Lauragais d'Autrefois (108) : transvaser le vin (trescolar)

Publié le 20 Décembre 2020

Lauragais d'Autrefois (108) : transvaser le vin (trescolar)

L'opération de transvasement du vin avait lieu une à deux fois par an dans les métairies et les fermes qui possédaient une vigne (toutes ou presque à l'époque qui nous intéresse). Cette opération est le soutirage . Le vin est ainsi débarrassé de ses résidus de fermentation. On disait transvasar ou trescolar en occitan. Aimé Boyer se souvient de la façon dont cela se déroulait : 

"Toutes les barriques étaient  posées côte à côte, calées sans se toucher, sur un échafaudage le long du mur de nos petites caves. Cet échafaudage était fait avec des tronc d’arbres, généralement du peuplier, bois facile à travailler Au châteaux les barriques étaient disposées sur plusieurs rangées et fabriquées par un professionnel On appelait ce support le tindon ou tindol.

La hauteur calculée permettait à une comporte de passer sous la tête avant de la barrique, côté robinet  Le transvasement se réalisait aux moins deux fois l’an et parfois plus. On portait une attention particulière à celui du printemps. On disait que quand la vigne bourgeonnait, il se produisait un effet sur le vin tout comme la farine réagirait quand le blé fleurit, ce qui ennuierait le boulanger.

Après avoir vérifié la lune et si le vent d’autan n’allait pas, jouer quelques tous, on avait donc préparé quelques jours avant les barriques vides mises à tindon. On les avait au préalable lavées. Mais là, il y avait deux écoles : ceux qui ne lavaient pas sous prétexte de détruire le tanin du bois, Alors que d’autres lavaient systématiquement. comme je le faisais. Avais-je raison ?

Pour transvaser, on posait dons une comporte sous la barrique à vider, on posait un robinet dans le troue prévu pour cette manœuvre, avec le marteau,  en tapant sur le robinet on faisait reculer le bouchon de liège dans la barrique ?

Il n’y avait plus qu’à ouvrir le robinet, mais auparavant on avait vérifié l’état de la barrique receveuse : parfum, étanchéité... On installait alors l'enfonilhun grand entonnoir équipé de quatre pieds qui se posait à cheval sur la barrique.

 Le tuyau verseur introduit dans la bonde, avec un seau ou un décalitre, on puisait dans la comporte, et on vidait dans l’enfonilh ça sentait bon mais avant le premier seau, on avait pris soin de « goûter » le produit.

Il fallait aussi avoir réglé le débit du robinet, il ne fallait surtout pas le fermer et éviter de provoquer un remous qui aurait mélangé la lie avec le vin, ce qui aurait été une catastrophe.

Quand justement cette lie - ce « film naturel posé sur le vin comme une toile d’araignée, qui protégeait le contenu de maladies, ou aérations du vin" -  commençait à couler on arrêtait de transvaser, on réservait cette mixture dans une autre comporte dans laquelle on rajoutait les autres fonds de barriques on laissait reposer ! Et  après un filtrage, on consommait, ça n'avait évidemment rien à voir avec un grand millésime 

Mais cela valait le vin fait avec des pruneaux quand les années de vendanges avait échoué.

Voila une matinée bien occupée ! Au château, même mouvement, là encore quelques métayers allaient aider."

Mes remerciements à Aimé Boyer pour le partage de ses souvenirs.

Ce post fait partie de la série sur le Lauragais agricole d'autrefois. Vos contributions seront les bienvenues comme rappelé dans ce post-ci : Ecrivons ensemble le Lauragais agricole d'autrefois (cliquer dessus)

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Rédigé par Emile

Publié dans #Lauragais agricole d'autrefois

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