirs des foires et marchés du Lauragais, n'hésitez pas à me les adresser. Nous les publierons ici. Vous pouvez m'écrire à lauragais@lescarnetsdemile.fr 

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Lauragais d'Autrefois (193) : souvenirs des foires et marchés

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