Lauragais d'Autrefois (152) : le puits de la métairie

Publié le 9 Décembre 2021

Photo Laure Pagès

Photo Laure Pagès

Avant l'arrivée de l'eau courante dans les fermes, la corvée du précieux liquide était un élément important de l'emploi du temps des familles. Aimé Boyer m'a confié ses souvenirs à ce sujet :

"Mes parents habitaient dans une ferme où il y avait un puits avec une pompe à piston. Ce puits n’avait pas de source. Il était alimenté par l’eau de la toiture, ce qui était déjà un grand progrès dans les années 1940.

Mais ce puit avait un grand défaut : mes parents avait des nombreux pigeons élevage - courant dans les fermes du Lauragais - qui vivaient la plupart du temps sur le toit. Aussi, quand il pleuvait, les fientes était entraînées dans le puit, ce qui rendait l’eau imbuvable et même dangereuse. Bien sûr, cela faisait l’affaire pour arroser le jardin en tant que fumure liquide. Mais même les vaches rechignaient à boire ce breuvage.

Il servait aussi de lieu de conservation, au frais. Un jeudi ma mère avait acheté la viande pour vendanger le lendemain. Elle avait descendu comme d’habitude cette viande dans le puit dans un panier pendu à une corde. Mais dans la nuit, un violent orage a inondé le panier.  J’ai vu ma mère pleurer, je crois qu’elle s’est quand-même arrangée pour la cuisiner.

Notre ferme, positionnée sur un méplat, avait un autre puits à niveau constant. Bien-sûr cette eau était agréable mais de quantité limitée. Il fallait attendre pour le remplissage de l’auge, ce qui posait pas mal de problèmes l’été pour faire boire les bêtes. Il fallait aussi alimenter la bassecour, même si c’était une petite ferme et il y avait beaucoup de becs à désaltérer.

Ce méplat formait comme une petite vallée sur laquelle il y avait un pré et donc un endroit avec de nombreux joncs qui laissaient deviner un point humide. Mon père avait creusé un trou, où on arrivait en puisant avec un seau, à remplir une comporte. Cela subvenait aux besoins de la borde où il n’y avait pas bien évidemment pas de douche.

Durant l’été 1943 – ou 1945, je ne me souviens plus - est arrivée une grande sécheresse. Cette situation a obligé mes parents à aller chercher de l’eau et à emmener les vaches deux fois par jour à une fontaine à niveau constant. Elle se situait à un kilomètre environ. C’était une fontaine publique à Albiac, ouverte à tous, lavage du linge compris. Il arrivait souvent que les troupeaux se mélangent, c’était assez compliqué.  Les vaches ne voulaient pas boire quand du linge avait étés rincé, c’était très compliqué.

Dans cet environnement il y avait également un puits bouché. Les agriculteurs ont décidé de le curer puis d’y installer une pompe à chapelet. Je crois que la municipalité a participé aux frais, ce qui permettait d’isoler le rinçage du linge.

Chaque fois que nous allions faire boire les bêtes ou chercher de l’eau avec la charrette nous prenions une musette avec des bouteilles pour ramener de l’eau propre pour boire !  On appelait ce lieu la fontaine.

J’y accompagnais souvent mes parents, j’étais en charge de tenir rassemblé notre petit troupeau.

Avec les allers et retours, il fallait faire 4 kilomètres par jour, c’était très compliqué malgré les échanges conviviaux avec les autres éleveurs de la commune. 

Avec notre équipement, nous arrivions à économiser un déplacement par jour. Ce qui n’était pas rien.

Enfin, mon père a négocié avec le propriétaire de notre champ de pouvoir construire un puit à l’endroit des petits trous qu’il avait creusés dans le pré. Un accord verbal a été conclu : le propriétaire fournirait le matériel pour construire ce puits, mon père assurerait le creusage avec l’aide des voisins qui pourraient eux-aussi utiliser ce puits en période de sècheresse."

Un grand merci à Aimé Boyer pour sa passionnante contribution et à Laure Pagès pour la photo

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Rédigé par Emile

Publié dans #Lauragais agricole d'autrefois

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